Ces filles sont en train d’écrire l’histoire

Il reste une minute à jouer lorsque Martina Voss-Tecklenburg se retourne vers les spectateurs et les exhorte à encourager leur équipe nationale. Ceux-ci ne se font pas prier et applaudissent des filles qui ont amplement mérité l’ovation venue des tribunes de Colovray. 1350 personnes se sont déplacées jeudi soir à Nyon et aucune n’a regretté sa soirée: la Suisse est plus proche que jamais de disputer une Coupe du Monde. Jamais, dans l’histoire du football helvétique, l’équipe féminine A n’avait eu pareil honneur, mais là, il deviendrait carrément difficile de ne pas se qualifier. Avec 32 buts marqués et un seul encaissé, mais surtout six victoires et un nul, les sept premiers matches ont été négociés quasiment à la perfection. Le 2e, l’Islande, a été battu tant à l’extérieur qu’à la maison, et cette fois, on peut le dire: la Suisse sera au Canada en 2015.

Cinq points en trois matches: largement faisable

Le premier du groupe est en effet qualifié d’office. La situation aujourd’hui? La Suisse compte 19 points en 7 matches, et l’Islande 9 en 5 parties. Les calculs sont vite faits: si la sélection islandaise gagne tous ses matches, elle atteindra 24 points. Les Suissesses doivent donc en faire 5 lors des trois dernières parties. Le calendrier? Suisse-Israël (victoire 0-5 à l’aller), Serbie-Suisse (victoire 9-0 à l’aller) et Malte-Suisse (victoire 11-0 à l’aller). Franchement, ne pas remporter cinq points sur ces trois parties serait une contre-performance tellement énorme que l’on ne peut pas l’imaginer. Le site officiel www.football.ch estime même que la Nati est « qualifiée à 99% » ! Une belle confiance, mais que l’on comprend et partage aisément. Oui, cette équipe est en train d’écrire l’histoire.

Lara Dickenmann, quelle vedette!

Jeudi, une joueurs a illuminé Colovray de sa classe, et ce n’est pas une surprise. Son nom? Lara Dickenmann, bien sûr. Impliquée sur le premier but de Vanessa Bernauer, passeuse décisive géniale sur le 2-0 de Vanessa Bürki et auteure du 3-0, l’attaquante de l’Olympique Lyonnais a été étincelante. Chacune de ses prises de balles, toutes ses accélérations et l’ensemble de ses passes sont de grande qualité. Oui, cette joueuse-là a quelque chose de spécial, et une confiance en elle qui peut passer pour de l’arrogance, mais n’est, finalement, que la certitude d’être la leader de cette équipe.

Elle le sait, elle l’assume: tout le monde la regarde, tout le monde l’attend et elle répond présent. Il faut une sacrée force de caractère, mais la voir poser gentiment avec tous les enfants après le match, s’arrêter pour répondre aux médias, aller saluer sa famille et tous les amis de celle-ci qui veulent tous un mot de sa part ou un « selfie » et répondre à tout le monde gentiment nous donne l’image d’une fille bien sa peau, qui est une vedette à son niveau mais a l’intelligence de ne pas parler constamment d’elle. Toujours, elle parle du groupe, du collectif et n’oublie jamais de féliciter ses coéquipières. Une championne.

Une Islande trop limitée? Une Suisse trop forte, surtout

Lara Dickenmann a aimanté tous les regards, mais ses coéquipières ont également mérité les applaudissements d’un public conquis par ces filles un peu spéciales. Face à une équipe d’Islande venue pour défendre, les Suissesses ont mis 22 minutes à trouver la faille, avec un peu de réussite, mais n’ont jamais été inquiétées. L’Islande était trop limitée? La Suisse était trop forte, surtout. On a tout aimé dans cette formation: la volonté d’aller toujours de l’avant, la qualité technique, la discipline, l’intransigeance défensive et, bien sûr, les prestations individuelles. Et là, bien sûr, on en revient à Lara Dickenmann, le joyau de la croix blanche. Comment parler du Real Madrid sans parler de Cristiano Ronaldo? La Lucernoise est tellement au-dessus de tout le monde qu’il serait faux de vouloir minimiser ses mérites.

Oui, la Suisse est un collectif solide. Oui, l’ancienne Yverdonnoise Caroline Abbé dirige la défense avec un brassard de capitaine qui lui va bien. Oui, il y a du talent partout. Mais celle qui fait la différence, c’est Lara. Sa place est en Coupe du Monde, c’est une certitude. Celle de l’équipe de Suisse aussi.

Elles ont dit à footvaud.ch

Lara Dickenmann: C’est un grand pas, un pas important, mais rien n’est fait. Il nous reste trois matches, et je ne veux surtout pas me montrer trop euphorique ce soir. Sincèrement, le Canada, je n’y pense pas encore. Il faut d’abord penser à se qualifier et on aura tout le temps de bien se préparer pour y aller, si nous avons ce bonheur-là. Jouer ici à Nyon, ça nous fait toujours plaisir. On aime bien venir ici, d’ailleurs on gagne tout le temps (rires). Dans le groupe, on s’entend très bien, il y a vraiment un bon esprit d’équipe et je me sens bien. J’espère que cela se voit sur le terrain, parce que c’est la vérité. Les résultats jouent un grand rôle, c’est vrai, mais on est vraiment soudées, peut-être comme on ne l’a jamais été. Sur un plan personnel, je me sens bien. Je suis fatiguée parce que j’ai beaucoup donné ce soir, mais ça, c’est habituel (rires).

Caroline Abbé: « On n’y est pas encore, mais on a clairement fait le plus dur. Il nous reste Israël à la maison, un match que l’on veut absolument gagner pour aller tranquillement en Serbie. Là-bas, ça peut être compliqué, donc autant faire le nécessaire avant, à Wohlen. Ce soir, on a fait ce qu’il fallait, face à une formation qui a eu de la peine à se montrer dangereuse. Et on a les filles qui font la différence devant… On attendait du monde, et le public est venu. Comme je dis toujours, j’espère que ça va donner envie aux responsables de l’équipe Suisse de venir encore plus souvent. Il y a eu une belle ambiance ce soir, c’était génial. Ma signature au Bayern Munich? J’en suis très satisfaite, et j’ai envie de progresser, d’aller toujours plus haut, que ce soit avec l’équipe nationale ou maintenant avec le Bayern. Rejoindre ce grand club va m’y aider, j’en suis persuadée, et cela va m’aider à arriver en pleine forme au Canada, parce que je suis convaincue que nous allons nous y rendre. Sincèrement, je pense qu’on a la meilleure équipe de l’histoire du football suisse. On n’a jamais été aussi fortes. En être capitaine, c’est une immense fierté. »

Martina Voss-Tecklenburg: « Caroline a dit que nous étions la meilleure équipe de l’histoire du football suisse? Je ne sais pas, je ne suis là que depuis deux ans (rires). Ce qui est sûr, c’est que nous travaillons pour être de plus en plus fortes et que nous n’irons pas à la Coupe du Monde pour faire de la figuration. On ne veut pas seulement y aller, on veut jouer un rôle important là-bas. Si on fait quelque chose au Canada, là, on aura mérité le titre de meilleure équipe de l’histoire, mais pour l’instant, nous ne sommes pas encore qualifiées. On veut gagner nos trois derniers matches, ça c’est sûr. Ce soir, il y avait l’art et la manière. Je suis très fière de mes joueuses. Si je parle français? Non, pas un mot (rires). Alors pourquoi j’ai nommé une capitaine romande? Mais parce qu’elle joue en Bundesliga! J’ai dit à Caro: si tu veux le brassard, tu dois jouer en Allemagne. Non, je rigole, n’écrivez surtout pas ça (rires). Excusez-moi, mais ce soir, c’est l’euphorie, c’est une très belle soirée.

Les prochains rendez-vous

Suisse-Israël, le 14 juin. Ensuite? Deux matches à l’extérieur, en Serbie et à Malte, et le tour de qualification sera terminé.

Le plan-fixe

Suisse – Islande 3-0 (1-0)
Buts: 22e Bernauer 1-0; 69e Bürki 2-0; 80e Dickenmann 3-0.
Arbitres: M. Monzul (Ukraine)
Suisse: Thalmann; Humm (83e Kuster), Abbé, Kiwic, Maritz; Bürki (85e Bangerter), Bernauer (76e Moser), Wälti, Crnogorcevic; Dickenmann, Bachmann.
Sélectionneuse: Martina Voss-Tecklenburg.
Islande: Helgadóttir; O. Vidarsdottir, G. Viggósdóttir, Kristjansdóttir, Gisladottir (65e Vidarsdottir); Atlasdottir (73e Omarsdottir), Friðriksdóttir, Gunnarsdottir, Brynjarsdottir; Larusdottir (60e Magnusdottir), Thorsteinsdottir.
Sélectionneuse: Freyr Alexandersson.
Notes: Colovray, 1350 spectateurs.

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