Après une relégation l’an dernier en 4e ligue, le FC Aigle Féminin est en très bonne voie pour retrouver l’échelon supérieur. Cette saison, l’équipe impressionne par son invincibilité et sa première place au classement, tout en se qualifiant pour les demi-finales de la Coupe vaudoise. Entretien avec Kim Despont, capitaine et défenseure centrale des Aiglonnes.
Les protégées de Jean-Daniel Perroset ont tout simplement réussi un tour parfait : 9 matchs, 9 victoires. Tenez-vous bien, les filles ont marqué un total ahurissant de 76 buts, et elles n’en ont encaissé que 3. Autre fait impressionnant, 3 joueuses dépassent ou atteignent le total des 15 réalisations : Leïla Bähler (19), Séverine Müller (17) et Gwendoline Fai (15). Comment expliquer de telles performances ? Kim Despont nous révèle les secrets de leur succès, de leur dynamique d’équipe et de leurs ambitions pour la suite.
À la trêve hivernale, vous occupez actuellement la première place de votre groupe et n’avez pas perdu un seul match. Comment expliquez-vous cette réussite ?
À la fin de la dernière saison, nous nous sommes retrouvées avec un contingent trop faible pour maintenir une équipe. « Par chance, » le FC Port-Valais a retiré son équipe et nous avons donc accueilli quelques joueuses. Chez les filles, comme chez les garçons, j’imagine qu’il est rare que tout le monde s’apprécie. Mais dans notre cas, on a assez vite matché. Elles ont accepté nos habitudes et on a accepté leurs nouveautés. Je dirai que lacommunicationest notre point fort. Si quelque chose ne va pas, on l’explique et on le résout. Et quand une ambiance est saine, les résultats ne peuvent qu’être positifs.
Malheureusement, la saison précédente a été délicate pour vous, se soldant par une relégation. Votre expérience en troisième ligue a-t-elle un impact sur ce premier tour ?
Disons que nous avons conscience de ce qui nous attend la saison prochaine. Dès l’arrivée des filles de Port-Valais, il a tout de suite été défini que nous jouerions la montée. Nous avons aussi été déçues d’être reléguées, surtout que nous n’étions pas loin à chaque fois d’une victoire. Et nous avons été dans l’incompréhension quand nous avons appris que l’ACVF faisait monter 3 équipes de 4e ligue, sans vraiment se rendre compte du saut de niveau qu’il y a entre ces deux ligues. Pour nous, c’est un peu notre revanche.
Vous vous êtes également qualifiées pour les demi-finales de la coupe vaudoise. Que signifie cette belle épopée pour l’équipe ?
C’est un peu notre vrai plaisir. D’autant plus qu’au début, l’ACVF voulait aussi punir l’équipe féminine d’Aigle à cause des incidents de la finale masculine cet été. Bien qu’on ne cautionne pas les faits, nous n’étions pas d’accord d’être punies au même sort. De plus, nous ressentons le mérite d’être arrivées jusque-là, car nous n’avons pas forcément joué les équipes les plus « faciles ». L’accession à la demi-finale nous prouve que la montée nous appartient. Et c’est aussi le beau côté de la coupe, il peut y avoir des surprises.
Comment évalueriez-vous le climat dans l’équipe cette saison ? Y a-t-il une joueuse, un moment marquant ou une annonce qui évoque cet état d’esprit ?
Bien qu’on ait dû apprendre à se connaître rapidement, l’ambiance est saine et joviale. Comme dans chaque équipe, certains ont des problèmes et je pense que notre force est aussi la compréhension et la compassion. Le foot reste une activité secondaire, plusieurs choses passent avant et tout le monde en est conscient, donc ça aide beaucoup dans la cohésion d’équipe. Au milieu de ce dernier tour, notre coach Jean-Daniel nous a annoncé qu’il venait d’apprendre qu’il avait un cancer et qu’il ne savait pas s’il pourrait assurer jusqu’à la fin du championnat. Je pense que ce moment a réuni chacun et chacune et nous a encore plus soudées. Si on se donne à fond, c’est particulièrement pour lui. Chaque victoire lui est dédiée.
Actuellement, trois des cinq meilleurs buteurs de la ligue évoluent dans votre équipe (Leïla Bähler a inscrit 19 réalisations, suivie de Séverine Müller avec 17 buts et Gwendoline Fai qui en a marqué 15). Comment gérez-vous cette force offensive ?
Elles sont incroyables ! Chacune a ses qualités offensives propres, et elles se soutiennent. On a un jeu très collectif. On n’attaque jamais seule : si la première rate son tir, il y a forcément une autre qui suit pour retenter sa chance. Je me dis toujours qu’en tant que défenseure, je suis contente d’être dans leur équipe pour ne pas devoir jouer contre elles…
Quels sont les prochains objectifs à long terme pour votre équipe ?
En espérant que tout roule pour le deuxième tour et que nous atteignions la 3e ligue, ce serait déjà de s’y maintenir et ensuite, pourquoi ne pas viser plus haut ? Toutefois, nous évoquons ici un avenir qui s’étend sur plusieurs années.
Quels seraient, selon vous, les principaux défis à relever pour continuer à développer le football féminin localement ?
Je pense que toutes les équipes connaissent des problèmes de contingent. Donc, je dirais que, comme cela commence à se faire un peu partout et je trouve cela incroyable, c’est de créer des mouvements juniors pour les filles. Mais connaissant plusieurs coachs là-dedans, trouver des joueuses reste compliqué. Je ne peux que me dire que si cela avait existé quand j’étais jeune, j’y aurais totalement participé. Je suis donc ravie de voir que cela est possible pour les jeunes joueuses d’aujourd’hui.
Rédacteur : Loïc Marendaz
Photo : @a.santos (couverture) et @maya_photographie (article)
