A 23 ans, Michel Fohouo profite du départ de Nicolas Grivot pour occuper la place de titulaire dans les cages du Vevey-Sports. Un nouveau défi et l’occasion de franchir une étape pour celui qui n’a découvert son poste que sur le tard. Et pourquoi pas de briller face à une formation de l’élite, ce dimanche contre le LS ?
Il y a tout juste un an, le Vevey-Sports battait Genolier-Begnins au premier tour de la Coupe de Suisse et s’offrait un match de gala face aux Young Boys. Une rencontre que Michel Fohouo, alors deuxième gardien dans la hiérarchie en Copet, avait vécu depuis le banc. Avant ce match, le 24 heures était parti à sa rencontre. Ceux qui ne le connaissaient pas encore y apprenaient que le portier, qui étudie la psychologie à l’université, avait enfilé des gants pour la première fois à ses 16 ans.
Enfant, Michel Fohouo n’avait pas d’attirance particulière pour le poste de gardien de but. Ce n’est qu’après avoir du arrêter le football à 13 ans, pour une durée de 3 ans, qu’il a repris en devant faire un compromis : il serait désormais celui qui garde les cages de son club formateur, le FC Concordia Lausanne. Aujourd’hui, après sept ans d’apprentissage d’un nouveau poste, complètement à part dans le football, celui qui est aussi passé par la réserve d’Yverdon Sport va sans doute vivre sa première saison en tant que titulaire en Promotion League. Un parcours complètement fou.

Le contexte n’est certes peut-être pas idéal, tant Vevey a vécu des derniers mois difficiles et cherche à se reconstruire cette saison. Mais dans le même temps, c’est grâce à ce contexte que Michel Fohouo obtient ce qui est peut-être la plus belle opportunité de sa carrière. Avec le départ de Nicolas Grivot, c’est à lui que revient la place de titulaire dans les cages veveysannes. « En tous cas, c’est comme ça qu’on est partis. Je vais tout faire et travailler pour que ça continue. »
Devant lui sur le terrain, beaucoup de changements ont eu lieu cet été. « On a quand même gardé une certaine colonne vertébrale, avec Joris Correa, Marvin Louisius ou Allan Eleouet. » Cette colonne reste toutefois très offensive, et c’est avec une défense majoritairement néophyte que doit composer le jeune gardien. « Derrière, c’est assez nouveau. On doit s’adapter. Néanmoins, j’avais déjà joué avec Joseph [Nkodo] et Tony [Robert] à Yverdon. Avec Filip [Zuvic] on a l’habitude de s’entraîner les deux et on est même à l’université ensemble. C’est donc assez facile de communiquer avec eux. C’est une nouvelle défense certes, mais qui ne m’est pas totalement inconnue. »
Si la saison dernière a permis au frère de la judoka April Fohouo d’apprendre au contact d’éléments expérimentés, c’est par ses propres moyens (même s’il est encore accompagné par le staff des gardiens du VS) qu’il va désormais chercher à progresser. « J’ai passé la saison dernière sur le banc, même si j’ai eu l’occasion de jouer cinq ou six matchs (ndlr : une rencontre de Coupe de Suisse et cinq en championnat). J’ai énormément appris avec des gardiens d’expérience, que ce soit Nicolas Grivot ou Alexis Thébaux (ndlr : ancien entraîneur des gardiens, 115 matchs en Ligue 1). » Cette saison, mon objectif est d’engranger un maximum de temps de jeu et d’expérience, tout en réalisant de bonnes performances. »
A son âge et en particulier au vu de son parcours atypique, Michel Fohouo a encore une marge de progression importante. De quoi continuer à le faire rêver ? « Pourquoi pas ne pas aller plus haut ? Bien sûr, j’en rêve, mais pour cela il faut travailler. On a devant nous une longue saison. » Et le dernier rempart du VS de poursuivre sur ses axes d’amélioration. « Je dois progresser dans ma prise de décision sous pression. Mon jeu est basé sur le jeu au pied, la relance depuis derrière. Pour l’instant, ça ne se voit pas trop parce que le coach nous demande de ne pas prendre trop de risques, avant qu’on soit réellement lancés dans notre saison. »
Pour cela, quoi de mieux qu’un grand rendez-vous, ce dimanche contre le Lausanne-Sport ? Copet toujours en travaux, c’est à La Tour-de-Peilz que les Veveysans recevront le plus grand club vaudois. Un rêve de gosse pour celui qui a grandi dans la capitale olympique, et l’occasion de briller encore un peu plus proche de l’élite du football suisse.

Texte et photos : Mathieu Grandchamp