«Là, franchement je ne sais pas quoi vous dire…»

Lorsque Vittorio Bevilacqua s’est fait débarquer d’Yverdon Sport, la situation était claire. Son tempérament l’avait poussé à certains excès, que le président d’YS, Mario Di Pietrantonio, n’arrivait plus à couvrir. Il y avait une logique, des arguments, des faits. Mais ces jours, l’incompréhension règne. Pourquoi, au juste, l’Italien de 58 ans a-t-il été prié de quitter Colovray à quelques jours de la fin du premier tour de Promotion League? La réponse, personne ne l’a apportée. Varujan Symonov, manager général du club de Colovray, nous a contacté mardi soir. Son message? « M. Bevilacqua avait perdu le vestiaire, les joueurs l’avaient lâché. Il fallait faire quelque chose. » Une explication qui ne convainc pas du tout le principal intéressé.

Pas de coup de sang, cette fois

« Là, franchement, je ne sais pas quoi vous dire… Les raisons données ne sont pas les bonnes. Varujan, j’ai passé des heures avec lui les dernières semaines, à parler de tout et de rien. Et mardi, tout d’un coup, il ne savait plus comment faire pour me parler. Il regarde le plafond, il regarde le sol, il ne voit rien… Il n’arrivait pas à me dire que j’étais licencié. Et surtout il n’arrivait pas à me dire pourquoi. Moi, je tombais du ciel. Je ne m’y attendais pas. A Yverdon, je savais que ça allait arriver et je pouvais comprendre. Là, ça sort de nulle part », explique Vittorio Bevilacqua. Ce qui est sûr, c’est que l’Italien n’a commis aucune faute grave et qu’aucun coup de sang n’est à l’origine de ce départ. « C’est exact. C’est une accumulation de petites choses, mais il n’a jamais franchi de limites », dit Varujan Symonov. En apprenant son départ en lisant la presse mardi, ceux qui connaissent bien « Bevi » avaient eu peur d’un accrochage ou, disons, qu’il ait empoigné le président et l’ait accroché au mur. Mais il n’y a rien eu de tout ça.

Un timing qui interpelle

Alors, pourquoi Vittorio Bevilacqua a-t-il dû partir? Les résultats étaient moins bons depuis quelques semaines, c’est vrai, mais Nyon est aujourd’hui 4e, tout près de l’objectif de départ. « Et pourquoi changer comme cela, à trois semaines de la fin? Pourquoi s’exposer comme ça et ne pas attendre la trêve hivernale? Le timing est bizarre quand même », soutient Vittorio Bevilacqua. Du côté du Stade Nyonnais, on ne donne pas d’autre argument. On explique simplement qu’Oscar Londono et Stéphane Guex s’occuperont de l’équipe jusqu’à Noël. Ensuite, un nouvel entraîneur sera nommé au mois de janvier.

Les remplaçants se sont plaints, comme partout

Ce qui est sûr, c’est que Vittorio Bevilacqua n’a pas changé de méthode en arrivant à Nyon. Il secoue les joueurs, il leur dit ses vérités et il peut leur faire mal, parfois. Mais aucun d’eux ne s’en est plaint ces derniers mois, même si certains remplaçants ne voient pas forcément son départ d’un mauvais oeil. Mais ça, c’est le cas dans tous les clubs du monde, partout. Vittorio Bevilacqua a peut-être eu le tort de ne pas assez faire tourner, surtout ces dernières semaines lors desquelles les résultats n’étaient pas bons, mais il est difficile de lui reprocher sa gestion de l’effectif. Les joueurs ayant moins de temps n’étaient pas contents, mais c’est le cas de la Champions League à la 5e ligue. Bref, de véritables reproches, des faits concrets, il n’y en a pas.

Il n’appelle pas son président chaque jour, c’est vrai

La vérité est sans doute que le bilan de Vittorio Bevilacqua à la tête du Stade Nyonnais est bon, mais que le management général du club, c’est à dire Vartan Sirmakes et Varujan Symonov, voulait du changement. Ils en ont le droit, le club est à eux. Et ce qui semble certain aussi, c’est que les deux hommes vont chercher un entraîneur qui soit d’accord de collaborer de manière plus étroite avec eux. Vittorio Bevilacqua, c’est sa mentalité, n’appelle jamais son président, mais attend que le président appelle. C’était déjà le cas avec Paul-André Cornu à Yverdon Sport, et il répondait toujours. Mais il n’est pas du genre à téléphone le matin d’un match pour échanger sur la composition et la tactique et cela a sans doute posé un petit problème, à la longue, à la direction du Stade Nyonnais. Ce n’est pas critiquable: chaque duo entre président et entraîneur obéit à ses propres règles et Vartan Sirmakes a le droit de poser ses conditions. Le boss, c’est lui. Et il est permis de penser que le prochain entraîneur sera un homme avec lequel le président et son manager général travailleront en pleine confiance dès le début.

Nyon et « Bevi » avaient besoin l’un de l’autre

Bien sûr, ce dénouement est dommage tant pour le Stade Nyonnais que pour Vittorio Bevilacqua, car les deux parties avaient besoin l’une de l’autre. Nyon ne trouvera pas facilement un technicien meilleur que l’Italien. Il y en a, sûrement, mais ils sont chers et « Bevi » est incontestablement l’un des plus grands connaisseurs du football en Suisse. Disons-le clairement: Nyon, pour monter en Challenge League, ne pouvait pas rêver mieux que lui. Mais ce qui est vrai aussi, c’est que les places sont chères en Suisse, vu le faible nombre d’équipes dans l’élite, et que « VB » ne retrouvera pas un poste de sitôt. Lui qui travaille à 100% désormais rêve de retrouver un banc, mais il est lucide: avoir mieux que la Promotion League aujourd’hui est mission impossible pour lui. Alors, il avait fait des efforts sur son tempérament et ceux qui l’ont côtoyé à Yverdon et à Nyon ont constaté une vraie différence. Il était plus calme, moins outrancier. Il s’est donné de la peine, mais ça n’a pas suffi. Nyon et Vittorio Bevilacqua était utiles l’un à l’autre. Mais depuis mardi, ils ne marchent plus ensemble. Et personne ne sait vraiment pourquoi.

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