Malley a retrouvé le plaisir de la victoire

« Ils n’ont rien compris », rigole Himë Berisha, pas du tout mécontent de son coup. Arrivé à l’ES Malley cet hiver, le Kosovar a repris la première équipe d’un club qui avait perdu l’habitude de gagner des matches. On ne va pas refaire tout l’historique, nos lecteurs le connaissent par coeur à force, mais disons simplement que depuis trois ans, la I de l’ES Malley avait gagné exactement six matches de championnat. En une phrase, tout est dit. Alors, forcément, après le premier match de 2016, une cinglante victoire 5-0 face à Baulmes, le président Michel Roulier et le vice-président Joël Guignet ont eu envie de féliciter leur équipe. « Ils étaient devant le vestiaire avec des boissons, tout contents, avec un grand sourire. Je leur ai dit qu’ils pouvaient entrer pour féliciter l’équipe s’ils le voulaient. »

Mais, dans l’intimité du vestiaire, Berisha a fait… du Berisha. « J’ai gueulé, j’ai dit aux joueurs qu’ils n’avaient pas de quoi être fiers. Ils n’ont absolument rien monté! Oui, bien sûr, il y a les trois points, mais la manière n’y était pas du tout! Je les ai clairement avertis qu’ils devaient faire bien mieux à l’avenir! Si on joue tout le championnat comme ça, on n’a aucune chance! » Et puis Himë Berisha s’est tourné vers son président et son vice-président. « Ils étaient choqués! J’ai bien vu, ils avaient les yeux grands ouverts, ils ne comprenaient pas… Pour une fois qu’ils gagnaient un match, ils voient leur nouvel entraîneur engueuler ses joueurs », explose-t-il de rire, une semaine après les faits.

Six joueurs arrivés d’Epalinges cet hiver

Ainsi est Himë Berisha, entraîneur hyper-exigeant, mais qui adore ses joueurs. « Toumi Trabelsi est venu vers moi après mon coup de gueule. Il me connaît bien, ça ne le touche pas, mais il m’a dit que les plus jeunes avaient été un peu choqués. Je lui ai répondu que tant mieux, c’était le but! ». Toumi Trabelsi? Oui! L’ancien joueur du Mont est désormais un Stellien, lui qui a quitté Epalinges après un autre feuilleton que nos lecteurs connaissent bien. Il n’est pas venu tout seul, en plus. Kagan Bayhanay, Kelvin Besic, Benjamin Gmür et Franck Koffi sont également arrivés, tout comme l’immense Mourad Boutafenouchet, un joueur qui serait titulaire dans à peu près toutes les équipes de 2e ligue inter vaudoises aujourd’hui.

Comment Malley a-t-il fait pour attirer ces joueurs-là? La réponse est simple: Himë Berisha. « Ils sont tous venus pour me donner un coup de main, sans aucune contrepartie financière. De toute façon, ils n’avaient rien d’autre. Seul Mourad m’avait prévenu qu’une très bonne équipe de 2e ligue le suivait de près, mais ils ont choisi un autre joueur. Alors, il est venu à Malley pour moi. Tous ces joueurs-là se sont engagés jusqu’à la fin du championnat, gratuitement. Pour ce qui est de la saison prochaine, je suis optimiste: on va réussir à mettre un petit budget sur pied pour qu’ils puissent tous rester avec nous. Ce sera très raisonnable, mais j’ai envie de construire sur le long terme ici. Et le comité avec moi. »

En 2e ligue à l’été 2017, dans un nouveau stade?

Six joueurs sont donc arrivés d’Epalinges et Malley a également pu attirer Shpëtim Azizi, d’Ursy. « C’est le chef de ma défense, il est parfait dans ce rôle », se réjouit Himë Berisha, dont l’objectif est clair: le maintien par tous les moyens. « Ensuite, on visera la 2e ligue dès la saison prochaine, pour entrer dans nos nouvelles installations à la Tuilière en étant à ce niveau. L’idée, c’est de commencer le championnat 2017-2018 en 2e ligue, avec notre nouveau stade ». Un optimisme sur deux tableaux, donc, mais pas du tout irréalisable. Le grand stade de la Tuilière, celui du LS, sera prêt en 2019, pas avant (si tout va bien), mais les annexes, si l’on ose dire, devraient l’être bien avant. « C’est ce qu’espère tout le monde à Malley en tout cas », continue Himë Berisha.

Des bons jeunes, désormais bien entourés

L’ES Malley est donc bien meilleure qu’au premier tour, grâce à l’arrivée de ces nombreux renforts, lesquels vont admirablement venir compléter un contingent très jeune. « C’était le problème à Malley ces dernières années. Il y avait du talent, mais pas assez bien entouré. Et pour ça, des gars comme Toumi et Mourad sont parfaits: ils parlent, ils corrigent, ils soutiennent. C’est ce qui manquait! Parce que du talent, il y en a. Quand je vois des jeunes du club comme Antoine et Victor Pache, Tran Manh, Abdoulaye Diallo ou Joao De Jesus, je vois qu’il y a du potentiel. Mais on ne peut pas tous les mettre en actifs d’un coup! Oui, il y a une formation de qualité, mais ça ne suffit pas. On l’a vu ces dernières années: quand on intègre des jeunes trop vite, ce n’est jamais bon. Il faut qu’ils viennent une fois, puis deux, puis terminent leur formation en juniors. Il ne faut surtout pas les griller. Moi, j’adore lancer des gamins, mais pour y arriver, il ne faut pas les lancer trop tôt et tout le temps », continue Himë Berisha, désireux de poser les bases d’un projet à long terme.

Serge Mobwete est le nouveau directeur technique

Il s’est d’ailleurs entouré de son adjoint à Epalinges, Irhad Hasanovic, mais aussi de Serge Mobwete. L’ancien attaquant du LS officie comme directeur technique. Et lui aussi voit l’ampleur de la tâche qui l’attend: « Il y a énormément de boulot, mais tout le monde est réceptif. Les coaches des jeunes ont envie de travailler avec Himë et ils font du très bon travail. On espère que le fait d’avoir une première équipe compétitive va encore plus les motiver. »

« Cela fait longtemps que je n’avais pas entraîné une équipe avec autant d’envie »

Le chantier est en effet de taille, même si le grand mouvement juniors de l’ES Malley est toujours une réalité. « Mais ce qui me fait très plaisir, c’est de constater l’envie que montre tout le monde. Du comité aux joueurs, on sent qu’il y a une vraie passion du foot. On a un taux de présence à l’entraînement qui est proche de 100% et les gamins ont envie d’apprendre. Franchement, cela fait longtemps que je n’avais pas entraîné une équipe avec autant d’envie. La dernière fois, c’était à Genolier-Begnins, je dirais. Quand je suis arrivé à Malley, lors des premiers entraînements, j’ai eu peur. J’ai failli partir en dépression en voyant la qualité de certaines passes et de certains contrôles. Mais semaine après semaine, je vois que ces gamins progressent et, surtout, ils écoutent chaque conseil qui leur est donné et ils le mettent en pratique. C’est gratifiant et cela montre qu’il y a quelque chose à faire ici. De toute façon, moi je n’ai jamais aimé le discours qui consiste à dire que les jeunes aujourd’hui n’aiment plus le football. Ils l’aiment d’une façon différente qu’il y a vingt ans, peut-être, mais il est encore possible de créer quelque chose », termine Himë Berisha, plein d’énergie à l’heure d’affronter ce deuxième tour qui doit permettre à Malley de sauver sa peau en 3e ligue. « On a trois points de retard sur la barre et on vient de battre 5-0 l’équipe se trouvant juste devant nous. Bien sûr que je suis optimiste. Bon, ce week-end, on va à Champagne, ce sera dur. Mais on y croit! Avec deux victoires de suite, on se retrouve tranquillement en milieu de classement. C’est le but. »

Deux victoires de suite à Malley? C’est sûr, les temps ont bien changé au Bois-Gentil.

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