«Ma meilleure saison, j’ai marqué cent buts…»

« J’ai toujours été attiré par le but. Lors de ma meilleure saison, au Stade Nyonnais, j’en ai marqué cent. C’était en juniors E, ils avaient tous 7 ans et moi j’en avais 25. Les passeports africains, c’est la classe. » Ainsi est Edem Labah, maître de l’auto-dérision, et humoriste qui monte sur la Côte. Un fou de football, surtout, qui a fait toutes ses classes à Colovray, jusqu’en M18, avant de mettre quelques pions avec Crans et avec Gland. « Mon passeport doit toujours être à En Bord, d’ailleurs. S’ils ne l’ont pas renvoyé depuis le temps! »

« J’aurais choisi la Nati! »

Car oui, Edem a arrêté le football. En pleine gloire, ou presque. « J’ai eu du bol, je n’ai jamais eu à choisir entre la Suisse et le Togo. Je dis ça, mais en fait j’avais déjà choisi dans ma tête! C’était la Suisse! Oui, monsieur. Je suis né ici, j’ai fait l’école ici, j’ai appris à jouer au foot ici. Oui, j’aurais joué pour la Nati. Mais à la Coupe du Monde 2006, j’ai éteint mon téléphone pendant Suisse-Togo, obligé. Ce jour-là, j’étais quand même pour que le petit gagne, donc le Togo », explique celui qui a la particularité de parler un suisse-allemand tout à fait convenable, ce qui fait toujours de l’effet dans ses spectacles. « Déjà, un Romand qui parle alémanique, ça surprend, mais je me suis rendu compte qu’un Romand black qui parlait l’alémanique, ça surprenait encore plus! », rigole-t-il. Edem Labah est comme ça. Surprenant et attachant. On se pointe en retard au rendez-vous? « J’ai toujours su que le plus noir de nous deux, c’était toi », nous lance-t-il par Whatsapp, lui qui était à l’heure pour la première fois de sa vie ce jour-là.

L’humour… et le rap

Le racisme? Il en rigole, même quand il en souffre. « Non, mais ça va. Faut pas exagérer, on est en Suisse. Y a des trucs de fou, attention. Genre un jour à Genève, en me promenant, il y a vingt personnes, mais celui que les flics arrêtent, c’est moi. Je sais pas, je devais ressembler à un dealer. Mais bon, voilà quoi… Je ne me sens pas investi d’un combat, je ne me prends pas pour Malcolm X. » Lui, son truc, c’est l’humour, beaucoup, et le rap, un peu. « Non, le rap, j’adore », corrige-t-il. Pour les initiés, il est « Dilem », du groupe « Emeute infernale ». Le bon son, il kiffe. Mais quand il a un peu de temps, désormais, il peaufine son « one-man-show », qu’il a déjà joué une fois à Neuchâtel, au Prodige Comedy Club.

Une coupe à la « Will Swiss »

« Il y avait 50 personnes environ. Les gens se sont bien marrés, y avait une bonne vibe. 50, c’est peu, hein? Ouais, faut bien commencer. Au Lido, ce sera le double. Si je double à chaque fois, bientôt je pourrai arrêter de bosser. On n’en est pas là, hein… », dit le Togolo-Helvète, qui travaille dans une grande banque sur la Côte. Costard le jour, costume stylé sur scène le soir. Le gilet, il adore et le porte à la perfection, en plus de sa coupe à la Will Smith. « A la Will Swiss », se marre-t-il encore. Car Edem ne s’arrête jamais de rire.

« L’Equipe », tous les jours

Au cours de répétition, dans l’ennui d’un bureau mal climatisé, il suffit qu’il entre pour que l’atmosphère change du tout au tout. Un major insupportable imité à la perfection et la rudesse d’un CR semble tout de suite moins long. L’armée, justement, il la taille en pièce dans l’un de ses sketches. Découpage en règle? Avec tendresse, quand même. « Non, mais moi j’aimais bien l’armée, hein! » Surtout l’escapade de 9h pour aller boire un café hors des murs de la caserne et, rituel sacré, aller acheter L’Equipe. « J’avais un quartier-maître, vous le connaissez je crois, il était complètement arraché. Il fallait acheter deux fois L’Equipe. Vous savez pourquoi? Parce qu’il ne pouvait pas lire celle que quelqu’un d’autre avait déjà lu! Je vous jure que c’est vrai! Un dingue, le mec. »

Edem, c’est le type qui peut vous parler de sa rencontre avec Joey Starr au Paléo (« Enorme, le mec. Je me réjouissais de lui parler, de lui poser des questions sur le rap, et tout ce qu’il me sort, c’est un « T’as de quoi tiser, negro »? ») et, direct après, d’appeler le président d’un club vaudois de 3e ligue au téléphone en se faisant passer pour « Jimmy Sissoko », attaquant chasseur de buts venu du Sénégal pour gagner sa vie en Suisse, accent africain hyper-forcé à la clé. « Putain, on s’était marrés ce jour-là », se rappelle-t-il.

« Un noir qui se moque des Albanais, ça peut pas être du racisme! »

Dans son spectacle, Edem parle de la vie, de ses potes, de toutes les nationalités présentes en Suisse au moyen de formules bien senties. « James Bond, il adore les bagnoles, il a toujours un flingue sur lui et il arrête pas de se battre. James Bond, en fait, il est Albanais, le mec! » Et d’enchaîner avec son leitmotiv: « Un noir qui se moque des Albanais, ça peut pas être du racisme, faut pas déconner! » Une autre vanne qui fait mouche, autre histoire vécue? « Je sortais avec Fatima. Son fantasme, c’était de me voir en djellaba. Moi, mon fantasme, c’était de la voir une fois sans ses frères! »

L’OM, tout le temps

Et le foot, dans tout ça? Il adore. « Mon kif, c’est l’OM. Et tous les joueurs qui sont passés par l’OM. Je regarde Manchester City juste parce qu’il y a Nasri. Et les joueurs togolais aussi, je les suis. » On lui souffle le nom d’Emmanuel Adebayor. « C’est le patron, mais il en fait trop des fois. Vous savez que ce mec, il a une boîte de nuit au Togo. Tous les jeudis, c’est soirée-champagne. Mais à 100%! Tu peux boire que ça. Il est rincé, Adebayor, mais c’est un bon joueur. Il y a quelques années, il a fait une belle saison avec Arsenal. A la fin, un journaliste lui demande s’il est le nouveau Thierry Henry. Après une seule saison, hein! Et le mec, il répond tout naturellement: » Ben oui, évidemment ». Il est frappé, Adebayor, mais je l’aime, obligé. »

« Le sport numéro 1 au Togo, c’est pas le football »

Le Togo, Edem y retourne-t-il? « Une fois par an, j’essaie. Mais bon, c’est abusé. J’ai les deux passeports, togolais et suisse. Mais le Suisse, tu peux pas le montrer, tu te fais racketter dès l’entrée du pays. T’es pas encore sur le territoire, que t’as déjà une main qui se tend sans rien dire. Le sport numéro 1 au Togo, c’est pas le football, c’est le bakchich, mon frère! »

Son premier one-man-show à voir au Lido le 23 avril

Edem a donc fait ses débuts sur scène un peu par hasard, parce qu’il aime faire rire les autres, mais il n’est pas prêt d’en descendre. Il aime tout: les repas de soutien (Ecublens, Stade Nyonnais, Prangins, bientôt Delémont…), les soirées villageoises, les premières parties (notamment d’Anthony Kavanagh,un de ses modèles) et, donc, son premier one-man-show. Un conseil? Allez le voir. Vraiment.

Réservez vos places pour le Jardin d’Edem, le 23 avril au Lido de Lausanne

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