Jorat-Mézières est en train de réussir sa transition

«Je suis arrivé il y a deux ans et demi, alors que le club venait de redescendre en 3e ligue. Au premier entraînement, on était 10 en me comptant, dont deux blessés, sachant que la moitié avait passé la trentaine. Plus que jamais, on a dû bâtir une équipe, et on se bat toujours dans cette optique. C’est la fin d’une génération, la plupart de nos cadres arrivent gentiment en fin de carrière, et, d’ici une ou deux saisons, on devra se passer d’eux. Depuis mon arrivée, on a déjà intégré 11 jeunes du coin dans notre effectif, pour compenser ces départs et injecter du sang neuf et régional dans la première équipe». Le décor est planté et Pierre-Alain Bruelhart, coach de la une, ne s’en cache pas: les temps sont durs pour son Jorat-Mézières. Les piliers de l’équipe arrivent en bout de course, les buteurs ne marquent plus et l’argent n’est pas une option à considérer. Pourtant, tout n’est pas noir non plus, loin de là. La nouvelle génération pointe le bout de son nez, tout n’a pas été à jeter lors de premier tour, et le maintien est plutôt en bonne voie. Rencontre avec un entraîneur lucide, émérite et passionné dans une période charnière et délicate de l’histoire du club.

15 points par tour et l’affaire est dans le sac

Il n’était pas question pour Pierre-Alain Bruelhart de laisser le club s’enliser en 3e ligue. En deux saisons, celui-ci a permis aux siens de retrouver un niveau digne de leurs capacités, en fêtant la promotion l’été passé. Puis il y a eu ce premier tour. Sans forcément briller, ses hommes ont néanmoins glané 14 points en 13 rencontres. Satisfaisant? Suffisant, répond le technicien: «On en visait 15, pour être honnête. Mais 14 suffisent à notre bonheur, au vu des conditions. On est arrivé en 2e ligue avec une équipe décimée, entre les joueurs ayant quitté le navire et les blessés. Pour nos premiers matches, un seul défenseur présent lors de l’ascension avait gardé sa place dans notre arrière-garde… On n’a pas marqué de point lors de nos trois premières parties de la saison, avant d’en enchaîner 10 lors des quatre suivantes. C’est dire si l’adaptation a été rude. D’ailleurs, on visera également 15 points au second tour. Ça nous emmènerait à 29, ce qui serait vraiment correct».

«Nous sommes plus faible que lorsqu’on est monté»

À 10 jours de la reprise et après une préparation mitigée, le coach se pose tout de même encore quelques questions sur le réel état de forme de son groupe: «On a beaucoup de blessés à récupérer. Malheureusement, la plupart en a encore pour un bon moment… Pour moi, nous sommes plus faible que lorsqu’on est monté. On a notamment notre meilleur buteur de ces dernières saisons, Bajram Shabani, qui n’a pas encore marqué de l’exercice. J’ai fait tout mon possible pour lui redonner confiance, je lui ai accordé un maximum de temps de jeu, mais cet automne, il n’y avait rien à faire.
Puis, il y eu cette préparation. Enfin, vous voyez où on habite quoi… 20 centimètres de neige sur le terrain, c’est notre quotidien. Donc on s’est principalement entraîné en salle. Heureusement, on a pu faire cinq jours de camp à Alicante, qui ont fait beaucoup de bien. Mais vu l’argent qui circule actuellement ici, le camp a été financé tant par le repas de soutien de la première équipe que par les joueurs, eux-même».

Forward Morges pour se tester

Agendée au 20 janvier, la reprise devrait donc s’effectuer face à Forward-Morges, un des quatre ogres de ce groupe. Une rencontre qui ne sera pas forcément une mauvaise entrée en matière selon Pierre-Alain Bruelhart: «Comment ça, peur de reprendre face à Morges? Si on avait peur, on arrêterait tout de suite le football! Je me souviens du match aller, on avait sept blessés, une équipe décimée, et pourtant on avait failli arracher quelque chose de cet affrontement, on avait même tapé la barre. Ils nous avaient baladé, c’est clair et net, mais on n’était pas si loin. Donc pourquoi ne pas espérer un résultat? Par contre, au vu de l’état actuel du terrain, je doute vraiment que cette rencontre puisse avoir lieu. Et ça ne nous arrangerait même pas que cela soit renvoyé, nos blessés étant à l’infirmerie pour bien plus longtemps que ça, on n’y gagne pas grand chose», sourit-il.

«Plus proches de créer la surprise face à un grand que de dominer un petit»

On l’a dit et répété ces derniers mois, il ne fait aucun doute que les deux places de finalistes de ce groupe 1 se disputeront entre le LUC, Genolier-Begnins, Morges et Montreux. Des matches pourtant pas si différents des autres au niveau la préparation et de la façon de les aborder, selon l’entraîneur du FCJM: «Nous ne sommes pas le Barca, on n’a pas vraiment les capacités de s’adapter à l’adversaire en face de nous. Après, je vous dirais qu’on est plus proches de créer la surprise face à un de ces quatre, que de dominer outrageusement une équipe moins bien classée. C’est peut-être dû à notre football. Je déteste le «kick and rush», je tiens toujours à ce qu’on fasse tout notre possible pour jouer au ballon. Par contre, c’est vrai qu’on arrivait un peu la fleur au fusil lors de nos premières confrontations de la saison, on n’était pas tout à fait prêt et on est tombé sur Morges et Montreux. Mais c’est encore différent, ça n’a pas grand chose à voir avec notre façon d’aborder nos matches».

Une piécette sur le LUC-Dorigny

D’ailleurs, qui Pierre-Alain Bruelhart voit-il atteindre les finales cette année? Pas de langue de bois, le technicien du FCJM dit ce qu’il pense. «À mon avis, le LUC, Forward et Montreux sont très proches. Des trois, je mettrais le LUC en favori. Déjà, ils ont une formation et un banc impressionnants, et je pense qu’un de leur immense avantage, c’est de jouer sur synthétique. Premièrement, ça aide énormément pour la préparation, et deuxièmement, je me rappelle de notre affrontement cet automne, nous avions eu pas mal de difficultés, rien qu’à cause de la surface de jeu. Des quatre, Genolier-Begnins m’a tout de même moins impressionné. Je ne dis pas, ils sont vraiment bons, mais ils me semblent dépendants de Julien Jemmely, sur lequel arrivent quasiment tous les ballons. Pour les avoir vu jouer trois fois cette saison, j’ai constaté que le plan de jeu était à chaque fois le même. Je ne le leur souhaite bien évidemment pas, mais s’il devait arriver quelque chose à leur pièce maîtresse, il ne serait pas impossible que Genolier peine un peu plus».

Axel Deroze, symbole d’une équipe qui rajeunit

Seule arrivée à la une cette hiver, Axel Deroze, en provenance de Savigny-Forel. Le jeune homme de 23 ans symbolise parfaitement le renouveau ainsi que l’esprit jeune et régional que recherche actuellement sa nouvelle structure, mais également le peu de moyens que celle-ci possède pour se renforcer et préparer l’avenir: «Il est le seul nouveau venu, mais comme nous n’observons qu’un seul départ, pour raisons professionnelles, la balance est équilibrée. Étant donné que les caisses sont vides, il est de toute façon compliqué de faire venir du monde. Malgré tout, comme je vous le disais, on a déjà intégré onze jeunes de la région dans notre contingent. Certes, c’est une bonne nouvelle, mais ces garçons doivent encore s’aguerrir, ils n’ont pas de réelle expérience à ce niveau-là. D’autant plus que la 2e ligue est un championnat amateur extrêmement intéressant. Typiquement, lorsqu’on voit Axel Deroze balle au pied, il fait forte impression. Maintenant, quand on le met sur un terrain face à une équipe de 2e ligue, c’est autre chose, et c’est bien normal. Ce genre de joueurs doit apprendre, arriver à maturité. C’est aussi pour cela que nous nous battons: Transformer ces diamants bruts».

L’apprentissage sera donc long pour la relève du FC Jorat-Mézières, mais il constitue un passage obligé si la première équipe entend vouloir prospérer en 2e ligue. Nul doute, toutefois, que les paroles et l’expérience des cadres de ce groupe sauront trouver écho chez la jeune garde qui devra, tôt ou tard, se débrouiller par elle-même.

Un article rédigé par Florian Vaney

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