Voilà dix ans que la première garniture du FC Crissier évolue en 2e ligue. L’occasion de replonger dans cette période avec Matias Ferrari, joueur le plus capé de l’effectif, et Mustafa Ebibi, qui est parti des juniors pour finir président du club.
Depuis la promotion acquise lors de la saison 2014-2015, le FC Crissier navigue sans (trop de) remous en 2e ligue. Durant cette dernière décennie, le club de l’Ouest lausannois a fait preuve d’une régularité étonnante : hors saison covid, il a toujours terminé entre la 5e et la 12e place. Malgré quelques frayeurs (notamment en 2017-18 où Crissier s’est sauvé avec un point d’avance sur Venoge), les Crissirois ont immuablement fait bloc pour surmonter les moments compliqués. Matias Ferrari, qui a rejoint la première équipe en août 2016 et compte aujourd’hui plus de 150 matchs avec le club, le sait mieux que personne. «Même si certaines années la relégation est passée proche, grâce à notre persévérance on a toujours réussi à sortir la tête de l’eau. On est une famille, un noyau soudé fait d’entraide. Personne n’est là pour couler les autres.»

Espoirs déchus
Une saison fait toutefois exception à l’habitude qu’a prise le FC Crissier de terminer dans la seconde moitié du classement. Lors de l’exercice 2019-2020, avant que le covid ne mette les compétitions à l’arrêt, Matias Ferrari et ses coéquipiers rivalisaient avec les meilleurs (2e place, invaincus en 13 rencontres). «C’était une année grandiose, on aurait pu rêver d’accéder à la 2e ligue inter. Mais ça, c’est le passé. Désormais, il faut se tourner vers l’avenir. Qui sait ? Peut-être que le club aura à nouveau l’occasion de jouer les premiers rôles et pourra atteindre l’échelon supérieur», rêve celui qui est également entraîneur d’une équipe de juniors E du club.
Montagnes russes
Trêve de nostalgie. Revenons dans le présent, où Crissier ne déroge pas à ses habitudes : 6e place au classement, avec six victoires et six défaites. Réguliers, disions-nous ? Pas cette saison, selon le joueur de 26 ans. «Ce fut un premier tour assez mitigé ; c’était un peu les montagnes russes. Certains matchs, on a réussi à être structurés et à jouer un très beau football. À d’autres moments, comme lors de notre élimination en Coupe (ndlr : défaite aux pénaltys contre Sport Lausanne Benfica, malgré un doublé de notre interlocuteur), on est passé complètement à côté. Ce qui nous manque cette saison, c’est la constance. Si on réussit à ajouter cet élément, on peut devenir un sérieux outsider de 2e ligue, et pourquoi pas viser les finales.» Mais à 13 points de la deuxième place, ce ne sera sûrement pas pour cette année. Crissier devra également combler la perte de Luca Camerieri (18 buts la saison passée, 6 lors du premier tour), parti au Racing Club Lausanne cet hiver. Une occasion à saisir pour Matias Ferrari, qui a déjà fait trembler les filets à cinq reprises cette saison ? «Je souhaite marquer encore. J’aimerais apporter un plus à mon équipe. Mais oui, mon objectif est de me challenger et d’aller plus haut. Il ne me reste plus qu’à prouver !»

La formation comme fondation
Mustafa Ebibi, jeune président de 30 ans arrivé il y a 18 ans au club dans les catégories juniors, explique la stabilité de sa première équipe par la force de la formation des jeunes. «Ce qui me frappe surtout, c’est l’importance qu’ont accordée mes prédécesseurs, Aleksandar Radic et Sylvain Zuber, à nos juniors. Chaque année, certains d’entre eux sont intégrés à la «une», et cela reste un objectif central pour le comité actuel. Aujourd’hui, près de la moitié de notre première garniture est composée de joueurs ayant effectué tout ou une partie de leur parcours junior au sein du club. Nous poursuivons cette dynamique en ayant intégré, au début de la saison, Matteo de Sousa (né en 2007) et nous préparons également deux à trois autres juniors qui s’entraînent actuellement avec la première équipe durant cette trêve hivernale.»
Un avenir sous le signe des juniors, des féminines, et… d’un synthétique ?
« Pour les années à venir, notre ambition est de rester parmi les cinq premiers du classement, tout en maintenant notre philosophie et nos valeurs», projette Mustafa Ebibi. «Et pourquoi pas, un jour, pouvoir disputer des finales de promotions ?»
Pour conclure cette décennie et amorcer la suivante, le président exprime des vœux de continuité. «Poursuivre le travail avec nos juniors pour les intégrer. Accroître nos équipes féminines, dont nous sommes fiers, avec trois équipes pour ce deuxième tour. Et surtout, un terrain synthétique (dont le sort est actuellement entre les mains de la Municipalité) pour que nos jeunes puissent pratiquer le football dans les meilleures conditions possibles.»

Rédacteur : Mathieu Grandchamp
Photographe : Camerieri Pacôme (@compii23)