Chronique d’une triste journée au Châtaignier

Il n’était pas encore 15h30 lorsque M. Graf a quitté le Châtaignier, mercredi après-midi. L’arbitre de la rencontre entre Le Mont et Bâle n’avait pas envie de parler et encore moins de commenter son choix: il a purement et simplement décidé de renvoyer la rencontre, prévue à 19h30. La raison? Une partie du terrain, du côté de la forêt, était gelée. La décision a vite fait le tour de la Suisse, et Le Mont, tristement, n’a eu qu’à tout ranger. Une partie des repas a tout de même été servie sous la tente, mais le renvoi de ce match au mois de février 2014 a déçu tout le monde. Les joueurs voulaient absolument défier Bâle, eux qui s’étaient parfaitement préparés pour ce choc et restaient sur neuf victoires consécutives. « On était chauds, prêts à jouer. Ne me dites pas que le terrain est impraticable, c’est n’importe quoi », s’énervait Emmanuel Domo, en marchant sur la partie du terrain que M. Graf a jugée trop dangereuse.

Une perte financière considérable

C’est bien le sentiment d’injustice qui dominait au Mont, mercredi. « C’est un scandale, un vrai. On est les petits, on ne nous respecte pas », tonnait Serge Duperret, aussi fâché que déçu. Le président du Mont n’a pas ménagé ses efforts pour que ce match ait lieu au Châtaignier. Il a résisté à toutes les demandes de « délocalisation », et elles ont été nombreuses. « Ce match, on devait le jouer au Mont, nulle part ailleurs! », insistait-il. Les heures de travail ont été nombreuses, que ce soit pour les bénévoles et les amis du club, mais aussi pour la société chargée de l’entretien du terrain. Sans compter les employés communaux, qui ont déblayé la neige et se sont occupés d’une grande partie des travaux. Le syndic Jean-Pierre Sueur n’était pas le moins remonté, en arpentant le terrain de long en large. Lui et Serge Duperret ont estimé la perte financière entre 25’000 et 40’000 francs. Car tout était prêt pour accueillir 5000 personnes au Châtaignier: boissons, nourriture, infrastructures supplémentaires, programme de match…

Serge Duperret: « Il y a eu des pressions. Lesquelles? Je vous laisse deviner… »

Reste la question centrale: le terrain était-il vraiment impraticable? « Bien sûr que non! Cela n’aurait pas été Bâle en face, on jouait. L’arbitre est venu, il a à peine regardé le terrain et il a décidé qu’on ne jouerait pas. On a essayé de lui expliquer qu’on avait salé la zone gelée et qu’à 19h30 tout serait parfait, mais il ne nous a pas écouté. De nouveau, on est le petit… L’arbitre n’a pas voulu penser à tout ce qu’il y avait derrière, tous les efforts faits », continuait Serge Duperret. Alors, pourquoi le match a-t-il été renvoyé? « Il y a eu des pressions. Lesquelles? Je vous laisse deviner… », continuait le président du Mont. Claude Gross était tout aussi méfiant: « On pouvait jouer, bien sûr. Je n’ai rien envie d’affirmer, mais je me pose des questions. On a le droit de se poser des questions, non? » Et la question que Claude Gross se pose est la même que tout le monde: le FC Bâle a-t-il fait pression pour que ce match ne se joue pas? L’hypothèse est plausible. Entre deux matches de championnat, et à six jours d’aller défier Schalke en Champions League pour une place en 1/8e de finale, les Bâlois avaient tout intérêt à ce que ce match n’ait pas lieu.

La décision de renvoyer le match interpelle

Alors, complot bâlois? L’annulation du train de supporters en provenance de Bâle a enflammé le Châtaignier. « Quand cela a-t-il été décidé? Le matin, l’après-midi? » Renseignements pris par Sport Information à quelques mètres de nous, le train a été stoppé en gare à 15h45, soit quelques minutes après la décision de l’arbitre de ne pas disputer la rencontre. Soit. Reste que la décision de renvoyer le match interpelle. « En 1re ligue Promotion, on nous aurait obligé à jouer! », tonnait Serge Duperret, à qui on donne raison sur ce point. Le FC Bâle, lui, a dormi au Grand Hôtel des Bains à Yverdon, s’est entraîné le mercredi matin à Echallens, avant de repartir vers Bâle une fois le match renvoyé. Alors, pression bâloise sur l’ASF et, par ricochet, sur l’arbitre? On ne le saura bien sûr jamais, mais comme l’a dit Claude Gross, rien n’empêche de se poser la question.

Un match rejoué au début du mois de février

Ce match devrait donc être rejoué au début du mois de février 2014. Le problème? Le Mont recommence son championnat le 2 mars, soit un mois plus tard. Il faudrait donc entamer la préparation au début du mois de janvier, plutôt que le 20, comme il était initialement prévu. Emmanuel Domo, toujours: « On a prolongé la saison de trois semaines, déjà! On a fini le championnat début novembre, et on se réjouissait de finir cette année magnifique avec ce match. » Celui-ci pourrait donc devenir un boulet, avec un FC Le Mont qui risque de payer ses efforts-là au printemps, dans la course à la montée en Challenge League. Pas question de tout sacrifier pour un match, aussi prestigieux soit-il. Le FC Bâle s’en moque bien: jouer en novembre ou en février ne lui changera pas la vie. Pour le FC Le Mont, par contre, cela change tout. Et on rejoint, une fois encore, Serge Duperret: l’ASF s’intéresse plus à l’un des deux clubs qu’à l’autre. S’agit-il d’un scandale? Pour le bien du football suisse, non. Mais pour l’équité, un peu plus…

Sans compter que si le terrain a été jugé impraticable un 4 décembre au Mont, on se réjouit de voir son état un 6 février… « Si l’ASF ne veut pas de clubs comme le nôtre en quarts de finale, elle n’a qu’à supprimer la Coupe Suisse! » Une conclusion forte, à la hauteur de la colère de Serge Duperret et de celle de toutes les personnes présentes au Châtaignier.

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