«Je devais montrer que j’étais serein»

Comment l’entraîneur du FC Gland, arrivé à l’été 2013 en provenance du FC Pied-du-Jura, a-t-il vécu l’entame catastrophique de championnat de sa nouvelle équipe? A-t-il perdu confiance? Et comment a-t-il fait pour que les « Orange » reviennent à la 6e place du groupe 1 de 2e ligue, après avoir commencé avec 1 point en 5 matches, et quelques solides claques (Payerne 2-8, Nyon II 1-5…)? Entretien avec un homme serein, sûr de lui, et qui confessera dans l’interview, en souriant, que son expérience en tant qu’entraîneur d’équipes féminines lui aura beaucoup servi à relativiser durant cette mauvaise passe.

Jean-Marc Dupuis, on a été surpris d’une chose en particulier dans ce premier tour…

Ah bon, laquelle?

Votre calme, en toutes circonstances. On vous a vu en préparation, quand tout allait bien, puis en pleine crise, et après… et vous étiez toujours le même. Serein. Une façade?

Oui et non. Quelle que soit la situation, l’entraîneur doit montrer qu’il maîtrise la situation. Si lui se met à courir dans tous les sens, c’est la fin. Je devais montrer que j’étais serein, comme vous dites, mais je n’ai pas eu beaucoup à me forcer. La vérité, c’est que je l’étais.

Même après 5 matches et 1 point? Vous n’allez pas nous faire croire que vous ne vous êtes pas réveillé à 4h du matin en transpirant, avec le classement devant les yeux…

Non, je vous promets (rires). Si j’avais 10 ans de moins, j’aurais pété un câble, ça c’est sûr! Je serais devenu fou. Mais là, non, je savais qu’on allait remonter la pente, même s’il était urgent de trouver des solutions.

Vous avez quand même dû vous remettre en question, non?

Bien sûr qu’il y a eu une grosse remise en question. Que pouvais-je changer? Qu’est-ce que les joueurs pouvaient changer? Mais de nouveau, je connaissais le potentiel de ce groupe, j’étais sûr qu’il pouvait faire mieux.

Vraiment? N’y-a-t-il pas un moment, un seul, où vous vous êtes dit que c’était fini?

Non, non, vraiment pas. Il fallait trouver l’amalgame. Les joueurs avaient le niveau, c’est évident. Quelques-uns venaient de plus haut, ce sont des joueurs de caractère. C’était sûr que ça allait tourner. Mais c’est vrai qu’après le match de Nyon (lire ici), je me suis approché du comité.

Pour leur dire quoi?

Que si c’était moi le problème, je m’en allais.

Vous l’auriez fait?

Ce qui compte, c’est le bien du club, pas celui de Dupuis Jean-Marc. Donc oui, je serais parti.

Et la réponse du comité?

Le vice-président Pascal Pernet a été clair: ma place était à Gland.

Du coup, vous êtes sorti renforcé de cette séance…

Oui, enfin renforcé, c’est un grand mot. On avait toujours peu de points. Il fallait commencer à gagner des matches… Mais disons que, oui, j’ai senti la confiance du club à ce moment-là. Pascal Pernet m’a dit que le problème était identifié, et que ce n’était pas moi. Bon, à partir de là, on a pu prendre quelques décisions.

Dont celle de rappeler Django Tabouret, qui était parti en retraite.

Oui. Son arrivée a ramené une certaine sérénité dans le vestiaire. Il a une grosse cote auprès des autres joueurs. Je m’y attendais, mais pas à ce point-là.

Ah oui?

En fait, je me suis rendu compte que le FC Gland était orphelin de Django, mais pas forcément du buteur, mais du personnage. Il a une aura, ce monsieur, vous savez.

Bon, mais sur le terrain, il a vite été décisif quand même! Cela a dû vous faciliter la tâche, non?

Ah, c’est sûr que lorsqu’il a marqué après deux minutes de jeu pour son retour, ça a changé pas mal de choses. Il nous a lancé vers notre première victoire de la saison, ce fameux 5-4 face à Grandson.

C’est le tournant de la saison?

Oui, je pense. Il a été très fort sur ce coup-là. Il avait accepté de revenir, sous la pression de notre classement. Les gens l’attendaient, il avait eu droit à quelques articles avant… Et il marque tout de suite! Il y a de la réussite, bien sûr, mais pas seulement.

Sera-t-il là au deuxième tour?

Oui, on va tout faire pour.

Dites-nous, aujourd’hui que la situation est rétablie et que le maintien en 2e ligue n’est plus un problème, vous vous prenez à rêver aux finales?

Non. Pas du tout. Nous n’en avons pas le potentiel, pas le mental. Enfin, je corrige un petit peu: nous avons le potentiel, sûrement. Mais rattraper 12 points, on ne pourra pas. On ne gère pas assez bien les matches, on n’est pas assez matures. Non, ce n’est pas de la communication ou que sais-je, mais les finales, c’est pour Payerne, Genolier, Pully… Ils ont de l’avance sur nous.

Ca veut dire quoi « gérer un match »?

Profiter des temps forts, limiter les dégâts dans les temps faibles… Ca, on ne sait pas faire. On est un peu trop dans l’émotion. Mais on va travailler pour corriger cela, et je pense qu’on sera un bon outsider durant ce deuxième tour.

D’autant que vous connaissez mieux l’équipe désormais! Allez-vous changer quelque chose dans la préparation?

Oui, clairement. Je pars dans une optique complètement différente.

Expliquez-nous!

Vous savez, à Gland, on a des joueurs de qualité. Des gars qui savent manier le ballon, mais qui ne sont pas forcément des monstres de travail, et je dis ça objectivement. Alors, on va bosser différemment, mettre de l’intensité dans le travail physique. On va les pousser, ce qui n’a pas été fait cet été.

Ils vont aimer les tours de terrain?

Pas de ça avec moi! On va travailler dur, mais avec le ballon. De nouveau, ça va être intense. Ils vont transpirer, je vous le promets, mais pas n’importe comment. Et le discours va changer un peu. Les matches amicaux seront un peu différents, aussi.

Comment ça?

L’été dernier, on a un peu « caché la merde au chat », si j’ose. On a fait de bons matches amicaux, et on s’est vus trop beaux. Résultat? 5 matches et un point. Cet hiver, nos adversaires sont Thierrens, Team Vaud, Pied du Jura, Malley, Echallens, Benfica… Pas de quoi se mettre trop en confiance.

De quoi être prêt pour recevoir Donneloye, le 23 mars?

J’espère bien, oui. On a une revanche à prendre, après la défaite de l’aller. Nos deux premiers matches, face à Donneloye et à Echichens, conditionneront pas mal de choses. Disons que si on ne les perd pas, la relégation sera clairement derrière nous.

Elle l’est déjà…

Elle peut l’être après ces deux matches. Il faut qu’on les prenne très au sérieux. C’est ma part de responsabilité de mettre les joueurs en condition pour cela.

Ils vont accepter, cette préparation plus intensive qu’au premier tour?

Oui, je ne me fais aucun souci. J’ai dit que ce n’étaient pas forcément des « gros bosseurs » naturels, mais c’est un groupe qui a de la fierté. Ils ont envie de montrer que le FC Gland est là. Le début du premier tour a laissé des traces ici. Ils ont entendu les commentaires, ils ont lu les articles, ils ont regardé le classement… De nouveau, il y a pas mal de joueurs de caractère. Ils ont remonté la pente à l’automne, et ils ont à coeur de continuer à le faire.

Vous qui avez entraîné dans le Nord vaudois (Azzurri Yverdon, Chavornay) et dans la partie campagnarde de la Côte (Pied du Jura), estimez-vous que le football y est différent par rapport à un club comme Gland?

Ouf, pas facile comme question! La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que tu peux bénéficier plus facilement de joueurs venant de plus haut quand tu entraînes Gland. Tu dois leur parler un peu différemment par rapport au joueur qui a fait tous ses juniors à Chavornay, ça c’est clair. Mais j’ai des souvenirs de joueurs qui étaient très bons, en 3e ligue, et qui avaient envie de progresser. Je pense à un Marc-Antoine Minger, c’est le premier nom qui me vient à l’esprit quand je parle de Chavornay. Mentalité exemplaire, bon joueur. Mais il n’a jamais connu la 1re ligue, comme ceux que j’ai à Gland aujourd’hui, donc tu es forcé de travailler différemment.

Concrètement?

Sur la Côte, on est moins proche des joueurs. On est plus dans le foot, purement. Les gars viennent, ils ont des attentes par rapport à l’entraînement. Si je reprends l’exemple du Nord vaudois, l’entraînement est important. Mais le moment à la buvette après l’est tout autant. Ou juste pas!

Bon, d’accord, mais il y a également le fait que vous avez eu Chavornay en 3e ligue et Gland en 2e ligue…

Oui, mais à Pied du Jura, aussi en 2e ligue, tu es également plus proche des joueurs qu’à Gland. Ca, c’est pour le rapport aux joueurs. Mais dans le foot, c’est la même chose, que ce soit dans le Nord, à Lausanne ou sur la Côte. Un club comme Grandson est dans la même vision que Gland. C’est une question d’hommes avant tout.

Aimeriez-vous aller plus haut? Vous êtes en train de finir votre diplôme A. Entraîner une 1re ligue un jour, ça fait partie de votre plan de carrière?

S’il y a une opportunité, on discutera. Mais je suis assez lucide. Sur le plan des entraînements, de la qualité, je pense que je pourrais. J’en suis sûr, en fait. Je ne me sens pas moins apte qu’un autre. Après, c’est plus dans le management que j’atteindrai ma limite, je pense. En 1re ligue, vous avez des joueurs qui viennent de Super League, de Challenge League. Ce monde-là, il m’est inconnu. Mais pourquoi pas comme assistant? Les compétences d’entraîneur, je les ai. Alors, ce pourrait être un bon compromis. Mais de toute façon, ça passe par un excellent boulot au quotidien avec Gland. Rien d’autre ne compte.

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