Frédéric Mauron: « Ce n’est pas le genre de match qu’on peut gagner »

Quatre buts encaissés avant la pause, quatre après: l’écart entre les formations de tête et celles qui se battront d’ici quelques semaines pour sauver leur place en LNA ne cesse de s’accroître, et Yverdon Féminin en a une nouvelle fois fait l’amère expérience face à Zurich. Toujours aussi téméraires sur le terrain, les Nord-Vaudoises ont trop rapidement plié pour espérer semer le doute dans les esprits zurichois, et la latte heurtée par Audrey Riat à la demi-heure n’y a rien changé. 0-2 après douze minutes, 0-8 au final, il n’y a pas le moindre regret à avoir. Yverdon s’est valeureusement battu avec ses armes, cela n’a pas fonctionné et ce n’est certainement pas cette défaite qui devrait les empêcher de fermer l’œil cette nuit. Les échéances importantes arriveront au mois de mai et c’est à ce moment-là que les filles de Frédéric Mauron devront être au sommet de leur forme, prêtes à en découdre et à laisser leurs tripes sur le terrain si c’est le prix à payer pour sauver leur place dans l’élite ainsi que l’honneur du football féminin romand. On a, d’ailleurs, profité de l’occasion pour s’approcher de l’entraîneur d’«YF», qui aurait sans doute souhaité offrir une toute autre opposition à sa fille, Sandrine, titulaire au milieu de terrain dans le camp adverse.

 

Frédéric, on ne va pas trop s’attarder sur la rencontre, mais…

…mais ce n’est pas le genre de match qu’on peut gagner! Zurich et nous ne concouront pas dans la même catégorie. Entre les trois formations de tête et le reste du groupe, il y a un monde, particulièrement avec les équipes de bas de classement dont nous faisons partie.

Aucun regret, donc?

Ce n’est pas sur ce genre de confrontations qu’on doit avoir des regrets, vraiment. On réalise une bonne première période, on se décompose un peu plus par la suite, c’est comme ça. L’apprentissage continue.

Comment réagissent vos filles après des défaites aussi dures que celle-ci?

Ça pèse un peu, au début, forcément. Mais ça ne dure jamais. Elles parviennent à rapidement passer à autre chose. Après des journées comme celle-ci, il faut juste tourner la page.

Au prochain entraînement, tout sera oublié?

Oui, j’en suis sûr. En revanche, c’est vrai que l’on prend trop de buts, et c’est sûrement le point qui me dérange le plus. Sept contre Lucerne et Bâle, huit face à Neunkirch et Zurich. À force, ça peut faire mal.

Si l’on reste sur l’aspect mental, est-ce le fait de vous savoir quasiment condamné d’avance au tour de relégation pose un problème?

Absolument aucun, et les choses sont très claires chez tout le monde depuis le départ. Cet été, lorsque j’ai signé, c’était en toute connaissance de cause. Je savais qu’on pouvait déjà s’apprêter à aller disputer ce tour de relégation. Pour être honnête, j’avais un tout petit espoir concernant une éventuelle sixième place, mais celle-ci a filé depuis le temps.

Et l’équipe se bat avec la même hargne depuis plus de six mois pour être prête le jour-J?

Oui, ces filles sont formidables. Elles mettent un cœur énorme dans ce qu’elles font, ne touchent pas un centième, s’entraînent cinq à six fois par semaine… et c’est peu dire qu’elles ont du courage pour s’entraîner dans ces conditions depuis la reprise. Le championnat a repris le week-end dernier et c’est à ce moment-là qu’on a pu retoucher de l’herbe pour la première fois.

Pas un centime?

Elles paient toutes leurs cotisations! Alors, lorsque l’ASF nous parle de professionnalisation de la ligue nationale féminine, c’est une très bonne chose. Mais force est de constater que, en Suisse Romande, on est encore largement en retard à ce niveau-là. Si on veut suivre le bon wagon, il va falloir se bouger.

De quelle manière?

Pour moi, cela doit passer par un rapprochement avec un gros club déjà existant, à l’image de ce qui avait pu se faire entre Kriens et Lucerne, par exemple. Outre-Sarine, bon nombre de clubs ont déjà bien assimilé le fonctionnement. C’est logique que ceux-ci soient autant représentés en ligue nationale.

Et c’est face à eux que vous devrez sauver votre peau au mois de mai…

… dans cette ligue où Bâle et Zurich se retrouveront bientôt six fois par saison (soupir). Ce passage de dix à huit équipes va rendre les choses compliquées, mais loin d’être impossible. Souvent, on est frustrés de s’investir autant pour si peu de résultats durant la saison régulière. J’aime à croire qu’on trouvera récompense à nos efforts pendant ces cinq matches.

Vous qui connaissez très bien le football féminin, vous savez ce que valent les deux meilleures formations de LNB, qui vous rejoindront pour ce tour final?

À mon sens, c’est tout de même un cran en-dessous. On rencontrera Aarau, qui est actuellement leader de ligue B, en quart de finale de la Coupe de Suisse, le 19 mars. On en aura un avant-goût à ce moment-là.

En championnat, les équipes phares du pays ne vous laissent pas la moindre chance. Vous pensez que cela peut tourner en Coupe?

Sur un match, tout est possible. La Coupe, c’est notre su-sucre. Si on passe Aarau, il risque de rester deux «gros» et Young Boys. On ne partirait certainement pas favoris, mais on a vu la saison dernière (défaite 0-2 face à Zurich en demi) qu’il y a toujours un coup à jouer.

 

Une interview réalisée par Florian Vaney

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