Disons-le clairement, cette finale de 2e ligue est une surprise pour tout le monde. Les deux équipes se ressemblent énormément, d’ailleurs, puisque tant Concordia qu’Echichens étaient relégables lors du Noël 2013. Dix-huit mois après, avec les arrivées respectives de Marcos Carballo et d’Alain Gendron, les voilà finalistes!
Leur recette? Un énorme travail collectif, déjà. Cela peut sembler un cliché, mais c’est la réalité. Si Echichens a gagné le groupe 1, s’adjugeant le titre de champion vaudois au passage, et Concordia terminé deuxième du groupe 2, c’est d’abord parce qu’ils ont joué ensemble et appliqué à la lettre les préceptes de leur technicien.
Ces deux équipes-là, d’ailleurs, n’ont jamais pensé de près ou de loin à la 2e ligue inter, jusqu’à ce printemps. Là, il a bien fallu se pencher sur la question et les réponses sont arrivées très vite dans les deux cas: le sport décidera. Hors de question de brider les joueurs et les entraîneurs et, c’est sûr, une équipe entre Concordia et Echichens montera d’une ligue dans huit jours. Les deux clubs l’assumeront, eux qui n’ont pas de mécène ou d’immense sponsor derrière eux. Ils le feront en recrutant intelligemment, et de manière ciblée, et en s’appuyant sur ce qui a fait leur force cette saison: le collectif. C’est impossible? Une équipe basée dans le Jorat prouve depuis quatre ans que ça l’est: le FC Thierrens. Mais pour cela, il faut travailler juste, et beaucoup. Ça tombe bien, c’est ce que font Concordia et Echichens depuis 18 mois. La parole aux entraîneurs et, en dessous, deux joueurs qui auront sans doute un rôle décisif lors de ces finales.
La parole aux entraîneurs
Marcos Carballo, entraîneur du FC Concordia
Le favori? Echichens, évidemment. Ils sont premiers de leur groupe, ils sont qualifiés depuis longtemps et ils ont un entraîneur qui a énormément d’expérience et qui connaît le niveau supérieur. Evidemment que c’est une surprise pour nous. Ce qu’on voulait, c’était se maintenir rapidement, si possible à Noël déjà. L’idée, c’était d’arriver à la pause avec 24 ou 25 points, pas de jouer la tête. Un moment, j’ai pensé qu’on était largués, après nos trois défaites de suite. On a perdu face à Benfica, Orbe et Pied du Jura et là, je me suis dit que ça allait s’envoler devant nous…, mais non! On est restés tout près et on a commencé à y croire petit à petit.
Pour ces finales, il nous manquera Yannick Moizeau, qui est en stage en Allemagne pour des raisons professionnelles et Ettore Carro au premier match. J’espère le récupérer dimanche prochain. J’ai senti les gars très concentrés cette semaine, très bien dans le match déjà.
Jouer à la maison en premier? Cela ne change absolument rien. Ce n’est pas le Camp Nou ou Bernabeu… On n’a pas un stade entier qui met une grosse pression sur l’arbitre et je crois vraiment que cela ne change rien. But à l’extérieur ou pas, on va jouer pour gagner jusqu’à la 70e du match retour. Là, on va commencer à calculer et à voir si un nul ou une défaite par un but d’écart suffit, évidemment. Mais jusqu’à ce moment-là, on va jouer pour gagner. Dans nos ligues, on ne peut pas calculer dès la première minute du premier match.
Si je connais Echichens? Je ne les ai jamais vus. Jusqu’à l’avant-dernière journée, on ne savait pas si on serait en finales ou pas, je n’allais pas commencer à visionner des adversaires potentiels alors qu’on aurait très bien pu ne pas se qualifier. Je sais que mes joueurs sont allés les voir contre Genolier-Begnins, mais mes joueurs font ce qu’ils veulent (rires). Je me suis renseigné, bien sûr. Je m’attends à une équipe en 4-4-2, avec deux bons attaquants et un milieu de terrain nommé Fabrice De Benedictis, dont tout le monde me dit le plus grand bien. Une équipe solide, qui sait ce qu’elle à faire. Un peu comme nous, j’ai envie de dire.
Alain Gendron, entraîneur du FC Echichens
Si on est largement favoris? Enlevez-moi ce « largement » tout de suite, merci! On est premiers du groupe, donc on assume ce statut, mais je ne suis pas sûr que cela veuille dire grand-chose. On va plutôt s’appuyer sur nos certitudes et sur ce qu’on a fait juste cette saison. On est confiants, bien sûr, et le fait de s’être qualifié tôt n’est pas plus un désavantage qu’un avantage. On verra dimanche, mais les gars se sont bien préparés et on attend ce match avec impatience. On a récupéré pas mal de monde ces dernières semaines et on s’est bien préparés.
Le fait que ça se joue en matches aller et retour? Il faut en faire totalement abstraction. On va aller au Bois-Gentil pour gagner, point, et je pense que de jouer à la maison ou pas n’a pas énormément d’impact sur le résultat final. Je suis allé voir jouer Concordia et je crois que je sais à quoi m’attendre, mais on va jouer notre jeu et essayer de mettre en place ce qui a fait notre force toute la saison. On les respecte énormément, mais on ne les craint pas, vous connaissez la formule. Il s’agit d’une équipe qui joue bien, qui est collectivement au point, mais on a aussi des arguments à faire valoir.
La montée? Tous les joueurs en ont très envie et c’est sûr que ça ne pouvait pas être un objectif du club en début de saison, mais tout le monde nous suivrait. On a envie de monter d’une ligue, d’aller voir ce qu’on vaut en 2e ligue inter avec ce groupe. Je suis d’accord pour dire qu’il s’agit d’une surprise, mais elle ne tombe pas du ciel. On a travaillé et mis en place des choses qui ont fonctionné. Ce groupe est vraiment super et mérite les finales qui nous attendent ce dimanche et le prochain.
Deux joueurs-clés
Pablo Soutullo, gardien du FC Concordia
Si les Lausannois sont aussi solides, c’est aussi à leur portier qu’ils le doivent. Il pourrait jouer plus haut, mais porte Concordia dans son coeur et ce n’est pas une formule. Lorsque le club du Bois-Gentil était en grand danger de relégation, il a quitté un FC Prilly où tout allait bien pour tenter une opération maintien a priori impossible… mais réussie. Son président et son entraîneur lui en sont reconnaissants et il a d’ores et déjà prouvé avoir le niveau d’un gardien de 2e ligue inter. Il est fiable, sans réel point fort, mais il est bon partout. Il n’est ni très grand, ni très explosif, ni très impressionnant techniquement, mais il est quand même l’un des meilleurs gardiens de 2e ligue. Cela veut dire beaucoup sur son implication et son sérieux, tout comme sur sa mentalité exemplaire.
Giorgio Degola, attaquant du FC Echichens
Ce jeune attaquant, né en 1994, est très ambitieux et se voit bien jouer plus haut. Il a encore des étapes à franchir, mais il a prouvé qu’il pouvait déjà être quelqu’un d’important en 2e ligue. Il a marqué 11 buts cette saison, après avoir peiné à s’imposer à Forward l’an dernier. Gabet Chapuisat l’utilisait comme joker, disposant d’un contingent offensif très étoffé, ce qui frustrait l’impatient Italien. A Echichens, il a explosé, et une montée en 2e ligue inter lui ferait plaisir, mais serait évidemment un défi supplémentaire. Avec Alain Gendron, il a l’entraîneur idéal pour progresser et ses qualités sont évidentes. Il a du sang-froid devant le but, il est combatif, mais a encore bien des choses à apprendre. A lui, déjà, de ne pas se mettre trop de pression avant ces finales et de montrer qu’il peut être l’homme des grands rendez-vous. Un buteur, c’est aussi cela.
Match aller ce dimanche à 15h30 au Bois-Gentil
Retour dimanche prochain à 16h au Grand-Record