Trois présidents, une seule philosophie

Ces trois hommes-là partagent beaucoup de choses. La principale? Ils sont les trois derniers présidents du FC Stade-Lausanne-Ouchy, raison pour laquelle nous les avons réunis en cette fin d’année. Tous trois sont des entrepreneurs, des gens que l’on peut qualifier sans trop se tromper de brillants dans leurs affaires. Alain Vallélian est le dernier arrivé, lui qui vient d’être élu par l’assemblée générale du SLO pour devenir le président des années à venir. Succéder à Charles Berney n’est évidemment pas une chose facile, mais avec le soutien de celui-ci, c’est déjà moins compliqué. « Bien sûr qu’il est bon, je l’ai choisi », sourit celui que tout le monde du côté de Vidy appelle avec respect Monsieur Berney. Le troisième homme de ce trio? Alain Rochat, bien sûr, président du Stade de 2001 à 2010. Les deux prédécesseurs d’Alain Vallélian ont, d’ailleurs, d’ores et déjà été élus présidents d’honneurs du Stade.

Un président qui sait pouvoir compter sur ses deux prédécesseurs

Ils partagent tous trois une même philosophie, celle d’un club familial, mais bien géré. Au Stade, on a des valeurs, et ce ne sont pas celles de l’argent jeté par les fenêtres ou de l’agressivité à mauvais escient. « On peut le dire comme ça: les fournisseurs sont payés, le club est sain, et on aime travailler selon une certaine éthique », glisse Charle Berney, qui n’hésite pas à poser un petit tacle à d’autres clubs situés pas trop loin et qu’il ne porte guère dans son coeur. « Je suis conscient de ce que ce club représente », enchaîne Alain Vallélian, qui insiste régulièrement sur le plaisir que doit éprouver chacun à porter les couleurs stadistes. Même avant son intronisation officielle, il a fait le tour de toutes les équipes juniors chaque week-end, et continue d’ailleurs à le faire. « De la première équipe aux juniors F, j’ai envie de tout faire pour que cet héritage perdure. Ici, on a envie de gagner, mais pas n’importe comment », glisse le nouveau président du Stade, qui sait qu’il peut toujours compter sur ses deux prédécesseurs, dont les entreprises sont des partenaires importants du Stade. « Quand j’ai des doutes, je m’appuie sur Charles et Alain, je sais qu’ils répondront toujours président », conclut sur ce sujet Alain Vallélian.

Charles Berney courbait le catéchisme pour aller à Vidy…

« J’ai pris du recul, mais je suis toujours là en soutien », ne cache pas Charles Berney, dont les affaires et le plaisir l’amènent régulièrement du côté de Miami. Mais même là-bas, en Floride, il a une pensée quotidienne (« au moins! ») pour le Stade, le club qu’il aime depuis tout gosse. Car en fait, le seul « vrai » Stadiste des trois, c’est lui! « Oui, c’est vrai. Mes deux collègues le sont évidemment dans l’esprit, mais dans les faits, je suis le seul à avoir passé mon enfance ici, moi, le Genevois. » On lui demande de développer, ce qu’il fait avec plaisir et un brin d’espièglerie: « Mon père a été président central du club, ce qui englobe tous les sports, pas seulement le football. Il a contribué à le redynamiser après la deuxième guerre mondiale, en participant à la rénovation des lieux. C’est une chose qu’il faut savoir: à Vidy, les installations ont été construites par des Stadistes, des gens qui ont ce club dans le coeur. » Et lui, alors, quel est son lien avec le Stade? « Moi? On habitait Sous-Gare, pas trop loin, mais pas tout près non plus. Dès que je pouvais, je courbais le catéchisme et je courais au stade! J’y étais tout le temps fourré. » On ose l’impertinence en lui demandant s’il payait sa place à l’époque. Il fulmine, gentiment: « Sachez, monsieur, que j’ai toujours payé ma place, même en étant président! Une question de superstition, peut-être… » Il sourit, avant de laisser les autres s’exprimer un peu.

Alain Rochat a pris son téléphone, un jour

« C’est le grand problème de Charles, il aime bien parler », rigole Alain Rochat, homme plus discret. Il a présidé le Stade durant 9 ans et a connu une période que l’on qualifiera de compliquée. « Il y avait des cadavres dans le placard, comme on dit. Avec Pierrette Renaud, notre regrettée secrétaire, on en a passé des heures à tout remettre en ordre, mais c’était difficile. Un jour, l’Office des Poursuites est même venu saisir la caisse directement après le coup d’envoi du match. Il devait y avoir quoi, 200 francs dedans… Et puis un jour, alors que Pierrette et moi étions en train d’envoyer les factures annuelles pour le soutien de nos sponsors, elle a attiré mon attention sur un cas en particulier, celui de Charles Berney. Elle m’a fait remarquer qu’il versait 1000 francs par année, sans avoir aucune présence à Lausanne, juste par amour du club. Charles avait ses affaires ailleurs, dans toute la Romandie, mais sans jamais rompre le lien qu’il avait avec le Stade. J’ai décidé de l’appeler, sans trop savoir à quoi m’attendre. Je ne lui ai rien caché, je lui ai dit que nous aurions besoin de plusieurs centaines de milliers de francs, sans quoi… » Ce à quoi Charles Berney lui a répondu: « Moi vivant, ce club ne disparaîtra pas! » « Il a bien joué le coup », sourit aujourd’hui Charles Berney, qui n’a pas renfloué les caisses tout seul, mais a fait partie d’un consortium de trois ou quatre personnes. Stade-Lausanne est donc resté en vie. « Mais Alain a failli tout faire capoter! », rigole Charles Berney. Comment ça? « Il avait organisé l’assemblée générale fatidique au Stade Olympique, à La Pontaise! Ca a failli me vexer, je vous promets! »

Un président touché par les marques de sympathie

Charles Berney est donc arrivé comme adjoint, ou assistant (« Comme vous voulez! ») d’Alain Rochat, avant de lui-même prendre la présidence de 2010 à 2014. Le temps des ambitions est revenu, sans que la première équipe ne puisse accéder à la 1re ligue, avant le mois de juin dernier. Le président était à l’étranger, mais ses joueurs ont tenu à lui faire parvenir un message, sur des panneaux brandis juste après le match. « Ca m’a touché, forcément », reconnaît-il volontiers.

LFA, une des fiertés d’Alain Rochat

Alain Rochat est donc l’homme qui a permis au Stade de survivre à des années de turbulence, ce qui doit quand même être une fierté, au fond, non? « Oui, peut-être. Mais si vous tenez vraiment à me faire avouer une fierté, ce serait plutôt celle d’avoir contribué à créer Lausanne Foot Academy, structure de pré-formation mise sur pied en collaboration étroite avec le Lausanne-Sport. J’en ai été à l’origine, avec le Stade, et cela oui, c’est une fierté. » Sous sa présidence, le Stade a également intégré Team Vaud, la suite « logique » de la LFA. Charles Berney fait un peu la moue: « Au début, je n’étais pas convaincu. Je trouvais qu’on perdait de l’identité de club. Mais avec le temps, je dois bien reconnaître qu’Alain avait raison. » Alain Rochat continue: « On a dû se battre, mais Team Vaud est une réussite. Ce qui ne doit pas empêcher le Stade de développer ses propres juniors, d’avoir des A, B et C Inter! La formation interne doit continuer d’exister, mais Team Vaud est un projet collectif. Et si on veut réussir quelque chose dans ce canton, il faut penser collectif. » Une valeur qu’il croit déjà déceler chez Alain Vallélian. « Oui, pour moi, c’est un rassembleur. On a besoin de quelqu’un comme lui aujourd’hui. Même si, comme moi, il n’est pas un vrai Stadiste! » Alain Rochat, originaire de la Vallée de Joux (comme Charles Berney d’ailleurs), a été formé à La Pontaise, avant de continuer sa route au sein de divers clubs lausannois. Alain Vallélian, lui, a déjà présidé un club, le FC Châtel-Saint-Denis, de 2001 à 2004.

Alain Vallélian a hérité d’un club sain et pas dépourvu d’ambition

« Coopté » par Charles Berney, il a donc pris les rênes du SLO et a la chance de pouvoir compter sur un club sain. Il pourra ainsi se contenter de gérer les affaires courantes, ce qui n’est déjà pas un mince boulot: « L’idée, c’est de développer le club dans son ensemble. On ne veut pas s’arrêter là. Aujourd’hui, nous sommes en 1re ligue avec un certain budget. Qui sait où nous serons demain? En travaillant bien, en convainquant des partenaires de nous rejoindre, nous pourrions avoir d’autres ambitions. » Sportivement, cette année est bonne, puisque la première équipe, sous la conduite d’Andrea Binotto, et la réserve, conduite par Jean-Pierre Tcheutchoua, peuvent toutes deux monter d’une ligue. « Et on les encourage à y arriver! On ne va pas se mentir, la montée de la I en Promotion League n’est pas prévue au budget, mais on va toujours respecter le sportif. » Charles Berney, qui écoutait religieusement depuis quelques minutes, coupe la parole à son successeur: « Ecrivez-le comme ça: si on monte en Promotion League, on assurera le budget. Vous m’avez compris? » On pense que oui.

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