«La quatrième saison, c'est toujours la plus compliquée»

Il ne s’en est pas fallu de grand-chose pour que Jorat-Mézières réussisse un gros coup à Aigle, face à la « II », renforcée, il est vrai, par quelques éléments de la première équipe. Un brin de réussite, un peu plus de qualité dans le dernier geste, de la communication, aussi, parfois… Un peu de tout ça a manqué vendredi soir, comme souvent cette saison. Le FCJM se ménage des occasions, mais marque peu, sait se montrer solide défensivement, mais finit toujours par encaisser. Tel est le quotidien réservé à la troupe de Pierre-Alain Bruelhart qui, malgré des qualités évidentes, ne parvient pas à se sortir de la zone dangereuse et devra, vraisemblablement, batailler jusqu’à la fin pour le maintien. L’entraîneur neuchâtelois a, d’ailleurs, gentiment accepté de répondre à nos questions à l’heure où ses joueurs partaient refaire le match à la buvette.
À voir, vos hommes n’ont jamais trop de peine à se remettre d’une défaite, on se trompe?
Non, pour ça, ils sont formidables. Même après la défaite à Crissier et ce but encaissé à la 92e, tout le monde s’est retrouvé autour d’une bière après la douche. Ce sont des bons gars de village.

Pourtant, ces deux déconvenues font mal, non?

Très mal, même. Aujourd’hui, on se crée quatre immenses chances en fin de première mi-temps et on prend l’ouverture du score sur une mésentente stupide. À Crissier, on n’a pas été aussi dangereux, mais on encaisse dans les dernières secondes sur un ballon qui rebondit par-dessus le pied de mon défenseur. Disons, clairement, que les choses ne tournent pas en notre faveur actuellement.
Qu’est-ce que vous dites à vos joueurs dans ces cas-là?
Qu’on doit simplement travailler encore plus fort. Comment est-ce que je pourrais les engueuler après ça? Sur le terrain, ils donnent tout, ce n’est pas un manque d’envie qui nous pénalise.
Le problème vient d’où?
Il vient du fait qu’on ne parvient pas à faire tourner un match en notre faveur. On est très loin d’être les meilleurs techniquement, on est loin d’être bon, même. Ce soir, si on possède juste un tout petit peu plus de qualités dans nos pieds, on en marque deux, au moins, avant le thé, et on s’offre une toute autre fin de partie. Mais, soyons honnête, on n’a pas non plus la réussite qu’on mériterait au vu des efforts qu’on fournit.
Est-ce qu’il manque un vrai buteur à Jorat-Mézières depuis le départ de Bajram Shabani?
Alison Mwenza et Joss Duvoisin, nos deux attaquants actuels, sont plein de qualités, mais c’est vrai qu’ils ne sont pas encore décisifs. L’avantage qu’on avait avec Bajram, même s’il scorait moins sur la fin, c’est qu’il était capable de conserver les ballons devant, ce qui nous manque cruellement à l’heure actuelle.
C’est donc un « oui »?
Non, car ce buteur, aujourd’hui, on l’a!
Ah bon?
Federico Golzio, il a évolué en D4 italienne. Un gars capable d’accélérer, de faire la différence, d’enrouler des balles à vingt mètres… Il n’était pas là ce soir, contre Aigle. C’est un peu son problème, d’ailleurs.
C’est-à-dire?
Il part en Italie un week-end sur deux. Vous comprenez bien ce que cela implique…
Que vous acceptiez, lorsqu’il est là, qu’il prenne la place d’autres qui se donnent deux fois plus?
Exactement! Et, là encore, on est tellement gentil que ça ne pose de problèmes à personne. On m’aurait fait ça à l’époque où je jouais, je serais devenu fou! À Jorat-Mézières, c’est normal, on accueille la nouvelle avec le sourire.
Dans votre situation, est-ce que vous avez vraiment encore le choix?
Non, justement, c’est ce qui motive ma décision de le faire jouer lorsqu’il est disponible. Mis à part qu’il n’est pas fan du jeu dur, il est bon, vraiment. Avec onze points et douze buts inscrits en quatorze rencontres, on se doit de réagir. C’est une solution dont on ne peut se passer.

Le temps où vous remportiez vos deux premières confrontations de la saison semble loin…

Oui, et je ne sais même pas si ces deux victoires valaient vraiment la peine, puisqu’on avait perdu six joueurs sur blessure en tout… Enfin, j’ai toujours su que cet exercice serait difficile.
Comment ça?
Je vis ma quatrième saison comme coach ici. La quatrième saison, c’est toujours la plus compliquée, et je parle d’expérience, cela fait 37 ans que j’entraîne.
Expliquez-nous?
On dit souvent qu’après trois ans, il faudrait changer la moitié de l’effectif si on voulait continuer à être compétitif. En arrivant dans une équipe, j’instaure toujours une séparation bien marquée avec mes joueurs. Les deux premières années, cela ne pose pas de problèmes, tout le monde la respecte. Au bout de la troisième saison, on commence à bien se connaître. On est parfois un peu plus négligent qu’au départ.
On a entendu que vous vouvoyiez vos joueurs, c’est vrai?
À la base, c’est le cas, oui. Mais justement, après quatre ans, c’est difficile de maintenir ça. Certains joueurs côtoyés la première année et partis quelque temps dans une autre équipe sont de retour, alors on leur ouvre le tutoiement. Et, forcément, on ne fait pas de différences au sein de l’équipe, alors tout le monde s’y met.
Cela vous dérange?
Ce qui me dérange, c’est que mes gars se donnent, même inconsciemment, un tout petit peu moins sur le terrain. S’ils doivent m’annoncer qu’ils ne seront pas là pour un entraînement, ils vont le faire sans éprouver les remords qu’ils auraient pu avoir il y a trois ans. Et ça, aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est le détail qu’il nous manque pour que la roue tourne.

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