Sandrine Mauron, l’humilité au service du talent

Noémie Beney n’est pas exactement quelqu’un de timide. Alors, quand l’ancienne internationale suisse a pris le micro lors du repas de soutien de Team Vaud Féminin, vendredi à Chavornay, on n’était pas spécialement inquiet pour elle. Parler devant 220 personnes, voilà qui n’a pas de quoi faire peur à l’Urbigène, surtout dans un cadre festif. Après avoir procédé à diverses animations (dont la très attendue élection de Miss Team Vaud Féminin), Noémie Beney a appelé Sandrine Mauron sur scène. Une ancienne internationale qui en appelle une toute nouvelle, voilà un passage de témoin qui nous plaisait bien, surtout qu’on se réjouissait de découvrir cette jeune fille de 19 ans dont tout le monde nous parlait et que, honte à nous, nous connaissions mal.

Une sélection en équipe A, un but

Alors, elle s’est avancée, la nouvelle sélectionnée en équipe de Suisse A. Et elle a parlé, d’une petite voix, tout en humilité, disant tout le bien qu’elle pensait de la structure Team Vaud, qui l’avait amenée là, avec ce maillot rouge à croix blanche. Sans en dire vraiment plus, Sandrine Mauron a remercié tout le monde. Noémie Beney lui a alors demandé de raconter sa première sélection avec les A, il y a quelques semaines en match de qualification pour les Jeux Olympiques de Rio. Gênée, la milieu de terrain de 19 ans a expliqué avoir été titulaire parce que l’équipe était déjà éliminée et que le sélectionneur, Martina Voss-Tecklenburg, voulait faire tourner. Et que, donc, presque par accident, elle s’est retrouvée sur le terrain.

Ce n’est qu’en insistant beaucoup que Noémie Beney a réussi à lui faire dire que pour sa première sélection, Sandrine Mauron avait marqué, qui plus est face à la Norvège, une des meilleures nations européennes. En s’excusant presque, la néo-internationale a fini par avouer que oui, c’est bien elle qui avait marqué ce but. Et Noémie Beney de prendre la salle à témoin, en souriant: « Voyez, mesdames et messieurs, vous avez devant vous une fille qui marque un but face à la Norvège lors de sa première sélection en équipe nationale A et qui n’ose pas vous le dire. » La salle a alors réservé un triomphe, mille fois mérité, à la Nord-vaudoise, sous le regard fier de son père Frédéric, entraîneur bien connu autour des terrains de la région.

Une humilité qui cache un sacré caractère sur le terrain

Non, Sandrine Mauron n’a pas à s’excuser d’avoir du talent et d’avoir travaillé dur pour l’utiliser comme il faut. Voilà une fille qui, à 18 ans, n’a pas hésité à quitter son domicile de Valeyres-sous-Montagny pour s’en aller tenter sa chance au sein du FC Zurich Frauen, la plus puissante organisation du pays. « Ce n’était pas facile au début », avoue-t-elle humblement, encore. Mais aujourd’hui, le défi est plus que réussi: la voilà titulaire au milieu de terrain d’une équipe de Champions League, et désormais appelée en équipe nationale. Alors, vendredi soir, on l’a quittée à Chavornay en se disant que cette humilité, tellement vraie, tellement réelle, devait cacher un sacré caractère sur le terrain. Sinon? Impossible de s’imposer parmi ce qui se fait de mieux en Suisse.

Milieu défensif en première période, un peu plus haut ensuite

De toute façon, on n’allait pas tarder à savoir ce qui faisait d’elle l’un des plus sûrs talents du football suisse. Ce lundi, à 14h30, le FC Zurich Frauen se déplaçait en effet à… Yverdon, son ancien club, pour y disputer une demi-finale de Coupe de Suisse. Les Alémaniques se sont imposées logiquement 0-2, non sans souffrir un peu, et, au milieu de terrain, une fille a rayonné: Sandrine Mauron, bien sûr. Positionnée comme milieu défensif avant la pause, un peu plus haut ensuite, elle a montré à tout le monde pourquoi c’était elle la joueuse de demain, et même un peu d’aujourd’hui. Prise d’information avant tout le monde, vision du jeu, volonté de récupérer le ballon et d’aller de l’avant: elle a tout. Tout simplement.

Une action qui résume tout

Alors que Zurich peinait à développer son jeu habituel face à une équipe d’YF (très) bien en place, elle a montré en une action pourquoi son potentiel était supérieur aux autres. Cela peut paraître anodin, mais c’est diabolique. A la 28e, Yverdon Féminin s’est créé une action de contre, côté droit. Toutes les joueuses de défense zurichoises tournaient le dos au ballon, en panique. La numéro 19, elle, a jeté un coup d’oeil périphérique, a vu que la seule passe dangereuse pouvait être faite en direction de Valentine Rahm. Elle a alors fermé le couloir, avec une intelligence folle, récupérant le ballon facilement. Ensuite? Un « une-deux » avec une coéquipière, avec une volonté naturelle de jouer vers l’avant, et une action gâchée par une de ses attaquantes. Pas un mot, elle se replace et elle recommence. Oui, cette fille a quelque chose de spécial. Peut-être pas sur scène, mais sur un terrain de football. Le seul endroit où ça compte.

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