Mikael Duperret, l’homme à tout faire

« C’était juste avant la mi-temps. Quand j’ai vu Warpi prendre la rouge, je me suis dit: c’est bon grand, tu vas y avoir droit! » Mikael Duperret espérait bien rester sur le banc pendant tout le match dimanche face à UGS. L’attaquant de La Sarraz-Eclépens était en effet blessé au tendon et ne devait pas jouer. « Mais bon, comme Kris Abatantuono, notre deuxième gardien, est toujours indisponible, j’ai accepté d’aller sur le banc si jamais… » Et le « si jamais » s’est transformé en 50 minutes dans les cages face au leader du championnat de 2e ligue inter, suite à l’expulsion de Damien Warpelin pour une faute de dernier recours fortement contestée par les Sarrazins. Une première pour Duperret? « Non, j’ai déjà joué quelques minutes la saison dernière et à l’entraînement, je vais de temps en temps aux buts. J’aime bien ça. Mais là, dimanche, je n’y pensais vraiment pas. » Il est donc entré à la 40e, n’a pas pu stopper le penalty (« mais j’ai plongé du bon côté! »), et, surtout, n’a plus pris le moindre but jusqu’à la fin du match!

Alors, va-t-il concurrencer Warpelin pour la suite du championnat? « Non, je ne pense pas! Mais il faut qu’il se méfie quand même », rigole-t-il en commentant l’épisode de dimanche. Les joueurs d’UGS ne se sont-ils pas rendus compte qu’un joueur de champ se trouvait aux buts? « Oui. ils l’ont vu. Forcément, j’ai pris le maillot de Warpi, donc ils ont bien dû se douter de quelque chose. D’ailleurs, en deuxième période, ils ont tenté des frappes impossibles de 30 mètres! Quand j’ai vu ça, je me suis dit que j’étais tranquille, même si je ne pouvais pas courir à cause de mon tendon! »

« Il était prévu que je sois uniquement attaquant cette saison »

Mikael Duperret est donc bien l’homme à tout faire du FC La Sarraz, lui qui, lors d’une discussion cet été avec Jean-Philippe Karlen, était prêt à se focaliser sur le poste d’attaquant. « Il me l’avait clairement dit: cette saison, j’allais être en concurrence avec Hervé Rickli et Valon Hysenaj pour les deux postes en attaque. J’étais content: enfin, j’allais pouvoir me concentrer sur un poste! » Le résultat? En quatre journées, j’ai joué un match défenseur central, une mi-temps attaquant, un match sur le banc et une mi-temps aux buts! Et comme Warpi est suspendu pour le prochain match et que Kris n’est toujours pas revenu… » Explosion de rire chez ce courtier en publicité de 32 ans, dont la bonne humeur permanente est une marque de fabrique.

Un vrai pitre dans le vestiaire

Tous ses coéquipiers le disent: « Mika » est un joueur formidable sur le terrain, mais aussi dans le vestiaire. Toujours en train de faire le pitre, de trouver le bon mot ou de faire la bonne blague. Quand il est dans les parages, prière de se méfier, un sale coup n’est jamais loin. Tous les clubs qu’il a fréquenté, entre Yverdon, Valmont, Bonvillars, Baulmes, Bavois et La Sarraz savent qu’avec lui, il faut planquer ses affaires, de peur de les retrouver trempées au milieu de la douche, perchées sur un arbre ou étalées au milieu de la route. A un repas de soutien à Bavois, alors qu’il jouait peu, il n’avait pas hésité à prendre le micro et à monter sur scène pour… imiter son entraîneur René Zingg, son accent alémanique, ses théories (parfois) difficilement compréhensibles et sa coupe de cheveux aléatoire, devant une salle pliée en deux. Zingg en avait ri aux éclats… mais ne l’avait pas remis sur le terrain le week-end suivant pour autant! Mikael Duperret est donc ce qu’on appelle un bon type, toujours à 100% sur le terrain.

International des M16 aux M18 avec Diego Benaglio

Sa polyvalence l’a peut-être un peu desservi, lui qui aurait clairement pu prétendre à un destin en ligue nationale. Formé à Yverdon, il a fait des apparitions très remarquées en Challenge League au début des années 2000, marquant notamment un but d’anthologie à Baden. Son destin aurait pu s’écrire au Stade Municipal, mais une offre de La Chaux-de-Fonds, repoussée par Yverdon, viendra lui donner quelques idées. Il s’en ira donc, ne retrouvant jamais le niveau qui avait fait de lui l’un des plus sûrs espoirs du football vaudois. Une preuve? Il a porté le maillot de l’équipe de Suisse pendant plusieurs années, des M16 aux M18. « Des moments formidables. Nos gardiens étaient Diego Benaglio et Marco Wölfli, et il y avait aussi Roland Schwegler, Alain Rochat, Patrick Baumann, Yves Miéville. J’en garde de très bons souvenirs. » N’a-t-il pas quand même un peu de regrets, à l’heure de jeter un regard en arrière sur sa carrière? « Non, vraiment pas. Je suis heureux de ce que j’ai fait, c’est tout. Le football, c’est une question d’opportunités. Si j’avais enchaîné les matches à Yverdon, j’aurais peut-être pu avoir un contrat professionnel, d’accord. Mais j’ai fait mon chemin ailleurs, et j’en suis heureux. Ce qui compte aujourd’hui, c’est que je me sente bien dans ma vie. J’ai trouvé un équilibre entre un joli niveau de foot quand même, le boulot et ma fille Olivia, que j’aime plus que tout. »

Capitaine de la sélection suisse à la fin du mois

L’équipe de Suisse, il va pourtant la retrouver dès la fin de ce mois, puisqu’il sera le capitaine de la sélection emmenée par « Tonton » Tharin et Jean-Philippe Karlen. Celle-ci, représentant l’ACVF, a battu le Tessin en qualifications et disputera le tournoi dit « intermédiaire » de l’UEFA Regions Cup, du 24 au 30 septembre en Serbie. « Un honneur incroyable, en plus avec le brassard! », se réjouit Duperret, qui parle cependant moins bien anglais qu’il ne joue au football. « Pas grave, j’inventerai sur le moment, il y a bien des mots qui vont me passer par la tête. » En espérant que ce soient les bons! « J’espère juste que je pourrai soigner ce vilain tendon d’ici-là. Heureusement, on ne joue pas ce week-end avec La Sarraz, je vais pouvoir me reposer un peu pour arriver en forme. Ca me tient vraiment à cœur qu’on fasse un gros tournoi. » Et la fête après les matches? « Après le dernier, et seulement si on a remporté le tournoi! J’aime bien déconner, mais là, on y va avec le maillot de l’équipe nationale. On aura trois matches en cinq jours, donc je peux déjà vous dire qu’on y va dans un état d’esprit ultra-compétiteur. On veut d’abord terminer premiers du groupe, et on aura bien le temps de faire la fête après. » On lui confiance pour les deux tâches.

« Douperret, je te choperai! »

Une dernière anecdote pour finir? « Vous voulez vraiment? Vous voulez savoir quoi? » Un seul nom suffit à faire ressurgir quelques souvenirs: Admir Smajic, son entraîneur à Yverdon, qu’il a retrouvé ensuite à Baulmes comme directeur technique. « Ah, Admir! Lui, c’est un fou de football, un entraîneur incroyable. C’est le plus fort de tous. Mais il a un énorme franc-parler, l’insulte facile et est ultra-exigeant. A Yverdon, j’étais le jeune, l’espoir, et il ne me lâchait pas. Je n’avais pas une minute de répit, c’était toujours « Douperret, fais-ci, fais-ca. » J’étais jeune, je ne comprenais pas pourquoi il s’acharnait sur moi. Et j’avais une réputation de gars qui sortait, même si c’était largement exagéré. Un jour, j’étais moins bien à l’entraînement, il me gueule dessus devant tout le monde. « Douperret! Je sais que la nuit, tu vas en boîte! Je vais te traquer, Douperret, je te choperai! Je te choperai! » Il a répété cette phrase mille fois! Après l’entraînement, il me voyait: « Je te choperai! », c’était devenu sa phrase préférée, comme un tic. Mais il ne m’a jamais trouvé en boîte de nuit. Par contre, lui, à force de me chercher, il a fini par y rester scotché et c’est lui qui passait toutes ses nuits dehors finalement! »

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