Adrian Kunz quitte un YS revigoré par un peu d’argent frais

Yverdon Sport vient de passer une semaine incroyablement agitée, entre la démission de son entraîneur Adrian Kunz, l’arrivée d’argent frais, le maintien de son président Jacky Pittet, et mille rumeurs venues de tous horizons. Les enseignements principaux de ces jours de folie? Adrian Kunz s’en va, donc, et Alain Béguin, membre du comité et détenteur du diplôme A, sera désormais l’entraîneur d’YS, assisté de Vagner Gomes. Jacky Pittet reste président. Une somme supérieure à 100’000 francs a été versée, ou va l’être très rapidement, par un « groupe d’amis » du club, afin de résorber une bonne partie de la dette et permettre d’entamer le championnat de manière optimale. Des informations qui ont été longtemps à prendre au conditionnel et qui sont désormais officielles.

Des dettes à régler de toute urgence

Tout n’a pas été simple, loin de là, et la journée de mardi a été éprouvante pour tout le monde, y compris pour des joueurs dans l’incertitude la plus totale. Le nombre de téléphones entre eux, mais aussi et surtout en direction du staff et de leur président, a sans doute permis de boucler le budget annuel de Swisscom, à défaut de celui d’Yverdon Sport. En résumé? Une réunion devait alors lieu mardi matin, entre différents « amis du club » et Jacky Pittet. Le but de cette séance: réunir des fonds pour assurer la survie d’YS, empêtré dans des dettes loin d’être symboliques. Et le nom des créanciers n’incite pas au règlement à l’amiable: il serait très étonnant de la part de divers organismes fédéraux et cantonaux de tirer un trait sur une dette, par amour du football. Une dette envers un électricien ou un charpentier de la région est une chose, potentiellement réglable autour d’une bouteille de chasselas, un peu de bonne volonté, du dialogue et une contre-affaire. Une dette envers l’AVS est un peu moins facilement discutable, même avec un Château d’Yquem 1967.

Bref, il fallait de l’argent frais à YS, si possible vite, et si possible beaucoup. Jacky Pittet, qui détient 65% des actions de la SA, n’a jamais caché son envie de voir arriver des investisseurs yverdonnois. Et même s’il n’en avait pas envie, leur arrivée était une nécessité. Le premier problème de la réunion de mardi matin? Elle a été repoussée trois fois, le principal « donateur » ne pouvant se libérer. C’est en fin d’après-midi, juste avant le match amical face à La Sarraz (victoire d’YS 2-1, avec Admir Bilibani, entraineur des M14, et Jacky Pittet sur le banc) que celui-ci pouvait être visité. Visiblement de bonne humeur, ce potentat local acceptait de verser une somme estimée, selon nos informations, à 100’000 francs. Un beau geste, bien sûr, apparemment désintéressé.

Un montant qui résorbe une partie de la dette, mais ne couvre pas le budget

Joint par téléphone, cet entrepreneur yverdonnois confirme le versement, mais ne souhaite pas se mettre en avant: « Ne donnez pas mon nom, je vous en prie. Mais je vous confirme que je vais verser une somme d’argent pour régler certains problèmes et permettre à YS de débuter le championnat. J’ai eu une discussion avec le président d’Yverdon Sport et elle a débouché sur quelque chose de positif. » A côté de cela, le « Club des 1000 », présidé par Enzo Stretti, s’est également engagé à augmenter son soutien, en faisant tout pour recruter de nouveaux membres. Comme son nom l’indique, ce club propose à ses membres de verser 1000 francs par année, dont 80% environ sont reversés à YS. Fort de 40 membres actuellement, il espère dépasser les 100 participants. De quoi offrir quelques garanties et permettre à YS de voir venir un moment, sans pour autant régler tous les problèmes et assurer l’entier du budget.

Un soutien « sans conditions »

Les discussions ont parfaitement satisfait Jacky Pittet: « Je l’ai dit, et je le répète: que des Yverdonnois s’investissent et investissent leur argent, est un signal positif. Et cet argent a été versé sans conditions. » Comprendre par là: sans exiger que Jacky Pittet s’en aille, comme le principal intéressé a pu le craindre avant les discussions. De toutes façons, le président d’YS ne s’en ira que lorsqu’il l’aura décidé. Actionnaire majoritaire, il a les cartes en mains… pour autant qu’il arrive à éviter la faillite. Avec le versement de cette somme, celle-ci n’est pas à l’ordre du jour, et YS peut souffler, mais rien n’empêcherait les « amis du club » de revenir à la charge, demain, après-demain ou plus loin encore, avec une proposition qui pousserait Jacky Pittet à tirer sa révérence, la tête haute. On n’en est pas là, et YS a désormais la tête hors de l’eau, ce qui est une excellente nouvelle pour tout le monde. Le soutien des « amis » s’est fait sans conditions, on l’a vu, mais avec une « proposition », celle de conserver Adrian Kunz au poste d’entraîneur.

« Il y avait tout pour bien faire ici, mais j’ai perdu la confiance »

En bons termes avec ces gens influents à Yverdon, Kunz a accepté de revenir discuter à la table, lui qui avait pris du recul depuis une semaine, attendant des « garanties ». L’entraîneur alémanique est donc venu mercredi au Stade Municipal, a discuté, et s’en est allé, claquant la porte au milieu de la discussion. Joint dans la soirée, il confirme. « Oui, je pars, c’est définitif. J’ai accepté de revenir discuter, et j’y croyais. Il y avait tout pour bien faire ici, mais j’ai perdu la confiance. Vagner Gomes et moi étions prêts à faire de grandes choses ici, mais là, je pars. Je viens depuis Thoune tous les jours, et je constate que les choses n’avancent pas. » Adrian Kunz ne reviendra pas à Yverdon, quelques semaines à peine après avoir entamé son mandat à la tête du club nord-vaudois. Après avoir pris une semaine de recul, attendant des garanties et « un certain sérieux », selon sa propre expression, il a choisi de dire stop. Excédé par le départ d’Esteban Rossé à Bavois (bientôt officiel), Kunz a réclamé du renfort, et a notamment demandé le recrutement de trois joueurs de la région genevoise, ce qui lui a été refusé.

La problématique du vestiaire et du lavage des maillots ont également évoquées par le Bernois. « Ce sont des détails, mais ce sont des signaux décourageants. On est Yverdon Sport et on ne peut pas avoir un vestiaire à nous… » Adrian Kunz a en effet été prié de laisser son bureau, équipé d’une douche, pour aller se changer ailleurs. « Mais ça, on n’y peut rien! La Ville a décidé cela, en même temps qu’elle faisait un geste pour le loyer. Que voulez-vous qu’on dise? Qu’on n’est pas d’accord? Et pour le lavage des maillots… On a décidé de cesser de faire appel à une solution extérieure et de laver les maillots nous-mêmes. La livraison de la machine a pris plus de temps que prévu et voilà tout. Est-ce que c’est grave, franchement? Adrian Kunz savait où il mettait les pieds en venant à YS. Ce que j’ai de la peine à comprendre, c’est qu’il a exigé des garanties financières pour rester, ce qu’on lui a offert cette semaine et… il part quand même », déplore Jacky Pittet. Bref, la situation devenait compliquée et Kunz a préféré s’en aller, moins pour les détails de lavage qu’en raison de la situation générale.

Alain Béguin en entraîneur principal, avec Vagner Gomes

Jacky Pittet et son comité (Bruno Vialatte et Alain Béguin) ont alors décidé de se tourner vers une solution interne (après avoir discuté avec Jean-Philippe Karlen), en nommant le dernier nommé à la tête de l’équipe première. Ancien buteur du club (mais aussi du LS et de Lucerne), Béguin a connu deux expériences contrastées dans sa carrière d’entraîneur. Un succès complet avec Yverdon Féminin (deux victoires en Coupe suisse) et un parcours raté avec Orbe (2e inter). Il a l’avantage de parfaitement connaître le club, sa situation, d’être connu des joueurs et d’être une solution interne, ce qui, dans une situation financière difficile, n’est pas un désavantage. Détenteur du diplôme A, Alain Béguin est un homme de caractère, très attaché à YS. « C’était la bonne solution, vraiment. On en avait marre des discussions sans fin avec nos entraîneurs. Là, au moins, on est sûrs qu’on est sur la même longueur d’ondes », explique Jacky Pittet. Vagner Gomes, qui souhaitait dans un premier temps rester fidèle à Adrian Kunz et s’en aller, a été convaincu par Kunz lui-même de rester. « Oui, Adrian et moi nous sommes concertés. Il m’a dit de continuer si je le souhaitais. Je l’ai écouté », explique « Vagi », actuellement en vacances, mais bientôt de retour pour assister Béguin.

Retrouver une indispensable sérénité…

YS veut surtout, maintenant, retrouver un peu de sérénité. Cela semble impossible? Non, car le football est ainsi fait que tout peut aller très vite, dans un sens comme dans l’autre. Le début de saison est assuré, et l’argent n’est plus un problème, pour quelques semaines au moins. Et la suite? Sportivement, elle passe par un début de championnat compliqué à Bavois (10 août), sans Edin Becirovic, Jean-Yves Momo, Vagner Gomes (absents) et Juan Rodriguez (Equipe de France de beach-soccer). Dans les coulisses, elle se fera avec Jacky Pittet en président, Alain Béguin en entraîneur. Et comme un symbole, ce sera avec un nouveau logo, que tout un chacun peut découvrir en haut à gauche de cet article.

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