«J’ai cru que j’étais encore en train de rêver!»

« Quand j’ai ouvert les yeux, je me suis d’abord demandé où j’étais. J’avais ce truc pour respirer, j’étais aux soins intensifs, avec tout le monde autour: je ne comprenais rien. Je reprenais petit à petit mes esprits, j’essayais de comprendre le monde autour de moi. Imaginez, après deux semaines de coma! Et puis, il y avait une télévision en face de mon lit. Forcément, je regarde, et là je vois un flash spécial pour le match France-Portugal. France-Portugal? Ça, c’est dix minutes après mon réveil, hein, je ne comprenais rien… Je suis encore un peu dans les vapes. Je demande à une infirmière quel jour on est. Elle me répond qu’on est dimanche, le jour de la finale de l’Euro. Et que comme elle sait que je suis Portugais et fan de football, elle m’a mis la télévision près du lit. J’ai essayé de me concentrer, mais quand elle m’a dit, redit et répété que le Portugal était en finale de l’Euro, j’ai cru que j’étais encore en train de rêver! Alors vous imaginez quand Eder a marqué le but de la victoire: je me suis demandé dans quelle dimension j’avais atterri pendant mon coma. »

Deux semaines entières dans le coma artificiel

Bruno Gomes a le sourire aujourd’hui, mais il a fait très peur à sa femme Cécilia, à sa famille et à tous ses amis cet été. L’entraîneur du FC Orbe, qui fêtera ses 34 ans en octobre et qui n’aime pas trop qu’on parle de lui (raté pour cette fois), a en effet passé deux semaines entières dans le coma artificiel. Une histoire incroyable, qui aurait pu beaucoup plus mal tourner. « Quand je suis arrivé au CHUV, les médecins et tous les spécialistes étaient tout excités, presque heureux. Ils montraient les scanners du doigt en disant que c’était totalement nouveau, qu’ils n’avaient jamais vu ça en vrai. On aurait dit des enfants qui recevaient un jeu Playstation à Noël et étaient impatients de le tester », continue l’Urbigène établi à Chavornay depuis quelques mois.

En clair, son angine était « accompagnée » d’un trou dans la gorge, ainsi que d’un abcès qui avait crevé et dont le liquide dégoulinait à l’intérieur du corps, ainsi que d’une bactérie. Un peu beaucoup pour un seul homme. Surtout qu’au début, le personnel médical n’y voyait qu’une simple et bête angine, à soigner avec un peu de Dafalgan.

Et tout d’un coup, comme à la télévision

Après deux aller-retour à l’hôpital quasiment pour rien, c’est le père du malade qui a monté le ton: « On ne part pas tant que mon fils ne sait pas ce qu’il a! » Devant l’insistance paternelle, un scanner a été effectué. Et le mal est apparu sur l’écran. « Et là, alors qu’on me disait depuis le début que je n’avais rien ou presque, c’est devenu tout d’un coup comme à la télévision. Une ambulance était là dans les minutes suivantes avec les feux bleus, j’ai été emmené au CHUV sans discussion. Et là, je suis arrivé dans une immense pièce où 15 personnes m’attendaient. Et moi, je ne savais toujours pas ce que j’avais », témoigne Bruno Gomes, qui se réveillera donc quinze jours plus tard, les multiples opérations s’étant parfaitement déroulées.

« Les spécialistes m’ont dit qu’ils étaient fiers de leur boulot. Je leur ai répondu: Tant mieux », rigole-t-il. Les manoeuvres étaient tellement compliquées qu’il a donc fallu endormir le patient pendant deux semaines, soit juste après le 8es du Portugal face à la Croatie. Et le réveil a été programmé le matin de la finale. « Mais je ne pense pas qu’ils ont fait exprès quand même! »

Il a tenu sa promesse en étant sur le banc face à Renens

La frayeur a donc duré quinze jours, mais il est resté un mois à l’hôpital en tout. Et c’est là qu’il a pu montrer sa personnalité de battant. « Déjà, j’ai dit à Mary-Claude Chevalier, la présidente, que je serai sur le banc pour le premier match de championnat. Elle m’a engueulé, mais je n’ai pas écouté. » Au moment où il fait cette promesse, il avait en effet 30 agrafes dans le dos, conséquence des drains posés pour évacuer le liquide indésirable. Il ne pouvait pas marcher ou alors à grand-peine et retrouvait petit à petit la parole. « Mais je voulais rester le moins de temps possible à l’hôpital. Ils me conseillaient d’y aller gentiment avec la physio pour que le corps s’habitue. Ils m’ont dit qu’on ne pouvait pas aller plus vite que la musique. Je leur ai répondu que moi, j’allais plus vite que la musique », se marre-t-il encore.

Lui qui n’avait jamais été hospitalisé de sa vie (« Même pas eu la varicelle! ») a découvert les joies des soins intensifs, puis des soins continus et enfin de la rééducation. Et il a fait en sorte que cela dure le moins possible. « Un dimanche, il n’y avait pas de physio. Forcément, c’est le jour de congé. Alors j’ai fait venir mon père et mon frère et j’ai marché au milieu d’eux, ils étaient prêts à me rattraper. Les médecins n’étaient pas contents, mais ils ont bien dû constater que je marchais. »

Ses joueurs viennent le trouver: il les engueule

Une volonté de fer et une détermination sans faille, fidèle à son image, lui qui a repris le FC Orbe au printemps, entraînant en même temps la I et la II, tout en travaillant à 100%, s’occupant de son nouveau-né avec Cécilia et emménageant dans son nouvel appartement. « Il y avait beaucoup et peut-être que c’est une explication, même si rien ne dit que ma maladie et mon rythme de vie étaient liés. Je ne regrette rien, j’ai assumé tous ces aspects de ma vie », explique celui qui s’implique toujours à 100% dans ce qu’il fait. Au point d’engueuler ses joueurs qui venaient le trouver à l’hôpital!

« Un soir, ils débarquent à cinq à l’hôpital à 18h. Un jeudi! Je leur ai dit qu’ils avaient trois minutes pour sauter dans la voiture et aller à Orbe, où ils devaient être prêts pour l’entraînement sur le terrain à 19h. Ils m’ont dit: « Mais Bruno, on vient te trouver et c’est comme ça que tu nous remercies? ». Je leur ai dit que le meilleur moyen de me faire plaisir, c’était d’aller s’entraîner. Ce n’est pas parce que je suis à l’hôpital que tout doit s’arrêter ».

Du caractère et le sens des responsabilités

Bruno Gomes a d’ailleurs tenu sa promesse, lui qui était sur le banc lors des derniers matches amicaux et donc dimanche face à Renens. Ses joueurs le lui ont bien rendu avec une victoire 3-2 arrachée avec énormément de coeur. Mieux, il est allé diriger l’entraînement la… première semaine de son retour à la maison. « Mary-Claude m’appelle un soir et demande si j’ai une idée pour trouver quelqu’un afin de donner l’entraînement. J’étais à la maison depuis quelques heures et évidemment elle ne pensait pas à moi. Mais je lui ai tout de suite dit d’arrêter de chercher: le soir, j’étais au Puisoir, avec un membre du staff pour m’épauler. » Du caractère, toujours, et le sens des responsabilités. « Aujourd’hui, je suis revenu à 80% de mes capacités physiques », explique celui qui a perdu 14 kilos dans l’aventure. « Ça, c’est le bon côté de ce qui m’est arrivé. Je n’avais jamais perdu autant de poids en un été. » Dans la bataille, c’est sûr, l’Urbigène n’a pas perdu son humour. Mais il a gagné énormément de respect autour de lui.

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