Xavier Silva à Chavornay: ce qu’il s’est vraiment passé

Deux possibilités s’offraient à nous à l’heure d’écrire cet article. Soit on donnait la parole à tous les acteurs du feuilleton de l’hiver, soit à aucun. On a hésité, on l’avoue. Et puis, on a choisi: ce sera personne. Voilà depuis plusieurs semaines que l’on entend parler de cette affaire de tous les côtés et que, petit à petit, la vérité est sortie. Cela aurait été dans la lumière d’un club de l’élite, on en aurait fait à peu près dix articles, a priori. Mais, heureusement pour tout le monde peut-être, tout ceci s’est passé entre un club dont la première équipe évolue en 4e ligue (Rances) et un autre dont cette même première équipe est en stand-by pour douze mois (Chavornay). Ce qui ne nous empêche pas, aujourd’hui, de faire la lumière sur ces événements qui ont énormément fait parler d’eux dans le Nord vaudois.

Une arrivée déjà controversée au FC Rances

En résumé? Xavier Silva, entraîneur du FC Rances, est un jeune technicien ambitieux. Après avoir entraîné les A Inter du Mouvement juniors Orbe et région (MjOr), il a décidé de s’engager avec le FC Rances à l’été 2014. Avec lui sont venus de nombreux juniors, ce qui a eu le don d’agacer certains clubs partenaires du MjOr à l’époque. Théoriquement, ces jeunes auraient dû retourner vers leur club d’origine à la fin de leur formation, mais disons que rien n’empêche un joueur de signer pour le club de son choix. Xavier Silva s’est toujours défendu de les avoir influencés et a soutenu que chaque jeune avait décidé de rejoindre le FC Rances de son propre chef. Difficile de savoir où placer précisément le curseur, ce qui n’a de toute façon plus grande importance aujourd’hui. Rances, en tout cas, a récupéré il y a 18 mois un entraîneur extrêmement motivé, accompagné de plusieurs jeunes joueurs talentueux. Evidemment, un « package » très bon à prendre pour un club de village de 4e ligue, d’autant que Xavier Silva habite Rances, à quelques centaines de mètre du terrain de foot.

De bons entraînements, des résultats probants

Le FCR, sous la direction de son nouvel entraîneur, a d’ailleurs effectué une très bonne première saison. Les entraînements étaient de qualité, les joueurs aussi et le groupe était un bon amalgame entre les anciens du village et des environs et les jeunes arrivés du MjOr. Bref, ça jouait bien au foot, dans un bon esprit. Rances a d’ailleurs atteint les finales de promotion, sans parvenir à monter. Il s’en est fallu de peu, mais Xavier Silva avait toujours dit que l’objectif n’était pas forcément de monter dès sa première saison. Son idée? Bâtir un plan sur trois ans, avec une promotion dans ce laps de temps. La première année, cela aurait été un peu tôt. La troisième, peut-être un peu tard. Bref, c’était pour cette année.

Un peu de José Mourinho chez ce jeune entraîneur

Le seul bémol durant cette première année? Le caractère un peu volcanique de Xavier Silva, qui est bouillant sur son banc de touche. Jamais, cependant, l’entraîneur du FCR n’a véritablement dépassé les limites et il n’a d’ailleurs jamais été puni ou suspendu. Disons qu’il y a un peu de José Mourinho chez ce jeune homme et il a le droit de prendre cela pour un compliment, lui qui apprécie l’entraineur portugais. Bref, tout allait plutôt bien dans le (très joli) village nord-vaudois.

Chavornay cherchait un entraîneur et des joueurs

La saison 2015-2016 a d’ailleurs commencé sur les mêmes bases, avec un FC Rances séduisant et toujours en course pour les finales à Noël. Le « projet sur trois ans » en était pile à la moitié lorsque le séisme est arrivé. En clair? Chavornay, qui avait retiré sa première équipe à l’été 2015, a vu celle-ci être reléguée d’office en 3e ligue. Il fallait donc reconstruire une équipe en douze mois. C’est-à-dire trouver un entraîneur et des joueurs, vu que le FCC n’avait ni l’un, ni les autres.

La première rencontre a eu lieu en décembre

Xavier Silva, qui savait évidemment cela, s’est donc approché du FCC. Pas directement, bien sûr. Via des joueurs, qui ont été chargés d’approcher Jean-Marie Cornu, le président du FC Chavornay. La première rencontre a eu lieu avant Noël et le FCC, d’abord surpris, a accepté de rencontrer l’entraîneur du FC Rances. Celui-ci s’est présenté avec un projet bien ficelé, notamment un dossier de plusieurs pages témoignant de sa motivation et de son sérieux. Le comité du FC Chavornay s’est réuni, l’a entendu et a décidé de lui accorder sa confiance. Evidemment, le projet comprenait l’arrivée de plusieurs joueurs que l’on qualifiera de « proches » de Xavier Silva, mais aussi d’autres, venant d’autres clubs et pas forcément formés au MjOr. Tout était sous toit. Restait juste un détail: annoncer cela au FC Rances. Le FCC a été clair: il appartenait à son futur entraîneur d’aviser Emilio Lado, président du FCR.

Oui, les nouvelles vont très vite. Même celles qui doivent rester secrètes.

Un des problèmes dans cette histoire, c’est que Xavier Silva a un peu traîné à le faire, voulant laisser passer les fêtes et ne désirant pas déranger les gens du club pendant une période de repos. Il partait en vacances de Noël au Portugal le lendemain de son engagement officiel avec Chavornay et pensait que l’information resterait secrète jusqu’à son retour. C’était un peu sous-estimer la vitesse avec laquelle les nouvelles circulent dans le football vaudois… Emilio Lado a ainsi été averti de ce qui se tramait dans son dos (et dont il n’avait aucune idée) par… le président d’un club voisin! D’abord incrédule, puis furieux, le président du FC Rances a réuni son comité élargi en urgence et a immédiatement convoqué son entraîneur.

Xavier Silva estime avoir eu l’élégance de partir six mois avant

Le contenu de la réunion? Un président très déçu d’apprendre que son entraîneur, initialement porteur d’un projet sur trois ans, avait signé dans un autre club, et un entraîneur qui n’avait pas tout à fait le même avis. La position de Xavier Silva? Il estimait avoir agi correctement, laissant au FC Rances six mois pour se retourner et chercher un nouvel entraîneur. Aurait-il mieux valu qu’il annonce sa signature après le championnat et une éventuelle promotion, laissant au FCR trop peu de temps pour se retourner? Lui voulait continuer son aventure à Rances jusqu’au mois de juin et s’en aller ensuite à Chavornay, montée en poche ou pas. Un de ses arguments? Le fait qu’il ne se sentait pas assez soutenu au sein du FC Rances, malgré une bonne volonté et une motivation évidentes.

Une séparation immédiate

Le comité du FCR n’a cependant pas aimé la manoeuvre et décision a été prise de se séparer avec effet immédiat. Officiellement, la décision a été prise d’un commun accord, mais qu’il s’agisse d’une démission, d’un licenciement ou d’un accord, le résultat est le même et, au fond, cela a peu d’importance: Xavier Silva n’est plus l’entraîneur du FC Rances depuis le milieu du mois de janvier.

Une décision forte, mais qui comportait des risques

Le club ransignolet a donc opéré un choix fort, mais risqué. L’idée était évidemment de montrer une certaine autorité et de préciser à Xavier Silva que, oui, il avait eu la bonne idée d’annoncer son départ six mois avant que celui-ci soit effectif, mais que, surtout, Emilio Lado avait été fâché de l’apprendre de la bouche d’une personne étrangère au club. En clair, cent personnes ont été au courant de l’arrivée de Xavier Silva à Chavornay avant que le président du FC Rances n’en entende parler. Et ça, c’était difficilement acceptable pour le comité du FCR. Décision a donc été prise de se séparer du coach, avec un risque réel: que les joueurs qu’il avait amené décident de partir. Xavier Silva est en effet un technicien apprécié des jeunes avec lesquels il travaille et il était clair que beaucoup lui resteraient fidèles, même s’il se retrouvait sans club jusqu’à l’été.

Oui, Rances a subi une saignée

Cela a-t-il été le cas? Oui. Rances a subi une saignée avec plusieurs départs dommageables. Le meilleur joueur, l’avant-centre Ken Castellanos, est parti au FC Bavois II. D’autres sont partis à Chavornay (à la II, en 4e ligue, en attendant la I cet été) et d’autres encore ont signé à Montcherand. Rances s’est donc retrouvé dans une situation délicate: en course pour les finales, mais sans entraîneur et privé d’un coup de plusieurs joueurs importants.

Sébastien Guex a accepté de relever le défi

Il a donc fallu trouver un entraîneur, ce qui a été chose faite avec l’engagement de Sébastien Guex. Figure emblématique du village (et ancien avant-centre du FC… Chavornay!), il a accepté de prendre en main pour la première fois une équipe d’actifs, avec un certain courage. Le soir-même de son intronisation (le fidèle Laurent Seiler reste comme assistant), il a vu les jeunes joueurs partir un à un vers d’autres cieux. Il a cependant accepté de relever le défi, se moquant bien du passé. Son arrivée a d’ailleurs eu un effet positif sur d’anciens joueurs, qui ont accepté de rechausser les crampons pour rendre service à leur club de coeur. Cédric Clausen, Hervé Zéni et d’autres ont ainsi décidé de revenir pour ce deuxième tour. Rances aura donc bel et bien une équipe, avec un entraîneur motivé et des joueurs moins jeunes, mais avec d’autres qualités. Aller chercher les finales s’annonce compliqué, mais Rances, c’est sûr, ne va pas sombrer. Disons simplement que la vieille garde est de retour et que la page Xavier Silva est tournée.

Au final, tout le monde semble gagnant

Rances s’en tire donc bien, ou de manière moins grave qu’initialement craint. Xavier Silva, lui, a obtenu ce qu’il voulait avec sa signature à Chavornay, un club qui, objectivement, a plus de potentiel que le FC Rances. Et le FCC sort également gagnant de cet hiver, avec la signature d’un entraîneur, accompagné sans doute de nombreux joueurs. Reste que le FC Chavornay prend un risque, quand même, en engageant un entraîneur talentueux et ambitieux, mais à la réputation désormais controversée. Là où le FCC doit se méfier? Xavier Silva a signé, d’accord, mais tous les joueurs qui sont partis dans les autres clubs, pas encore. On l’a dit, tous n’ont pas été formés au MjOr et certains des futurs renforts viennent d’ailleurs. Mais la question mérite d’être posée: viendront-ils vraiment tous en juin? C’est le plan, en tout cas, et ces joueurs-là ont toujours suivi leur emblématique entraîneur jusqu’à aujourd’hui. Chavornay, de toute façon, a fait son choix. Il aura énormément fait parler cet hiver, mais, au final, les trois parties (Rances, Chavornay, Xavier Silva) s’en sortent bien. Pour ce qui est des circonstances, on laisse chacun de nos lecteurs seul juge.

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