« Vous n’êtes pas venu le bon soir… » Luigi Saporito a eu un petit sourire dépité lorsqu’on s’est approché de lui après le 14-0 que son équipe, le FC Epalinges, venait d’encaisser face à l’AF LUC-Dorigny vendredi. Oui, 14-0. Quatorze-zéro. Un tel score a-t-il déjà été enregistré en 2e ligue? Pas à notre connaissance, mais on accueille avec plaisir tous les témoignages des plus expérimentés de nos lecteurs. Epalinges, ce n’est pas un scoop, a perdu tous ses joueurs cet hiver et Luigi Saporito est arrivé en catastrophe, en arrivant à composer une équipe avec des joueurs venus de 4e ligue pour la plupart. Evidemment, cela ne suffit pas, c’est tout sauf une surprise. Pour son premier match en 2016, le FCE est allé s’incliner 6-1 à Bex. Et pour son deuxième match, c’est donc LUC-Dorigny qui recevait les malheureux Palinzards, lesquels n’ont tout simplement pas existé. Ont-ils passé le milieu de terrain? Oui, trois fois. Ils ont eu un corner en première mi-temps et Michaël Abrial, le gardien du LUC, a dû se coucher sur un ballon à la 74e. Et on a le souvenir d’une incursion en début de match, laquelle s’est terminée par un ballon trop long en profondeur. C’est tout? Oui, c’est tout.
Sans exagérer, il y aurait pu y avoir 25-0
De son côté, le LUC ne s’est même pas amusé. Les buts se sont enchaînés rapidement, le score étant de 9-0 à la pause déjà. Vagner Gomes, on le comprend, n’a pas souhaité en rajouter après la rencontre. « Ma réaction? Franchement, vous voulez que je vous dise quoi? », nous a-t-il interrogé à juste titre. Rien. Il n’y avait rien à dire après un match comme celui-ci, que le LUC aurait pu gagner 25-0 sans que cela soit un scandale. En plus des quatorze buts inscrits en 90 minutes, on a souvenir d’une dizaine d’occasions nettes, donc cinq, en tout cas, pour Hervé Towa. Ce n’est même pas qu’il y a avait deux ligues d’écart vendredi, voire trois. En fait, ce n’était pas comparable, c’est tout.
Les deux équipes ont respecté le football
Par contre, il faut le dire, les deux équipes ont respecté le football. Cette phrase va peut-être faire sourire ceux qui n’étaient pas au match, mais elle est vraie. Le LUC, à aucun moment, ne s’est moqué de son adversaire ou ne l’a tourné en bourrique. Les Lausannois ont construit leurs actions, sans forcer, sans célébrer leurs buts, et sans panenka, double roulettes, sombreros ou autres joyeusetés ridicules. Il y a eu un dribble par dessus la tête, à la toute fin du match, mais rien de bien méchant et en plus, le joueur qui l’a effectué a réussi son geste et a pu centrer derrière. Vraiment, le LUC n’a pas humilié son adversaire et a inscrit quelques jolis buts.
Epalinges est resté digne
Et Epalinges? Ses joueurs ont été très dignes. Forcément, on a eu peur de voir cette équipe craquer. A 9-0 à la mi-temps, on a craint que certains joueurs envoient tout balader, et cela aurait été un problème, puisque les Palinzards sont venus à onze. Ils ne l’ont pas fait et ont joué le jeu jusqu’au bout, essayant de faire circuler le ballon de la 1re à la 90e minute et ne pourrissant absolument pas le match. Ils n’ont pris aucun carton, d’ailleurs, et ont montré beaucoup d’honneur et de fair-play. Sincèrement, bravo et respect à eux, car la soirée a été très (très) longue pour les onze valeureux joueurs du FC Epalinges et leur entraîneur.
Cinq joueurs de la II
Tiens, d’ailleurs, pourquoi sont-ils venus à onze seulement? « Aujourd’hui, il me manquait onze joueurs. Entre ceux qui sont en vacances, les blessés, les malades et les non-qualifiés, il y avait de quoi faire une autre équipe. Sur le terrain aujourd’hui, j’ai cinq joueurs de la deuxième équipe, que je remercie pour leur engagement », soupire Luigi Saporito. « Je suis fier de l’état d’esprit de mes joueurs. On savait que ce serait difficile et on ne venait pas ici pour prendre des points. Mais bon, on espérait ne pas repartir avec la caisse trop pleine quand même… » C’est raté, et dans les grandes largeurs.
Luigi Saporito attend des joueurs meilleurs
Mais, étonnamment, on n’a pas senti le coach trop découragé. La preuve par les mots, toujours ceux de Luigi Saporito: « Je ne vais pas m’énerver ce soir. Bien sûr qu’en prendre quatorze, bon… Mais on ne pouvait rien espérer. De toute façon, on le sait, ce deuxième tour va être difficile, mais on va aller en s’améliorant. On aura bientôt notre vraie équipe et je pense qu’on va faire les huit points nécessaires au maintien. On a en quinze. Si on arrive à vingt-trois, on est bons. » Aujourd’hui, Epalinges a six points d’avance sur le barre. Effectivement, avec 23 unités, cela pourrait passer, encore que Bottens a coulé avec 27 points à l’été 2015 avec, il est vrai, un ES Malley qui offrait six points à chaque adversaire ou presque.
Comme ça, ça ne suffira évidemment pas
Alors, Epalinges peut-il s’en sortir? On va être clair: avec l’équipe qui était sur le terrain ce vendredi, aucune chance. Mais alors vraiment aucune. On peut croire Luigi Saporito, qui n’a aucune raison de nous mentir, quand il nous dit que ce n’était pas sa « vraie » équipe et qu’il attend de récupérer des bons éléments. D’accord, on y croit. Mais on peine à se montrer optimiste, quand même, car prendre des claques semaine après semaine peut décourager les équipes les plus fortes mentalement. Même si ce vendredi, on va être clair, on n’a pas vu de faillite psychologique, bien au contraire. On le souligne et on l’écrit en grand et en gras: le FC Epalinges a été exemplaire et ses joueurs se sont battus sur chaque ballon, même à 14-0 à la 89e minute. Immense respect à eux, vraiment et sincèrement. Mais cela ne peut pas suffire pour espérer rester en 2e ligue.
« Si on coule, on coulera sur le terrain »
Luigi Saporito en est conscient, mais attend des jours meilleurs, on l’a compris. « Et n’oubliez pas que si on n’était pas là, il n’y aurait plus de première équipe à Epalinges. Quand le président m’a appelé pour que je vienne, il m’a dit que je devais lui répondre vite, sinon ils retiraient l’équipe. J’ai décidé d’y aller, car il est hors de question de retirer une équipe de 2e ligue, selon ma vision du football. Si on coule, on coulera sur le terrain, en hommes, et on jouera en 3e ligue car sportivement, on l’aura mérité. Mais j’y crois, quoi qu’il arrive », continue l’entraîneur du FCE.
Valon Hysenaj a marqué sept fois!
Un mot sur LUC-Dorigny pour finir? Impossible de juger cette équipe, sincèrement. On mentionnera évidemment les sept buts de l’avant-centre Valon Hysenaj, les quatre de l’ailier droit Karim Diarra et les deux de l’ailier gauche Hervé Towa. Les trois attaquants se sont régalés et le quatorzième but a été inscrit par Christophe Meoli, milieu offensif. La preuve que le LUC est resté discipliné, cohérent et bien organisé. Clairement, cette équipe ne fait pas n’importe quoi et il faut quand même souligner le match très sérieux des Lausannois. Pour le reste, on en saura plus dans les semaines à venir. Que Valon Hysenaj nous pardonne: dans un match normal, on se serait enflammés pour un joueur qui marque sept buts, surtout en 2e ligue. Il aurait eu une interview, une photo, la première page du site et des immenses phrases sur lui. Mais là, désolé, ces sept buts n’ont pas de saveur particulière, même si l’événement, bien sûr, n’est pas banal du tout. Disons que ces sept buts méritent quatre lignes, voilà.
Un trio arbitral parfaitement à la hauteur
A noter pour finir que la soirée a également été longue pour trois hommes: M. Nazim Kokollari et ses deux assistants Patrick Magnenat et Alexandre Chevalley. Ils ont été bons de bout en bout, respectant parfaitement le jeu et les joueurs, restant concentrés jusqu’à la 90e minute. Ils sont rémunérés pour cela? Oui, bien sûr, mais le contexte de ce match était tellement particulier que la très bonne tenue du trio est à relever. Et le plus incroyable dans tout cela, c’est que le LUC a réussi à prendre un carton jaune, par l’intermédiaire de Junior Panda Kalala, alors que le score était de 13-0! Le milieu de terrain lausannois était tout désolé, Vagner Gomes tout énervé et M. Kokollari a parfaitement réagi sur ce coup-là. Sa faute méritait un carton, même à la 85e, même à 13-0. La preuve que l’arbitre a parfaitement tenu le match, ce qui n’est pas aussi évident que le score peut le laisser supposer et même si, on le répète, Epalinges a été d’une correction exemplaire.
Les prochains rendez-vous
Le LUC s’en va à Crans, le dimanche 10 avril à 14h. Attention, match-piège. Trois jours avant, le jeudi 7 avril, à 20h30, le FC Epalinges aura accueilli le FC Genolier-Begnins.
AF LUC-Dorigny – FC Epalinges 14-0 (9-0)
Buts: 5e et 6e Hysenaj 2-0; 21e Towa 3-0; 23e et 27e Hysenaj 5-0; 28e et 33e Diarra 7-0; 39e Meoli 8-0; 42e Hysenaj 9-0; 47e Diarra 10-0; 60e Hysenaj 11-0; 70e Diarra 12-0; 78e Hysenaj 13-0; 87e Towa 14-0.
Arbitres: M. Nazim Kokollari, assisté de M. Patrick Magnenat et de M. Alexandre Chevalley.
LUC-Dorigny: Abrial; Mafuala, Teixeira, Joao Amaral (46e Carvalhais), Milenovic (46e Kaze); Makonda (51e Panda Kalala), Hugo Lima, Meoli; Diarra, Hysenaj, Towa.
Entraîneur: Vagner Gomes.
Epalinges: Vinante; Ismajili, Guiné, Malvaso, Estacio; Mateta, Muamba, Pajaziti, De Francesco, Ballaman; Terfala.
Entraîneur: Luigi Saporito.
Centre sportif de l’UNIL, à Dorigny