Yverdon Sport a souffert sur sa nouvelle pelouse, dimanche face au SLO. Mais les Yverdonnois y ont cru jusqu’au bout dans ce duel vaudois spectactulaire pour empocher leurs trois premiers points de l’exercice (3-2).
Il flottait un air de nostalgie, dimanche après-midi au Stade municipal, peu avant le coup d’envoi du match entre Yverdon Sport et le Stade-Lausanne-Ouchy. Pas à cause du fait que les joueurs locaux étaient sur le point de disputer leur première rencontre sur leur tout nouveau gazon hybride, dont les derniers rouleaux avaient fini d’être déroulés quelques heures plus tôt, non. La mélancolie était ailleurs.
D’abord, YS retrouvait pour la première fois un public qu’il avait quitté sur une relégation, à l’issue d’une victoire au goût amer face au FC Zurich, le 22 mai dernier (3-2), qui n’avait pas suffi à le maintenir en Super League. L’heure était donc aux retrouvailles entre les Verts et leur public, au coeur d’un été mouvementé en coulisses, et dont les dernières semaines du mercato promettent d’être riches en rebondissements.
Ensuite, l’affiche promettait un autre type de réunion entre deux des quatre formations vaudoises engagées cette saison en Challenge League. En effet, côté Lausannois, plusieurs éléments titulaires sur la feuille de match avaient porté, plus ou moins brièvement, la tenue yverdonnoise dans le passé. C’était le cas notamment du portier et capitaine Dany Da Silva, du défenseur Breston Malula, d’Hugo Fargues, mais aussi, et c’est sur lui que beaucoup d’yeux étaient rivés, d’un certain Nehemie Lusuena.

L’enfant du pays a bien grandi
Car parmi ces joueurs-là, même si chacun d’entre eux a son propre attachement à la Cité thermale, tous n’ont pas grandi sous les yeux des supporters du « Muni », jusqu’à en devenir le chouchou. Nehemie Lusuena, lui, fidèle à ses racines et guidé par son talent, a fait toutes ses gammes, ou presque, dans le Nord vaudois. Passant d’apparitions sporadiques avec la deuxième équipe à s’entraîner régulièrement avec le contingent de l’équipe première, jusqu’à sa première titularisation en Super League avec les Verts contre Young Boys en juillet 2023, le natif d’Yverdon est devenu un homme sous « ses » couleurs.
Alors forcément, l’émotion était présente dans sa tête et dans son coeur au moment d’affronter le club qu’il avait quitté par la petite porte en 2024, pour rejoindre Bellinzone. « C’était un moment spécial pour moi, de revenir ici après une année sans y avoir joué. De revoir le public, d’affronter des anciens coéquipiers, c’était quelque chose de spécial, même si énormément de choses ont changé », glissait le milieu de terrain peu après la rencontre.
Car, oui, depuis que Nehemie Lusuena a fait ses valises pour s’en aller continuer de taper dans le ballon loin des rives du lac de Neuchâtel, YS a, lui aussi, entamé une sacrée transformation. Cela n’empêche pas celui qui a grandi à quelques encablures de l’enceinte du Municipal de conserver de l’affection pour le club qui l’a fait éclore, comme en témoignait ce geste de la main pour s’excuser en direction du Kop, alors qu’il venait d’effectuer une intervention litigieuse, mais correcte, sur Dejan Sorgic parti seul au but.

Le championnat d’YS est enfin lancé
La séquence émotion passée, il serait dommage de ne pas évoquer le scénario mélodramatique qui s’est joué sous le regard des 2’040 spectateurs présents, entre deux équipes qui étaient toujours à la recherche de leur première victoire de la saison au moment de pénétrer sur la pelouse.
Une semaine auparavant au Rheinpark, Yverdon avait fait preuve de maladresse, bien qu’il avait eu la maîtrise du jeu et du ballon, et s’était incliné, puni par un Vaduz ultra-réaliste. Là, Stade-Lausanne-Ouchy a mis les protégés d’Adrian Ursea dans leurs petits souliers durant les 25 premières minutes, asphyxiant ses adversaires par un pressing extrêmement bien organisé. C’est donc logiquement que le tableau d’affichage situé derrière le kop nord-vaudois affichait 0-2 après 18 minutes, sans que la légitimité de cet écart au score puisse être remise en question.
Là où William Le Pogam et ses coéquipiers ont été les meilleurs, cette fois, c’est dans leur gestion des temps faibles, eux qui ont su faire face et recoller au score puis passer l’épaule, alors même qu’ils semblaient être au tapis, pris au dépourvu par la fougue des Lausannois. « On savait que c’était une équipe qui allait mettre passablement d’intensité, notamment dans les duels, et ça nous a posé pas mal de problèmes en début de match, reconnaissait Anthony Sauthier, chahuté tout au long de la partie. Mais comme vous l’avez vu, même lorsqu’on a encaissé le deuxième but, on ne s’est pas du tout affolés. On savait ce qu’on devait faire pour revenir, et on a su garder notre sang-froid malgré le déroulement des événements. »
Repositionné dans un rôle plus offensif au coeur du système nord-vaudois, Anthony Sauthier a su se montrer décisif, délivrant un amour de ballon pour Antonio Marchesano sur sa splendide réduction du score, puis en déviant juste ce qu’il fallait un centre de Mitchy Ntelo en direction de Dejan Sorgic, pour le 2-2. « Ce sont des choses nouvelles pour moi, comme pour William (ndlr: Le Pogam) de l’autre côté. Le coach nous demande énormément de choses, que ca soit dans l’aspect défensif, mais aussi dans la construction du jeu. Avec notre expérience, on doit être capable de sentir un peu le jeu et de progresser dans ce sens en étant placé là où il faut sur le terrain. »
Un terrain flambant neuf qui a donc réussi aux Verts, qui avaient eu l’opportunité de s’y entraîner la veille, pour préparer la rencontre. « Disons que là, c’était mieux que lors du dernier entraînement, où certains rouleaux étaient encore mal posés. Je crois qu’un centre sur deux que j’y avais envoyé avaient terminé au huitième poteau », souriait Anthony Sauthier avant de partir célébrer ce succès en compagnie des siens.
Les hommes du match
Du côté d’YS, Antonio Marchesano, auteur d’un doublé, dont une somptueuse bicyclette et un penalty transformé sous la pression, et Dejan Sorgic, auteur de l’égalisation, ont été les hommes forts de la rencontre. Chez les Stadistes, les deux ailiers, Kouasse Bah et Landry Nomel, hyperactifs dans leurs couloirs respectifs ont donné le tournis à leurs opposants.
Yverdon Sport – Stade-Lausanne-Ouchy 3-2 (1-2)
Buts: 4e Bah 0-1; P. Sutter 0-2; 27e Marchesano 1-2; 74e Sorgic 2-2; 98e Marchesano, pen. 3-2.
Yverdon: Martin; Sauthier, Pos (46e Gnakpa), Chappuis, Le Pogam (C); Sessolo (64e, Weber), Camara (64e Diop), Marchesano; Golliard (72e Ntelo), Sorgic, Pasche (21e Rodrigues). Entraîneur: Adrian Ursea.
SLO: Da Silva (C); P. Sutter, N. Sutter, Malula, Conus; Fargues (58e Gelato), Lusuena, Nkama; Bah (78e Garcia), Sartoretti (78e N’Dabrou, 87e Kaloga), Nomel. Entraîneur: Dalibor Stevanovic.
Notes: Stade municipal, 2’040 spectateurs. Arbitrage de Jonathan Jaussi, qui avertit Nkoma (32e, jeu dur), Lusuena (46e, excès d’engagement), Rodrigues (56e, jeu dur), Sauthier (78e, jeu dur) et Gelato (79e, jeu dur). Expulsion de Luca Gelato (97e, double avertissement).
Texte: Lucas Panchaud
Photos: Cristian António/ Libsvisuals