Avec une partie de ses joueurs encore en vacances au pays à cette époque de l’année, le début de la saison de 2e ligue est souvent délicat pour Sport Lausanne Benfica. Cela avait, en partie, été le cas lors du dernier exercice (avec cinq points obtenus en quatre matches), et cela s’est de nouveau confirmé cette année. Un niveau de jeu assez inquiétant aperçu il y a quinze jours contre Pully, avec une défaite 5-0 à la clé, et, surtout, un seul point obtenu sur les quatre premières journées de championnat, voilà le bilan des beaux jours.
Symbole de cette mauvaise entrée en matière, cette place d’avant-dernier au classement, indigne de leurs capacités, qui collaient à la peau des Portugais de Lausanne jusqu’ici. Heureusement pour eux, si on parle au passé, c’est qu’il s’agit bel et bien de l’histoire ancienne. Ce dimanche matin, grâce à un Carlos Moreira en état de grâce, Benfica a repris deux rangs au classement, a, enfin, gagné un match, et peut se réjouir de retrouver peu à peu le niveau qui était le sien la saison dernière. Sa première victime? Le FC Jorat-Mézières de Pierre-Alain Bruelhart, qui trouve, décidément, bien moins de réponses à ses questions que de nouvelles interrogations, week-end après week-end.
Pierre-Alain Bruelhart: «Tactiquement, on est zéro!»
«Comment vous voulez que j’engueule un gars comme Maxime Schumacher, par exemple? Le gars a fait un bon match, mais quand il n’a plus qu’à placer un petit plat du pied pour nous faire revenir dans la partie, il tire au-dessus. J’ai l’impression que c’est un sentiment général. Les joueurs mettent du cœur à l’entraînement, ils sont impeccables, toujours là, à chaque fois. Mais quand on arrive au match, on ne parle plus la même langue. Vous avez vu ce qu’on a fait derrière, les largesses qu’on a laissé? En ayant sans arrêt six mètres de retard sur notre vis-à-vis, comment est-ce qu’on peut éviter ces buts? Et bien on ne peut pas, et la raison, c’est que tactiquement, on est zéro. On essaie de leur apprendre, mais, avec les nouveaux joueurs qu’on accueille chaque saison, il faut recommencer, encore et toujours. Et, même si je trouve ça vraiment passionnant, ça fatigue et, surtout, ça demande beaucoup de temps». Avant de nous dire ces mots, Pierre-Alain Bruelhart s’est entretenu un long moment, en cercle, avec ses joueurs, sur le gazon de Chavannes, après une défaite qui ne souffre que de bien peu de contestations. Le technicien de Jorat-Mézières a tenu à relever les têtes de ses protégés, déjà, forcément marqués par ce troisième revers d’affilée.
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Jorat-Mézières menait pourtant 0-1 après quatre minutes
Et puis, celui-ci n’a pas manqué, non plus, de leur faire part de son mécontentement. En cause? Des joueurs pas forcément suffisamment impliqués à son goût et, surtout, quelques grosses approximations défensives qui leur ont coûté le match. À l’image de sa saison, où il a remporté ses deux premières parties, le FCJM était pourtant bien entré dans le match. À la 4e minute, Jean Mancini, profitant d’un bon travail de Maxime Schumacher, pouvait mettre le ballon au fond avec l’aide de la latte et de Jose Luis Borges Gonçalbes. Une promenade de santé pour les visiteurs? On y a cru quelques instants, d’autant plus que Benfica semblait retomber dans ses travers du mois d’août.
Le SLB a tourné le match en cinq minutes
Mais si Pierre-Alain Bruelhart a gardé tous ses joueurs autour de lui pendant plus d’un quart pour un debriefing complet à l’issue du match, c’est que le coach avait bien une raison, et celle-ci n’est pas bien compliquée à identifier. En cinq minutes, les visiteurs ont vu leur arrière-garde plier et le score passer de 0-1 à 2-1. À partir de là, et on ne vivait que la 17e minute, Jorat-Mézières n’était plus dans le coup, à tous les niveaux, dépassé par les événements et secoué de droite à gauche par un Sport Lausanne Benfica qui, à contrario, a fait tout juste pour prendre l’ascendant sur son adversaire et, surtout, le garder.
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Deux buts, un assist et cinq étoiles pour Carlos Moreira
Un net regain de forme que les hommes de Luis Cabacas doivent en grande partie à Carlos Moreira, hauteur d’un véritable récital dimanche matin. L’ailier droit a été excellent dans le jeu, toujours très habile avec le ballon et précieux dans la construction du jeu, où il a été capable de faire la différence sur un geste, une accélération, une passe bien sentie. Alors quand, en plus, il fait marquer ses coéquipiers et en plante deux droit derrière, il n’y a plus qu’à asseoir et applaudir. C’est lui, à la 12e déjà, qui trouvait Sylvain Gétaz dans la course d’une magnifique déviation tout en touché (12e (1-0). Le geste du match? Sans doute, à moins que cela ne soit sa frappe des 25 mètres, un missile ayant laissé Michael Diserens bouche bée, une poignée de secondes avant que l’arbitre ne renvoie tout le monde aux vestiaires une première fois (45e, 3-1). Entre temps, c’était encore lui qui profitait de la stupéfiante passivité des visiteurs au sein de leur surface pour donner l’avantage aux siens (17e, 2-1). Si Sport Lausanne Benfica va mieux aujourd’hui, Carlos Moreira, dont la performance ce dimanche mérite toutes les éloges, n’est pas totalement étranger à ce phénomène.
Luis Cabacas veut des joueurs qui tirent l’équipe vers le haut
Celle-ci n’a d’ailleurs pas échappé à Luis Cabacas, qui espère maintenant que d’autres prendront exemple sur le double buteur du jour: «On a besoin de leaders, comme l’a été Carlos aujourd’hui. Ce n’est pourtant pas son rôle d’habitude, mais il nous a fait beaucoup de bien sur ce match. Notre problème à l’heure actuelle, c’est qu’on n’a pas ce type de joueurs dans nos rangs. Tout le monde se satisfait du niveau qu’il présente et ça, fatalement, ça tire l’équipe vers le bas. Ces joueurs ont de la fierté, peut-être un peu trop, parfois, et ce n’est pas évident de gérer une série de défaites comme on l’a vécu ces dernières semaines. Si notre championnat est lancé? Ça serait le bon moment, oui, mais on espère surtout que l’enthousiasme lié à cette victoire ne retombe pas trop vite et qu’on puisse en profiter pour récolter des points ces prochaines semaines». Le directeur sportif de Benfica assumera durant ce premier tour la fonction d’entraineur, puisque Ricardo Rocha est suspendu jusqu’au 31 décembre et retrouvera officiellement sa place dès le 1er janvier.
Avant de recevoir Prilly, Mézières devra se parler franchement
Le somptueux tir de Carlos Moreira restera, aussi, le dernier but inscrit dans cette partie, puisque rien n’a été marqué en seconde période. Benfica a bien essayé, mais a, à chaque fois, buté sur Michael Diserens qui n’a pas grand chose à se reprocher aujourd’hui. Du côté de Jorat-Mézières, l’énorme opportunité offerte à Maxime Schumacher, à laquelle faisait référence son coach plus tôt, restait la plus grosses et l’une des seules véritables alertes autour des cages de Dany Christopher Vilares. Une chose est sûre, Fabien Joye et ses coéquipiers devront être forts pour réagir après cette défaite qui fait mal. Le franc-parler étant l’une des principales qualités de cette équipe, celle-ci ne devrait pas avoir trop de peine à se dire les choses, chercher des solutions ensemble et être prête dès ce jeudi. Car, c’est une autre certitude, Prilly, le prochain adversaire, ne va pas venir faire des cadeaux en Pré l’Etang.
Un compte-rendu de Florian Vaney