Malley a reconstruit par la base

Les joueurs de l’ES Malley, grands et petits, ont reçu un nouvel équipement, magnifique. Sac, training, maillot: la totale. Mais sur chaque paquet, il y avait une lettre. Et avant de lire la lettre, tranquillement chez eux avec leurs parents, les membres du club lausannois (500 juniors!) ont eu droit à un discours de la part des responsables. Le vice-président Joël Guignet raconte: « On ne voulait pas simplement qu’ils prennent le training et s’en aillent. On voulait qu’ils comprennent ce que cet équipement représentait. Qu’ils sachent que du monde avait travaillé pour qu’ils puissent s’habiller aux couleurs du club. Alors, on leur a dit. On leur a présenté les gens qui avaient oeuvré depuis des mois pour que cela devienne réalité. Un nouveau sac, c’est banal? Pas pour moi, désolé. On est tous bénévoles à l’ES et c’est après le boulot et le week-end que je gère le club, sur ce qui pourrait être mon temps libre. Et on est plusieurs dans ce cas. Alors, on le leur a dit en face. Au début, je ne vous cache pas que je me disais que ce serait inutile, que ça passerait loin au dessus de la tête des jeunes. Et puis, la première phrase est sortie, puis la deuxième, et le silence s’est fait. Et dans les regards, j’ai vu qu’ils avaient compris. »

L’appel de Pablo Iglesias

Joël Guignet est ce que l’on peut encore appeler un homme avec des valeurs, celles du football d’il y a quelques années. Il a joué, il a entraîné et il a été responsable technique des juniors. Ce qu’il aime, c’est ça: faire progresser des gamins, leur donner un cadre, leur permettre de jouer au football. Alors, quand Pablo Iglesias l’a appelé il y a deux ans et lui a dit que Malley avait besoin de lui, il a hésité. « Je n’ai pas osé en parler à ma femme au début! C’est tellement d’heures, de boulot… J’ai hésité comme jamais dans ma vie. Et puis j’ai dit oui. » Le contact s’est donc fait via Pablo Iglesias, mais c’est bien Michel Roulier qui avait besoin des services d’organisateur de Joël Guignet. « Michel? C’est une personne formidable, un président comme j’en souhaite à tous les clubs. C’est aussi pour cela que je me suis impliqué. Je ne le connaissais pas et je peux dire que c’était une erreur », sourit-il aujourd’hui.

Le chantier a débuté par les juniors F

Alors, Joël Guignet s’est mis au boulot. Il le fallait, vu l’ampleur de la tâche. « Je ne parle pas de ce qui a été fait avant, ou pas. Ce n’est pas mon problème. Moi, je suis arrivé un jour et je peux vous parler de ce qui a été fait depuis là. » En clair? Un travail titanesque, qu’il a bien fallu prendre par un bout. Et c’est là que la « méthode Guignet » tranche avec celle de beaucoup de ses collègues. « En analysant la situation du club, j’ai vu que la force se trouvait au niveau des juniors. 500 gamins! Alors, je me suis dit: commençons par là, par tout en bas. Par les juniors F. On montera petit à petit et on arrivera à la première équipe tôt ou tard. » Ainsi fût fait.

Après les juniors, les actifs

Et il y avait du boulot. « On a malheureusement dû écarter des personnes. Je déteste ça, mais on avait une vision claire pour Malley et il y a eu des résistances. Alors, on a expliqué aux gens qu’ils devaient s’en aller. Il y a eu des mécontents, mais il fallait avancer », explique Joël Guignet. Après avoir restructuré le mouvement juniors, il a fallu assainir les finances et s’occuper de la première équipe, qui était en danger de relégation de 3e en 4e ligue. Et c’est là qu’arrive Himë Berisha. Et la rencontre est formidable.

Himë Berisha, la rencontre

« Un jour, Michel m’appelle et me dit qu’il avait vu qu’un certain Himë Berisha était libre et qu’il faudrait le contacter. Himë quoi, qui? Moi, je ne connais pas bien ce monde-là et je ne lis vraiment pas votre site tous les jours. Je préfère largement le boulot avec les juniors, donc je ne m’informe pas trop sur le monde des actifs. Bon, je note son nom: Himë Berisha. Mais je connais Michel: il a énormément de bonnes idées, mais il ne fait pas toujours les choses dans la minute. Moi, c’est le contraire (rires)! Alors, je lui ai dit: Michel, envoie-moi son numéro. Mais pas dans une heure ou deux, maintenant! Une minute plus tard, j’ai ce numéro qui s’affiche sur mon écran et j’appelle donc ce Himë Berisha sans avoir la moindre idée de qui j’appelais. Je me présente, je lui dis qu’on a besoin d’un entraîneur, je le sens un peu distant… Et puis, je décide de jouer cartes sur table.Je lui dis qu’on n’a pas d’argent, mais qu’on a un projet, reformer une équipe avec des jeunes. Et là, alors que je me dis que c’est foutu, que j’ai perdu cinq minutes de ma vie, il me dit que ça l’intéresse. J’ai reposé le téléphone et j’ai eu une bonne sensation. »

Le courant a passé tout de suite

Joël Guignet, comme le ferait tout le monde, tape alors le nom de son futur entraîneur dans google. « Et là, je vois ce grand gaillard, tatoué de partout, sa barbe! C’est un personnage, hein, il est impressionnant, Himë. On décide de se voir et là, le courant passe tout de suite. En une minute, c’était gagné. Et depuis, tout va bien », sourit le vice-président, qui avoue prendre du plaisir aux matches de la première équipe. « En fait, la sensation que je trouve incroyable, c’est de voir que le boulot accompli se transcrit aux classements. Il y a une vraie corrélation entre l’ambiance dans le club et ce que fait la première équipe et ça, j’avoue que c’est une belle sensation. » Avec 6 victoires en 6 matches depuis le début de saison, il y a en effet de quoi être satisfait pour l’ES Malley, solide leader du groupe 1, qui s’apprête à aller défier LUC-Dorigny II (dernier avec 0 point) samedi.

La Tuilière, oui, mais pas n’importe comment

Alors, oui, tout va bien à Malley, qui est en train de remonter la pente. Et cela, forcément, fait plaisir à tout le monde, surtout que le nouveau stade de la Tuilière arrive à l’horizon 2019. « Ah, le nouveau stade… C’est très bien et ça nous fait rêver. Mais justement, je ne voulais pas qu’on se dise qu’emménager là-bas allait nous permettre de régler tous nos problèmes comme par magie. Au contraire: travaillons bien et faisons tout pour arriver là-haut en position de force. J’ai envie qu’on soit fiers d’entrer dans la Tuilière avec un club sain, une belle équipe, en étant fiers de l’histoire de l’ES Malley et de qui on est. » Joël Guignet, un homme de valeurs.

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