Deux clubs fusionnent, la « Une » bouillonne

Michael Pacella s’est retrouvé du jour au lendemain propulsé à la tête de la 3e ligue, un challenge qu’il a relevé avec brio, ponctué d’une promotion en 2 e ligue et un nouveau record pour le club. Malgré cela, la fusion avec le FC Boveresses a laissé des séquelles. Rencontre avec l’un des plus jeunes entraîneurs de sa catégorie.

Comme un symbole, le rendez-vous est donné à la buvette qu’occupait le FC Boveresses, qui n’est désormais qu’une seule et même entité avec le FC la Sallaz sous le nom de « Lausanne Nord Academy. »


Tu es entraîneur de la première équipe depuis quatre saisons, comment a démarré l’aventure ?

« Tu connais l’histoire, j’entraînais les juniors C inter du club, puis il a fallu prendre les juniors B,  j’ai été dispo pour le club et j’ai accepté de les reprendre avec toi. Six mois plus tard, on nous a confié les clefs de la une. C’était un choix évident pour le club et j’avoue que le monde des actifs m’intéressait, ça faisait 16 ans que j’entraînais des juniors. On nous a fait confiance et c’était une belle opportunité. »

Comment cela s’est passé pour toi ?

« C’était une volonté de travailler avec les jeunes. La plupart était des juniors B. On a beaucoup travaillé pour rattraper les manquements du passé. Durant la première année en 3e ligue, on a composé sur le tas et on a sorti 10 points au premier tour. On a réalisé un deuxième tour excellent pour terminer au milieu du classement. La saison suivante a été celle de la promotion, j’ai pu travailler comme je le désirais et avec un effectif intéressant. On a gagné les finales pour rejoindre la 2e ligue. Le souhait du club était de se maintenir mais nous en voulions plus, et nous avons réalisé une belle saison. »

L’équipe de Michael Pacella retrouve la 2e ligue après une saison remarquable.

Bien plus qu’une belle saison pour le club, un record avec 39 points, c’est la meilleure saison en 2e ligue de l’histoire de la Sallaz…

« Oui, on a beaucoup travaillé et ce résultat est une belle conclusion pour le club avant sa fusion. C’est d’autant plus gratifiant que nous n’avons jamais eu de budget dans le club. On avait que des moyens humains et on a réussi ce joli parcours. »

Une fusion officielle depuis le 1er juillet avec le FC Boveresses, vous êtes désormais un seul club nommé « Lausanne Nord Academy », quels en sont les changements ?

« Pour les juniors c’est génial, il y a au moins une équipe dans chaque catégorie, des infrastructures pour nos jeunes et des entraîneurs qualifiés pour la formation. Pour la première équipe, la fusion a eu l’effet d’une bombe. J’ai plusieurs joueurs qui sont partis dont 7 ou 8 à Luc Dorigny. Certains ne voulaient pas jouer avec les joueurs du FC Boveresses et inversement et ça a donné un scénario désastreux pour nous. »

Après une saison record pour le club : 39 points, 5e au classement, te voici avec un bilan bien différent : 0 point en 6 matches. Comment expliquer cela ?

« Si j’avais eu la même ossature avec quelques renforts, aujourd’hui on serait dans les trois premiers très clairement. On jouerait pour monter, mais avec cette situation on ne joue même pas le maintien. On se demande comment on va se maintenir ! C’est ça le plus grave. »

Est-ce que ton rôle est remis en question ?

« Non pas du tout, le comité me fait confiance et tout le monde au club est conscient de la situation, mais il y a des tensions à l’interne qui n’ont pas forcément de lien avec la première équipe mais qui pèse lourdement et qui me pousse même à me demander si je vais rester ici ou pas. Encore une fois rien à voir sur l’aspect sportif, ça fait 3 ans qu’on joue le haut du classement et bien que cette année soit beaucoup plus difficile, le challenge de pouvoir maintenir une équipe qui n’a pas les armes pour lutter, c’est un véritable défi sportif mais ce sont toutes ces choses autour qui découragent vraiment.

Mon gros souci aujourd’hui est d’ordre humain. Ce sont des tensions qui épuisent et qui saturent vraiment. On devrait avoir un club soudé avec un lieu fédérateur et non pas des critiques à tout va dans tous les sens. Je crois que le Président et le vice-président ont fourni un job extra et vraiment compliqué à réaliser et je crois vraiment qu’un club doit fonctionner comme un seul et même membre, mais là ce n’est pas le cas et c’est très difficile à vivre pour tous, pour les joueurs en premier lieu. »

Tu as pourtant eu des propositions pour d’autres clubs, pourquoi être resté ?

« Oui il y a eu des propositions mais je n’ai pas voulu les écouter. Ma permanence au club n’était pas liée à une offre d’un autre club. Aujourd’hui, la situation a changé. On verra bien, mais tant que je serai ici je donnerai tout pour faire changer la situation. »

Président de Lausanne Nord Academy depuis le 1er juillet, Gaetano Giangreco semble pleinement satisfait de son entraîneur « Michael est un très bon entraîneur, il n’a pas l’air comme ça, mais c’est un coach sévère. Il est droit et juste. Et les résultats actuels ne reflètent pas du tout la réalité. Quand on reprend un club, il y a des départs et des arrivées et vu la quantité de départ, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement aujourd’hui. » Quant à la raison de ces nombreux départs le patron préfère ne pas trop s’y attarder : « Il faut leur demander à eux, les joueurs avaient tout à gagner en restant. J’espère que ça va bien pour eux dans leur nouveau club. »

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