Le chiffre du jour? 2159, comme le nombre de personnes ayant désiré se rendre au Stade des Glariers dimanche après-midi. « On a voulu une journée de fête, réunissant toutes les générations », explique Pierre Ruggiero. Le président du FC Aigle et son comité avaient ainsi décidé d’organiser un match de juniors, puis un choc entre les héros de 1986 (promotion en 1re ligue) et une sélection d’anciens professionnels valaisans, avant le grand choc tant attendu entre son FCA et Genolier-Begnins. On avait écrit après le match aller (lire ici) qu’Aigle devait faire très fort pour égaler l’organisation du FCGC. Mission accomplie, et largement.
Face à ce FCA survolté, il aurait fallu réaliser le match parfait
La journée a en effet été superbe aux Glariers et les 2159 spectateurs sont venus récompenser les efforts du club chablaisien, lequel a offert à chacun un dimanche inoubliable. Genolier-Begnins, bien sûr, aurait aimé gâcher un peu la fête, et a offert une résistance formidable. Mais Aigle, devant son public, était trop fort et les Canaris se sont inclinés logiquement sur le score de 3-1, après le 2-2 de l’aller. Face à ce FCA survolté, il aurait fallu réaliser le match parfait et ne commettre aucune erreur individuelle. Cela n’a pas été le cas, mais « GB » n’a pas à avoir honte de cette défaite. Perdre face à plus fort que soi est la logique même du sport.
L’action de la 52e qui aurait pu tout changer
Reste qu’une scène aurait pu faire basculer le match et Julien Jemmely va la revoir quelques soirs défiler devant ses yeux avant de s’endormir. A la 52e, l’avant-centre des Canaris avait pris l’avantage sur Stéphane Siggen dans la surface de réparation. Le score était de 2-1 pour Aigle et le numéro 20 des visiteurs s’était mis en bonne position. Siggen l’a alors clairement accroché et Jemmely est tombé, alors qu’il n’avait aucun intérêt à le faire. M. Dejan Simeunovic avait une seconde pour prendre la décision qui allait changer le cours de ce match, c’est-à-dire expulser Siggen et siffler penalty pour Genolier. Il ne l’a pas fait et disons-le clairement: ce n’est pas un scandale, mais c’est une décision discutable.
Il n’y avait pas « penalty à 100% », comme disent les arbitres et leurs inspecteurs, mais il y avait un accrochage. M. Vincent Jobin, au drapeau, n’a pas bronché non plus, au contraire de « JJ », furieux, qui est venu immédiatement demander à M. Simeunovic s’il n’avait pas l’impression de s’être trompé. Non, l’arbitre de la rencontre ne s’est pas trompé, car il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise décision. Il y en avait une à prendre et elle n’a pas été en faveur de « GB », c’est tout ce que l’on peut dire.
Julien Jemmely avait ouvert le score
Aigle menait donc déjà 2-1 à ce moment-là, et s’était fait très peur. Après un début de match pauvre en occasions mais pas en intensité, Julien Jemmely a ouvert le score d’une frappe de 20 mètres très mal jugée par Steve Saffioti (32e). Etait-ce la présence de Christian Constantin? On doute que cela ait pu déconcentrer le capitaine des Aiglons, mais ce but du 0-1 était pour lui, car un gardien de son talent ne doit jamais encaisser une frappe comme celle-ci. Genolier-Begnins a donc fait rêver ses 250 supporters (en tout cas) l’espace de trois minutes. Car, oui, Aigle avait déjà égalisé à la 35e.
« GB » a été promu trois minutes
Christopher Schwindt et Gaetan Schopfer ont en effet unis leurs efforts pour récupérer un ballon à 30 mètres et le latéral gauche a pu lancer Paulinho dans l’axe. Le numéro 45 a pris de vitesse son défenseur pour placer un petit ballon à ras de terre au premier poteau et inscrire le 1-1. Aigle n’aura donc pas eu le temps de douter, surtout que Cedrico Franja a déposé un coup-franc très subtil dans le petit filet de Joakim Elmer juste avant la pause. 2-1 à la mi-temps et Aigle pouvait commencer à vraiment y croire.
Toti Barbaro assure définitivement la promotion
En deuxième période, Aigle a pu faire ce qu’il préfère: frapper en contre. Avec la vitesse de Dario Drago et de Paulinho et les inspirations géniale de Salvatore Barbaro, les Chablaisiens ont un potentiel de destruction assez intéressant dans ce registre et c’est justement sur une action directe qu’est arrivé le 3-1, quelques minutes après l’action du penalty litigieux. Julien Dubuis a pu récupérer un ballon à mi-terrain, le transmettre à Paulinho, lequel, plein axe, a trouvé « Toti » Barbaro. Une action très verticale, que Joakim Elmer a cru pouvoir intercepter. Le gardien des Canaris avait bien lu le jeu, mais a complètement raté son intervention, frappant dans le vide, à côté du ballon. Barbaro n’en demandait pas tant et inscrivait le 3-1 (65e), assurant la qualification des siens. Collectif, individualités et cohésion: Aigle a tenu jusqu’à la fin sans être réellement mis en danger.
Aigle, une belle équipe avec des attaches locales
Le grand mérite des Chablaisiens est là, en fait. Ils ont construit une très belle équipe sans que celle-ci ne puisse être qualifiée de formation de mercenaires. Oui, il y a des moyens au FCA, mais il y a aussi et surtout des joueurs du coin, qui s’identifient au maillot. Sur le onze titulaire, seuls Charles Ravet (énorme encore une fois), Paulinho et Dario Drago n’ont aucune attache à Aigle ou dans la proche région. Cela explique aussi le si grand nombre de spectateurs et la réussite de ce club.
Metin Karagülle a sa part de mérite
Tout le mérite en revient donc au comité et à Metin Karagülle, qui ont réussi à convaincre ces joueurs de revenir « à la maison » et de contribuer à créer une équipe ambitieuse, capable d’accéder à la 2e ligue inter en une année. Car, on l’oublie un peu vite, mais l’entraîneur turc est arrivé en juillet 2014, pas avant. Ce succès après douze mois déjà, c’est aussi le sien, car l’équipe qu’il a construite a quelques solides tronches, mais il a su l’amener à réussir son objectif sans se désunir. Et pour ça, déjà, chapeau M. Karagülle.
Des derbys face à Monthey et Vevey
La victoire des Chablaisaiens répond ainsi à une certaine logique. Aigle était meilleur, a gagné, et est promu en 2e ligue inter. C’est une histoire différente de celle du FC Echichens (lire ici), mais c’en est aussi une belle et on se réjouit déjà d’assister aux derbys face à Vevey et Monthey, notamment.
« GB » reviendra avant quatre ans, c’est sûr
Genolier? Ce club-là, avec ses valeurs, son effectif 100% local et son état d’esprit formidable, sera là dès le mois prochain, prêt à revenir. Et on est prêt à parier qu’il ne faudra pas quatre ans à Manu Ribeiro et à ses copains pour retrouver les finales, cette fois. Et cette fois-là, on l’espère pour eux, la fin de l’histoire sera différente.
Les hommes du match
Charles Ravet a été énorme, comme au match aller. Il est vraiment l’homme de ces finales pour le FC Aigle et a réalisé 180 minutes de très haut niveau. Il est venu chercher les ballons très bas et en a fait un merveilleux usage. Il était déjà fort en 1re ligue, donc le voir se baronner en 2e ligue n’est pas vraiment une surprise. Sinon? Dario Drago a été dangereux et, disons-le, il a été bon. Il a provoqué de nombreux coups-francs et il a mis le feu dans la défense de GB, sans toutefois être impliqué sur un des trois buts des Aiglons. Belle performance de la part de l’Italien quand même.
Yvan Bolay a réalisé un gros match en défense centrale pour Genolier-Begnins, coupant de nombreuses trajectoires et gagnant ses duels. Solide. Greg Jemmely a été bon au milieu de terrain, surtout en première période. Christopher Schwindt a souffert face au grand numéro 6 des Canaris, qui s’est souvent projeté vers l’avant.
FC Aigle – FC Genolier-Begnins 3-1 (2-1)
Buts: 32e J. Jemmely 0-1; 34e Paulinho 1-1; 45e Franja 2-1; 65e Barbaro 3-1.
Arbitres: M. Dejan Simeunovic, asissté de M. Nicolas Hofmann et de M. Vincent Jobin.
Aigle: Saffioti; Mavakala, Dubuis, Siggen, Schopfer; Ravet, Franja; Paulinho (85e Mbo), Schwindt (63e De Paiva), Drago; Barbaro (90e Lotici).
Entraîneur: Metin Karagülle
GB: Elmer; Roch, Bolay, Ribeiro, Martin (87e Perez); G. Jemmely, Favre, Cloux (67e Monnier); Girardet, J. Jemmely, Selimi (51e Gervaix).
Entraîneur: Marc Studer
Les Glariers, 2159 spectateurs.
