Champvent a fini par passer devant

On préférera probablement l’appeler «hold up», cette victoire du FC Champvent, dans les rangs du vaincu. Et il faut bien avouer que le terme ne serait pas totalement dépourvu de sens, tant Chêne Aubonne a montré un visage séduisant et a dominé la majeure partie des débats samedi soir, au Battoir. Cependant, il faut bien reconnaître que les hommes de Florian Simonin dégagent quelque chose de fort en ce début de saison: ils n’ont pas peur d’afficher leurs intentions, n’ont fait qu’une bouchée d’Assens en ouverture de saison, ont renversé Bosna en deux coups de patte et, ce samedi soir, ils n’ont rien lâché.

Même quand cela n’allait pas, même au plus fort de la pression du FC Chêne Aubonne, ils ont attendu leur heure et assommé, sèchement, leur adversaire du soir. Champvent n’impressionne pas forcément, mais Champvent gagne, compte neuf points en trois matches et, surtout, semble posséder un panel d’alternatives dans son jeu à en faire pâlir n’importe quelle formation à ce niveau.

Même remaniée, la défense du FCC reste un mur

«Je dois avouer que c’est un petit soulagement. Deux défenseurs sur lesquels on compte cette année se sont blessés en début de semaine. Ce soir, l’arrière-garde était donc en bonne partie remaniée. Et je suis très heureux de voir que ceux qui ont dû prendre leur place se sont très bien intégrés dans le groupe et ont parfaitement tenu la baraque». Avec un large sourire fièrement arboré après la victoire des siens, Florian Simonin ne pouvait manquer d’avoir un mot pour sa ligne défensive, dont on est à court de superlatifs pour décrire ce qu’elle a réussi ce soir.

En l’absence du capitaine Steven Bonzon, au centre, et de Simon Schmidli, à droite, les Chanvannais ont totalement su s’adapter. Et ce, notamment, grâce aux très belles performances de Chayanne Fressineau et de François Bovet, qui ont, tout deux, prouvé qu’ils pouvaient également prétendre à une place de titulaire. Plus les minutes ont défilé et plus la défense locale est devenue hermétique, fatiguant et frustrant le secteur offensif pourtant bien fourni, en quantité comme en qualité, de Chêne Aubonne. Anticipant absolument chaque passe, possédant constamment une longueur d’avance sur son vis-à-vis, on ne peut continuer cet article sans saluer l’immense performance de l’arrière-garde chanvannaise.

Adrian Falcon, le but de la victoire et une option de plus devant

Ce n’est pas trop vite parler que de dire que, ce soir, Champvent a fait la différence grâce à son banc, avant tout. Et si Chayanne Fressineau et François Bovet ont eu droit à leur première titularisation de la saison en championnat, Florian Simonin a encore donné sa chance à Adrian Falcon, entré à la mi-temps. Il n’avait joué «que» 90 minutes sur les deux premiers matches? Le vivace ailier droit a prouvé à ses coéquipiers qu’ils pourraient compter sur un autre atout de choix devant, au côté de l’éternel Albino Bencivenga. Alors, certes, l’Espagnol s’est retrouvé sur le terrain durant la bonne mi-temps, celle où son équipe mettait un peu plus le nez à la fenêtre et a pu discuter avec son adversaire du jour. Mais tout de même, quelle accélération et, surtout, quel coup de patte!

C’est lui, à la 79e, qui est venu faire redescendre Chêne Aubonne sur terre, d’une habile frappe enroulée du gauche. Il s’y était déjà essayé quelques minutes auparavant, Adrian Falcon, mais son envoi, aussi soudain que surprenant par sa trajectoire, terminait juste au-dessus. Il avait, donc, eu l’occasion d’ajuster la cible et, en replongeant exactement de la même manière depuis son côté droit vers le centre, il savait précisément où taper dans la balle pour que celle-ci finisse au fond des filets de Georgi Dimitrov. Champvent menait 2-1 et ne lâcherait plus son os. Oui, cette équipe possède définitivement plusieurs cordes à son arc et peut s’adapter à toutes les situations, ce qui risque de poser bien des problèmes à ses futurs adversaires.

Chêne ne va pas vivre la même saison que l’an dernier

Si on ne manque pas d’encenser ce FC Champvent version 2016/2017 et son début de saison parfait (trois matches, neuf points, deux buts encaissés et un excellent classement fair-play), on se doit également de rendre hommage à son adversaire du soir qui a clairement été la meilleure équipe sur le terrain pendant au moins 70 minutes et, surtout, celle qui a assuré le spectacle au Battoir. On ne savait pas vraiment quoi attendre de la troupe de Roland Schaer, après un dernier exercice très délicat, mais un solide début de saison (une large victoire face à Crans, deux nuls contre Assens et Bosna) est venu apporter une embellie. Il n’a pas fallu attendre bien longtemps ce samedi pour être fixé et comprendre que l’équipe emmenée par Xavier Perez n’est plus là pour rigoler et pour lutter jusqu’au mois de mai pour son maintien.

Xavier Perez: quatre matches, trois buts!

C’est lui, d’ailleurs, le capitaine du jour, qui ouvrait le score après à peine dix minutes de jeu. Une erreur défensive de Stephane Varela dans une zone à risque et l’esprit vif ainsi que la technicité de Xavier Perez ont fait la différence pour, déjà, son troisième but de la saison. Cela aurait dû, dès lors, être un cavalier seul des visiteurs dans cette partie. «C’est vrai qu’on doit leur tirer notre chapeau. C’est une très belle équipe, elle joue très direct et vers l’avant. De notre côté, on n’a pas joué le week-end dernier, et cela s’est vu. Aucun rythme, aucun tempo, beaucoup de monde au milieu mais constamment dans l’impossibilité de se trouver dans les intervalles… On n’était pas dedans pendant un bon moment», concédait même Florian Simonin, conscient que la victoire aurait très bien pu lui filer entre les mains avant même que son équipe soit rentrée dans le match.

Du réalisme et des idées…

Deux choses ont, cependant, fait que Champvent est toujours parvenu à rester dans le rétroviseur de Chêne Aubonne. Déjà, il y a eu ce but, cette égalisation, tombée de nul part, sur une des très rares mésententes au sein de l’équipe de Roland Schaer, inscrit par Jason Brunet d’un tir croisé malicieux ricochant sur le poteau. Et puis, principalement, les visiteurs se sont montrés bien maladroits devant les cages de Kris Abatantuono. L’occasion d’observer la facilité déconcertante des attaquants aubonnois balle au pied et, en même temps, ce qui les sépare encore d’une des toutes premières places: le réalisme. «C’est presque devenu notre marque de fabrique, pestait Xavier Perez. À chaque match, on se procure au moins une dizaine d’occasions nettes et on est incapables de les transformer. Le 5-1 face à Crans? Oui, là tout s’était bien passé, d’accord. On commence même à regretter de ne pas en avoir gardé un ou deux de ce match pour les inscrire aujourd’hui…», rigolait celui qui a effleuré la latte du dernier rempart chanvannais en début de seconde période, juste après l’énorme coup de tête de Benjamin Arnéra, seul au second poteau. Probablement le plus gros raté des visiteurs ce soir, comme un symbole de leur manque de lucidité dans le dernier geste.

…et Aubonne pourra regarder tout en-haut

Avec ce réalisme en plus, pas de doute que l’actuel 7e du groupe 1 serait en train de caracoler en tête et pourrait, sérieusement, commencer à faire du bruit autour de lui. Car, à part des idées à l’approche de la surface pour surprendre l’adversaire et ce fameux réalisme, il ne manque franchement pas grand chose à Chêne Aubonne pour devenir l’une des toutes meilleures équipes de ce groupe. Cela s’est clairement remarqué ce soir, où, à part l’option du dribble, il ne restait pas grand choix au porteur du ballon pour continuer à le faire progresser, en arrivant aux abords des 16 mètres de Kris Abatantuono. Avec des talents comme Stéphane Hofer ou Shkodran Muslija, le dribble reste forcément une option valable à court terme. Mais sur un match entier, et l’arrière-garde du FCC n’a pas manqué de le faire savoir, cela ne peut suffire à créer le danger en permanence.

Un mercato agité

Sachant, toutefois, qu’il s’est passé beaucoup de choses sur le marché des transferts, cet été, du côté du FCCA, on ne doute pas qu’une fois que l’effectif sera au complet et que les automatismes commenceront à prendre, la troupe de Roland Schaer laissera apparaître son vrai visage. Et lorsqu’on a vu de quoi cette équipe était capable après seulement quatre rencontres, on se dit que celui-ci peut être des plus surprenants, dans le bon sens du terme:

«On n’oubliera pas qu’on n’était que 14 à faire le déplacement ce soir, alors que l’effectif complet comptera 26 joueurs. On a accueilli beaucoup de monde cet été et, vu notre bon début de championnat, cela semble être plutôt positif pour la suite. Malgré la défaite, on fait encore un très bon match aujourd’hui, où il n’y a quasiment que cette finition, ce dernier geste à améliorer. Je pense qu’on a vraiment de quoi faire un bon championnat», conclut Xavier Perez, ce clubiste qui n’a que Chêne Aubonne dans le cœur.

Un compte-rendu de Florian Vaney

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