On pourrait dire qu’il s’agit d’une défaite honorable, face à une bonne équipe de Super League. On pourrait commencer cet article en soulignant la bonne deuxième mi-temps du Mont, qui aurait largement pu pousser les Saint-Gallois à la prolongation avec un peu plus de réussite. On aurait pu se montrer satisfaits de ce revers qui n’a rien de honteux. 1300 spectateurs au Stade Sous-Ville, un beau match, une ambiance sympathique: on aurait pu commencer par tout ça.
On aurait aimé voir les poings qui se serrent, les regards qui en disent long
Mais, désolé, cette défaite a du mal à passer. Pourquoi? Parce que Le Mont nous avait habitué à tellement mieux, qu’on doit bien s’avouer un peu déçus. On est trop exigeants avec une équipe de Challenge League? C’est la faute du club montain, tout simplement, qui avait montré tellement de coeur pour battre YB, la saison dernière, qu’on attendait la même folie, la même envie, la même détermination. Il n’en a rien été. On a vu un bon match de football, sympa, mais pas la rage qui avait fait du FC Le Mont une équipe qui pouvait déplacer des montagnes, fussent-elles de Super League. On aurait aimé voir ces poings qui se serrent, ces regards qui en disent long, cette agressivité qui aurait fait comprendre à Saint-Gall qu’il était tombé dans un traquenard. Mais non. On a vu, on le répète, un bon match de football, voilà tout.
Saint-Gall a dominé les 45 premières minutes
Dans ces conditions, sans le petit plus qui fait la différence, sans la volonté de se faire mal, il était impossible de lutter avec Saint-Gall. Car sur le plan du football pur, évidemment, l’équipe de Super League était la meilleure. Le problème, c’est qu’elle n’a pas été mise en danger, notamment au cours d’une première période assez terne. C’est bien simple: lors des 45 premières minutes, Le Mont n’a eu qu’une vague occasion, un tir de 25 mètres de Sehar Fejzulahi sans aucun danger pour Marcel Herzog. Sinon? Une domination de tous les instants du FC Saint-Gall, meilleur dans tous les secteurs de jeu. A 0-2 ou 0-3 à la pause, il n’y aurait rien eu à dire, mais Johnny Leoni a fait les arrêts qu’il fallait et Le Mont, globalement, a bien défendu. Le problème? Saint-Gall était tellement solide, notamment sa charnière centrale Russo-Besle, que les Montains n’ont eu aucune chance d’approcher le but d’Herzog. 0-1 à la pause, score minimum.
Pino Varquez est allé seul affronter la horde des supporters saint-gallois
Le seul moment où les Montains ont arrêté de subir la domination saint-galloise? Lorsque Pino Varquez a décidé qu’il en avait assez de voir les supporters saint-gallois confisquer les ballons qui leur arrivaient. Les ultras ne rendaient en effet pas les ballons à Johnny Leoni et en ont bien caché deux ou trois dans leurs sacs. A 100 francs le ballon, cela commençait à faire beaucoup et le brave Pino a décidé d’aller, seul, affronter la horde de fans des visiteurs. Ils étaient bien 300, mais l’entraîneur des gardiens du Mont n’a peur de rien et surtout pas de sales gamins. Une fois dans la tribune, il a cependant dû s’avouer vaincu, repartant sans les ballons. Mais au moins, il a osé, et il s’agissait bien du seul Montain à avoir un peu bousculé les Saint-Gallois en première mi-temps.
Le Mont, privé d’Ibrahim Tall et de Nicolas Gétaz, tous deux suspendus, s’alignait avec une défense composée de Gilberto Reis et de Fabio Rego sur les côtés, accompagnés d’un axe 100% sénégalais. Ndiasse Ndiaye accueillait en effet Leyti Ndiaye en charnière, l’ancien Marseillais pouvant jouer aussi bien en 6 que derrière. Autant dire qu’il y avait de l’impact physique en face de Dzengis Cavusevic, l’athlétique attaquant slovène des Brodeurs! Celui-ci a cependant bataillé sans arrêt, inscrivant même le 0-2 juste après la pause (47e) d’un coup de tête parfait.
Ndiasse Ndiaye permet aux siens d’y croire encore
Avec deux buts de retard, sans rien avoir montré, on pensait le match plié, et une grande partie du public avec nous. Mais Le Mont, alors, a montré du caractère, enfin, suivant les traces de Pino Varquez! Non, les Saint-Gallois ne sont pas invincibles! Une belle action de Musa Araz profitait à Ndiasse Ndiaye, monté sur une balle arrêtée peu auparavant et resté aux avant-postes. Le capitaine du Mont héritait d’une balle traînant aux six mètres pour fusiller Herzog et sonner la révolte: 1-2 à la 50e!
Une bonne deuxième mi-temps du Mont
Dès lors, le match allait changer et Le Mont commencer à prendre confiance, enfin! Certes, Saint-Gall était toujours la meilleure équipe sur le terrain, mais on commençait, enfin, à voir des actions dangereuses pour les Vaudois. Ange Nsilu recevait enfin des ballons exploitables, les dribbles de Florian Berisha commençaient à passer et les deux latéraux trouvaient de plus en plus de possibilités de créer le surnombre. Clairement, Saint-Gall n’était plus aussi serein et Le Mont commençait à se dire qu’il y avait un coup à jouer. Mais quel dommage de ne pas y avoir cru plus vite, de ne pas avoir mis plus d’intensité dès le début. Enfin, on a retrouvé un peu de l’esprit guerrier du Mont, de celui qui leur faisait croire qu’ils pouvaient renverser n’importe quel adversaire. Ce ne sera pas pour cette fois, Saint-Gall tenant bon et s’imposant 1-2.
Le prix à payer en accédant au monde professionnel?
Mais finalement, c’est assez logique que cet esprit ait disparu et il s’agit, sans doute, du prix à payer en accédant au niveau professionnel. Pour des joueurs comme Sehar Fejzulahi, Florian Berisha, Johnny Leoni ou Benjamin Kololli, affronter Saint-Gall n’a rien d’exceptionnel: ils l’ont déjà fait des dizaines de fois et n’ont donc pas de raisons de trouver le soupçon de motivation supplémentaire qui leur permettrait de se sublimer. L’an dernier, les choses étaient claires: tous les joueurs du Mont devaient s’arracher pour créer un exploit. Là, il est tellement proche que les efforts supplémentaires ne sont pas faits. C’est dommage: c’est justement ce qu’il a manqué pour battre Saint-Gall hier.
Les hommes du match
Gros match de Musa Araz au milieu de terrain. On l’a souvent dit, mais il a tout. Il récupère des ballons, les donne vite et bien vers l’avant. Il était largement au niveau des milieux de terrain saint-gallois et un avenir à ce niveau attend sans aucun doute l’espoir du FC Bâle. Sa vision du jeu est impressionnante et il n’a pas les défauts que sa jeunesse pourrait laisser supposer: il joue simple et ne prend jamais de risques inconsidérés. Très fort. Après un début de match compliqué, Leyti Ndiaye a montré sa classe et imposé sa présence physique. Il a une vraie expérience de la L1 et de la L2 et on a vu pourquoi. En deuxième mi-temps, il a gagné 100% de ses duels, avec beaucoup d’autorité. Très solide et serein.
Les prochains rendez-vous
Grosse semaine de Challenge League pour Le Mont, qui sera mercredi à Wohlen (1er), avant de recevoir Chiasso (7e), samedi à 17h45 à Baulmes. Quatre points seraient bienvenus.
FC Le Mont-sur-Lausanne – FC Saint-Gall 1-2 (0-1)
Buts: 37e Mathys 0-1; 47e Cavusevic 0-2; 50e Ndiasse Ndiaye 1-2.
Arbitre: M. Schärer.
Le Mont: Leoni; Reis, Ndiasse Ndiaye, Leyti Ndiaye, Rego; Gabriele, Araz, Fejzulahi (75e Madou); Kololli (56e Chappuis), Nsilu, Berisha.
Entraîneur: Claude Gross.
Saint-Gall: Herzog; Thrier, Russo, Besle, Facchinetti; Everton; Tafer (69e Rodriguez), Janjatovic, Mathys, Tréand (87e Aratore); Cavusevic (76e Sikorski).
Entraîneur: Jeff Saibene.
Stade Sous-Ville, Baulmes.
