« Oui, on peut le dire comme ça. Maintenant, on doit se mettre au travail. » Vartan Sirmakes est le nouveau président du Stade Nyonnais. Cette phrase, que l’on a écrite il y a deux semaines sous réserve de validité, est désormais à 100% officielle. On la récrit, tant elle est vraie et doit être gravée dans le marbre: Vartan Sirmakes est le nouveau président du Stade Nyonnais.
136 membres présents
La date de son entrée en fonction? Le 12 août 2015. Cette date restera dans l’histoire du club de Colovray, car elle met fin à une querelle comme le Stade Nyonnais n’en avait jamais connu en plus de cent ans d’histoire. C’est donc le 12 août que le comité de Philippe Mortgé a tourné la page définitivement, après des semaines de rebondissements, de coups de jarnac et de coups de théâtre. Désormais, la pièce est finie. Un comité part, un nouveau arrive. Car oui, il y a bien eu une assemblée générale en ce 12 août, convoquée dans les formes par le comité en place. A l’issue de celle-ci, le voile était levé. Bienvenue à Vartan Sirmakes et à son équipe, élus par 136 membres, soit une vingtaine de plus que lors de la « vraie-fausse » AG du 28 juillet dernier à Prangins. Il n’y a eu aucun doute, aucun suspense pendant cette assemblée. En fait, tout s’était joué une heure avant.
Tout s’est joué une heure avant, en secret
Aux alentours de 18h, le syndic Daniel Rossellat s’est en effet entretenu avec les deux parties. Le contenu de ces discussions restera confidentiel, mais l’ancien comité s’est engagé à ne pas se représenter une heure plus tard, laissant la voie libre aux résistants. Vartan Sirmakes a-t-il payé pour obtenir ce retrait? Luis Pereira, son bras droit et membre du nouveau comité, assure que non: « Rien du tout. Par contre, nous avons payé les salaires de juillet, ainsi que tous les frais, comme les déplacements en bus. Mais c’est tout ». La passation de pouvoir s’est donc faite en douceur, ce qui a de quoi étonner après les semaines de guérilla médiatique et juridique à laquelle viennent de se livrer les deux parties.
L’appel au calme du syndic en ouverture de séance
L’assemblée en elle-même? Philippe Mortgé l’a ouverte, avant de céder la parole à Daniel Rossellat. Le syndic de Nyon a commencé par prêcher l’appel au calme, rappelant l’histoire du club de Colovray et rappelant que celle-ci ne devait pas être ternie par des querelles donnant une image déplorable de la ville. Un message parfaitement entendu. L’atmosphère avait de toute façon été facilitée par le retrait annoncé de l’ancien comité, ce qui a permis à tout le monde de discuter sereinement.
« Je veux que ce club retrouve son âme »
Vartan Sirmakes a donc été élu dans les formes et le patron de Franck Muller se réjouit de ce nouveau défi: « J’ai vraiment senti le soutien de la ville et de la région. Je sens que tout le monde a envie d’aller de l’avant et d’oublier le passé. C’est aussi ma volonté. Je veux que ce club retrouve son âme, en intensifiant les relations avec les seniors et les petits, avec les filles aussi. Il n’y a pas d’équipe féminine à Servette, je souhaite que Nyon devienne un pôle important pour le football des filles. Les clubs de la région comptent aussi beaucoup pour moi, et je les remercie de nous avoir soutenu. On a beaucoup de travail devant nous. Un club, ce n’est pas seulement une première équipe. On doit recréer le lien de confiance avec tout le monde. Les gens qui seront à l’entrée, qui serviront les boissons et grilleront les saucisses, les gens qui découperont les billets d’entrée… Tous ces gens-là, on doit les valoriser. C’est une tâche immense, mais j’ai pleine confiance en mon comité. Vous savez, moi, je ne suis pas un homme de football. Je suis un homme qui aime le football, c’est différent. Je vais m’entourer de gens qui connaissent ce sport avec une précision chirurgicale. Si on va renforcer l’équipe? Justement, je vous laisse parler de cela avec les gens qui savent de quoi ils parlent, comme Luis Pereira. »
Diego Sessolo va devoir partir
Alors, Luis Pereira, le Stade Nyonnais va-t-il accueillir des renforts jusqu’à la fin du mercato? « Il est trop tôt pour le dire. On a une équipe compétitive, en laquelle nous croyons beaucoup. On se laisse toutes les portes ouvertes pour la renforcer. » Une dernière chose, quand même: Diego Sessolo va-t-il conserver son poste de directeur technique? Là, c’est Vartan Sirmakes qui répond: « Non. Je ne vois pas quelle place il pourrait occuper dans notre projet. Il y a plein de clubs à Genève qui seraient heureux de profiter de ses compétences. Il faut qu’il y aille. Vous savez, je ne suis pas un grand connaisseur de football, mais je sais que Sébastien Bichard a réalisé des miracles l’an dernier. Et il y a un proverbe qui dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne, je crois. Et bien voilà. On ne change pas un staff qui fait des miracles. Sébastien Bichard est l’homme de la situation. Jean-Michel Aeby et Diego Sessolo ne le sont pas, de mon point de vue en tout cas ». Les choses sont claires, de ce point de vue-là au moins.
Le rôle de chasseur était confortable
La place est donc libre pour Vartan Sirmakes et son équipe. A eux d’être convaincants, maintenant, et ils savent où ils mettent les pieds. L’ancien comité avait une excuse, celle ne pas connaître l’ampleur de la gravité de la situation. Cette excuse-là, le nouveau comité ne peut pas l’invoquer. Pas une seule seconde. Ils ont accepté de s’occuper du Stade Nyonnais avec tout son potentiel, avec tout ce qu’il a de beau, mais aussi avec tous ses problèmes. Pour l’instant, le nouveau comité était dans la peau du chasseur, dans l’opposition. C’est un rôle qui a un certain confort. Mais aujourd’hui, ils ont les rênes. Ils ont tous les regards sur eux et ce rôle-là est à double tranchant. S’ils redressent la barre, ils auront droit à toutes les louanges du monde et les auront méritées. S’ils n’y arrivent pas, ils seront responsables de la chute. Car Philippe Mortgé, Mirko Müller et Francisco Taboada, c’est officiel, n’ont plus rien à voir avec le Stade Nyonnais dès aujourd’hui.