Invaincus au premier tour, les M15 du Lausanne-Sport reçoivent ceux de Servette pour la reprise du championnat, ce samedi. L’occasion de parler formation et développement de jeunes talents avec Sébastien Bertrand, l’entraîneur.
Neuf matchs, 8 victoires, un match nul. C’est le premier tour presque parfait qu’ont réalisé les M15 du Lausanne-Sport en championnat. Sébastien Bertrand -qui a effectué ses débuts en tant qu’entraîneur à Lancy- et ses joueurs retrouveront leurs homologues du Servette FC à la Tuilière. Entretien avec celui qui met sa passion au service de la formation de ces jeunes talents.
Sébastien, quel est votre parcours en tant qu’entraîneur ?
Dès mes 15 ans, j’étais déjà attiré par le monde du coaching. Après quatre ans dans les catégories E, D, et C à Lancy, je suis parti à Etoile-Carouge pour une année avec les juniors C. Ensuite, j’ai entraîné les C inter de Plan-les-Ouates pour une saison, tout en passant mon diplôme UEFA B. J’ai aussi dirigé les B inter du CS Chênois, avant que le Lausanne-Sport ne me contacte pour devenir entraîneur adjoint des M21. J’ai ainsi intégré la structure de la formation du LS et je vis ma quatrième saison ici. J’ai obtenu mon diplôme UEFA A dès ma deuxième année au club, et je suis aujourd’hui entraîneur principal des M15 et responsable vidéo de l’académie.

Comment voyez-vous votre rôle dans cette équipe ?
Selon moi, la catégorie M15 est une étape cruciale dans la formation, et j’estime avoir un rôle de formateur, d’éducateur, ou encore d’accompagnateur, plutôt que d’entraîneur comme le serait celui d’une équipe M21. Pour ces joueurs, c’est la découverte du football à onze. Ils apprennent à jouer sur un grand terrain, ou que tout le monde ne peut pas être convoqué le week-end (on ne peut inscrire que 16 noms sur la feuille de match), et donc ce qu’est la concurrence. On reste toutefois dans une étape de formation et en tant que staff, on essaie de donner un maximum de temps de jeu à tout le contingent.
Quels sont les principaux défis en travaillant avec des M15 ?
D’abord, il faut leur faire comprendre dans quelle structure ils se trouvent. Ils découvrent l’académie, la professionnalisation qu’on leur enseigne, mais aussi la philosophie de jeu que l’on souhaite intégrer dans toutes les catégories. Ensuite, on doit augmenter leur exigence individuelle. Nous, on les accompagne tous les jours sur le terrain lors des entraînements. Mais on veut aussi qu’eux soient capables de s’autogérer et d’avoir une exigence qui les accompagnera toute leur carrière, indépendamment du club ou de leur entraîneur dans le futur.
Êtes-vous libre de leur transmettre vos propres idées de ce que devrait être le football, ou êtes-vous contraint par la philosophie que veut inculquer l’académie ?
Ce qui est plaisant avec Massimo Ceccaroni (ndlr : directeur technique de l’académie), c’est qu’on a une certaine liberté sur la manière de créer nos entraînements. Cependant, on doit respecter une ligne directrice du club, avec des objectifs prédéfinis. C’est intéressant de pouvoir combiner ces deux aspects, et surtout que tous les entraîneurs de l’académie puissent suivre ce fil rouge qui nous réunit et nous oblige à être exigeants.
Devez-vous déjà, dans cette catégorie, vous baser sur le style de jeu de la première équipe pour l’apprendre à vos joueurs ?
On insiste beaucoup plus sur le développement individuel du joueur. Ce qu’on met en place collectivement, c’est une idée de jeu qui permette de rassembler ces individus tout en leur laissant la liberté de s’exprimer. Le but n’est pas de les brider avec une seule manière de jouer. Ils doivent pouvoir oser essayer certaines choses, prendre des risques. Ils vont apprendre avec les échecs, et prendre confiance avec les réussites.
Comment s’est passé ce premier tour pour l’équipe ?
La mayonnaise a très vite pris cette saison. Toutes compétitions confondues, cette équipe n’a encore jamais perdu. On ressent une grande volonté de gagner au sein du groupe. Ce sont des jeunes très compétitifs, ce qui rejoint la philosophie que le club veut mettre en place. Nous ne mettons pas les résultats en priorité, mais ils sont le fruit de leur travail au quotidien et de leur envie.

Après un tel premier tour, est-ce difficile de faire garder les pieds sur terre à des joueurs de cet âge ?
Les joueurs savent où ils sont. Ce n’est que la première étape de leur formation. Oui, faire des résultats en M15 est gratifiant, mais c’est encore le début de leur développement. Tous les jours, à l’entraînement, on maintient notre niveau d’exigence et on les encourage à travailler. Il y a aussi une concurrence interne. Tout le monde veut gagner sa place. De plus, leur objectif final reste de devenir professionnel, donc ils sont conscients qu’ils doivent fournir des efforts tous les jours s’ils veulent l’atteindre.
Vous reprenez la compétition ce samedi avec la réception de Servette. Comment anticipez-vous ce début de deuxième tour ?
On appréhende cette rencontre comme une autre. Pouvoir retrouver la compétition, cela amène forcément plus de motivation pour les jeunes après de nombreux matchs amicaux. Pour nous, c’est simplement une suite pour leur parcours et leur développement. Ce n’est pas un match avec une pression particulière.
À cet âge-là, la rivalité avec Servette se fait-elle déjà sentir ?
Oui, ils sont conscients du derby. Nous en avons eu l’exemple ce week-end avec le duel entre les deux premières équipes, lors duquel les jeunes étaient ramasseurs de balle. Ils ont pu voir l’atmosphère. Oui, ils ont envie de se montrer sur ces rencontres-là.
Les résultats des équipes de jeunes du LS sont globalement très bons. Y a-t-il encore des points d’amélioration pour le club ?
Il y en a toujours. Les résultats peuvent encore être meilleurs. Mais au-delà, l’objectif reste la formation des jeunes. Chaque année, de nouvelles catégories d’âge arrivent, avec lesquelles on va travailler pour les développer au maximum. Pour l’académie, ce serait une réussite de les voir jouer un jour pour la première équipe du LS. C’est un travail quotidien de les aider à accomplir leurs objectifs, rêves et ambitions.
Rédacteur : Mathieu Grandchamp
Photographe : Jimmy de Lorenzi