De La Rochettaz à l’Europa League!

Peut-être que le nom de Christopher Chaillet ne vous dit rien. Pourtant, il est vaudois et est un acteur important des rencontres de Super League. Il est arbitre-assistant depuis un an dans la plus haute division helvétique et vient d’arbitrer sa première rencontre internationale. Rencontre avec ce charismatique personnage.

Rencontré sur une terrasse d’un bar à café du centre de Lausanne, Christopher Chaillet, arbitre-assistant de Super League, s’est dévoilé avec sincérité, gentillesse et beaucoup de calme sur sa passion, mais aussi sur le football en général. Plongez en notre compagnie dans l’intimité footballistique de ce sympathique pulliéran.

(Crédit photo Jeremy Damon)

Christopher, merci de prendre du temps pour Footvaud, alors que ton agenda est sûrement très chargé. Peux-tu, te présenter et nous parler, en premier, de ton parcours footballistique ?

Il n’est pas très glorieux (rires). Plus sérieusement, j’ai commencé assez tard. Je devais être âgé de 12 ans. Ma mère trouvait le foot trop agressif. Alors j’ai dû patienter. Cependant, dès l’âge de 3-4 ans, je touchais déjà la balle. J’ai fait toutes mes classes juniors au Pully-Football. Par contre, je n’ai jamais eu un grand niveau. J’ai joué 1-2 rencontres en 4e ligue.

Cela veut dire que tu étais plus talentueux dans l’arbitrage ?

On peut dire ça comme ça (éclat de rire). J’ai débuté par des rencontres de juniors E le samedi matin dans mon club. Je trouvais génial de voir ces jeunes jouer avec un tel plaisir. Je retrouvais également le plaisir du football. Le vrai.

Étais-tu plus heureux en tant qu’arbitre ?

Oui, je prenais plus de plaisir. Quand tu as ce rôle, tu as une autre vision de la rencontre. Tu es là pour que tout se déroule bien. Je participe à la rencontre à ma manière. Dès que j’ai remarqué que cela me plaisait, quasiment depuis le début, j’ai retrouvé cette joie et un état d’esprit compétitif.

Compétitif ? Comment le traduit-on dans le milieu de l’arbitrage ?

C’est la possibilité de se donner à fond et d’en faire plus et de gravir les étapes.

A 33 ans, tu te retrouves arbitre assistant en Super League ?

J’ai eu une progression linéaire : 4 ans en 2e inter, 4 en 1re ligue, 4 en Challenge League. Et maintenant, depuis plus d’un an, j’arbitre en Super League.

Par contre, tu as « abandonné » l’arbitrage principal en 2e ligue. Peux-tu mettre fin aux clichés du « juge de touche » ?

(sourire) D’abord, j’aimerais expliquer que le juge de touche est celui qui porte le drapeau en 3e, 4e, 5e ligue ou chez les juniors. L’arbitre-assistant participe au jeu. Bien plus que l’on ne le croit. Il n’y a pas que les hors-jeux, mais également les fautes et d’autres compétences afin d’aider au mieux l’arbitre dans la direction du match. Il ne faut pas oublier que l’arbitre fait aussi partie d’une équipe.  Je suis tout à fait épanoui dans ce rôle. Je ne me suis jamais résigné. Mes qualités ont fait que ma place était sur les côtés et non au centre.

L’arbitre-assistant peut également prendre des décisions controversées. Comment gères-tu ces moments ?

Il faut d’abord comprendre quel événement ou quel détail a amené l’erreur. Il faut te remettre en question. C’est important de voir comment tu peux faire mieux ou différemment la prochaine fois. L’auto-critique est essentielle dans notre milieu.

Quand tu prends des décisions, justes ou pas, les joueurs peuvent être, parfois, virulents. Comment gères-tu ?

Je suis quelqu’un de très calme. J’essaie au maximum d’avoir un dialogue avec les joueurs ou l’encadrement technique. Cependant, il faut garder un cadre et cet aspect se prépare avant le match. Notre travail consiste, en effet, à préparer notre rencontre comme les entraîneurs ou les joueurs. A mon avis, il faut être prêt physiquement et mentalement, connaître le classement des deux équipes, la tendance positive ou négative, ou encore les joueurs-clefs. Un autre aspect à ne pas négliger est de connaître la tactique des clubs : connaître le rôle de chaque joueur au sein de l’équipe, ses capacités physiques et techniques. Tous ces paramètres vont t’aider à être prêt pour ton match.

Si, lors de la première mi-temps, ta décision a été remise en question ou celle de l’arbitre principal, allez-vous regarder les ralentis durant la pause ?

S’il y a une grosse situation, il est possible que l’on checke la situation, mais cela ne changera en rien notre comportement durant la seconde période.

Tu entames ta deuxième saison en Super League, et en juillet dernier, tu as connu ta première expérience internationale. Toutes nos félicitations. Peux-tu nous raconter cette expérience ?

Merci bien. Oui. Il s’agissait du 3e tour de qualification pour l’Europa League. J’y ai arbitré le FC Haugesund (1ère division norvégienne) face au Lech Poznán (1ère division polonaise).  C’était incroyable de connaître l’environnement international, voir comment cela se déroule à l’étranger, et c’était surtout l’occasion de partir. L’expérience était vraiment belle.

Comment se passe la communication ? En norvégien ou polonais ?

(rires) Non et heureusement. La communication se fait en anglais. Ce qui est logique. Dans le championnat suisse, nous utilisons les langues nationales, mais vu qu’il y a beaucoup de nationalités différentes, il est possible d’utiliser la langue de Shakespeare. Je n’étais pas trop perdu (rires).

L’arbitrage a connu de gros changements ces dernières années, que penses-tu de l’utilisation de la vidéo ?

Le football doit rester un spectacle. C’est important que le jeu soit dynamique, émotionnel et attire les spectateurs. Je suis d’accord pour l’évolution et la vidéo avec le respect de certains critères (penalty, but annulé, etc.). C’est en tout cas un gros challenge qui est encore en phase de test.

Arbitrer n’est pas donné à tout le monde. Quels conseils peux-tu donner à nos arbitres en herbe ?

Je précise que je fais partie de la commission des arbitres de l’ACVF, où je suis responsable du groupe Espoirs. J’ai repris le flambeau cette année. Il s’agit d’encadrer les jeunes avec le meilleur potentiel. Ils sont déjà présents en 3e, 2e, voire en 2e ligue inter. Il est important pour devenir un bon arbitre de trouver un équilibre entre sa vie privée, professionnelle, et sportive. Il est nécessaire de pratiquer l’arbitrage en gardant la notion de plaisir. Car chaque week-end, tu es sur la route et tu es un acteur à part entière d’une rencontre de foot. Avec le recul, J’ai appris à trouver cette balance. Cela fait déjà 15 ans que j’arbitre et ce n’est que ces dernières années que je me sens parfaitement bien entre mes « trois » vies.

Tu parles de vie professionnelle, à quoi ressemble la tienne ?

J’ai obtenu un Bachelor en nutrition et diététique et j’ai récemment accepté un nouveau challenge en tant que diététicien, dans une entreprise leader en Suisse romande, dans la restauration de collectivité. Je suis essentiellement en charge de promouvoir la santé, l’équilibre alimentaire auprès des consommateurs de l’entreprise et de répondre à leurs attentes.

Que penses-tu de l’état de santé actuel du football vaudois ?

Je précise d’abord qu’environ deux fois par année, je vais faire un match en tant qu’arbitre principal en 2e ou 3e ligue. C’est important de ne pas perdre certaines notions. Ces intermèdes me permettent de voir le niveau qui évolue. Ça va de plus en plus vite et c’est de plus en plus technique. Preuve en est, la 2e ligue a besoin, depuis de nombreuses années, d’un trio arbitral. De plus, avec les victoires d’Echallens et du Stade en Coupe suisse, nous pouvons voir que le canton de Vaud ne se débrouille pas trop mal. C’est positif.

Tu viens d’avoir 33 ans, tu es encore bien jeune. Quels sont tes objectifs en tant qu’arbitre ?

Comme je l’ai expliqué auparavant, j’ai eu une progression linéaire. J’ai déjà atteint un niveau incroyable avec la première division suisse et mon premier match international. Je prends volontiers d’autres séjours à l’étranger (rires). J’aimerais préciser que je ne le fais pas pour la gloire, mais pour moi. J’ai encore quelques belles années pour progresser. On verra bien (sourire).

 

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