Gland se construit un bel avenir

Par quel sortilège les joueurs d’Amical Saint-Prex ont-ils été touchés à la mi-temps de la rencontre qui les opposait au FC Gland, ce dimanche après-midi? Même Mario Chedly, le nouvel homme fort du banc saint-préyard, n’était pas capable d’expliquer ce qu’il s’est passé en seconde mi-temps dans les rangs des locaux: «Pour l’instant, je ne sais juste pas quoi vous dire… tentait le Français après un long silence, visiblement marqué par les événements. C’est juste inexplicable». Le contexte? Amical avait fait forte impression en première mi-temps, dominant une jeune équipe de Gland qui avait peiné à rentrer dans la partie et été contrainte de laisser les clés du jeu au néo-promu.

Avec ne serait-ce qu’un peu plus de réalisme et de lucidité dans les derniers mètres, Saint-Prex aurait, sans exagération aucune, pu repartir au vestiaire avec, au minimum, deux buts d’avance. Au lieu de ça? Une poignée de secondes avant la pause, l’excellent Marco Pereira, qui aurait pu/dû bénéficier d’un penalty sur l’action précédente, faisait tout juste et, bien aidé par le poteau et le tacle glissé de Norris Henriod, trompait Vincent Caspescha, égalisait et pouvait savourer sa vengeance. C’est ce qu’on appelle ne pas se laisser abattre par les événements, et comprendre ça, à 18 ans, c’est déjà une très belle preuve de maturité. 1-1 à la mi-match, le début de la fin pour Saint-Prex.

Lamine Soumahoro et Mario Pessoa ont volé sur la première mi-temps

Emmenés par un Lamine Soumahoro en feu, les hommes de Mario Chedly ont, donc, réalisé l’entame de match qu’il fallait. Et ce n’est pas faire injure aux visiteurs que de dire que ceux-ci ont été bien payés en arrivant à la pause sur un score de parité. Vincent Caspescha n’a, quasiment, pas été mis à contribution, la ligne défensive saint-préyarde empêchait la moindre incursion adverse dans la surface de son dernier rempart et le reste de l’équipe gérait avec une certaine aisance la possession et la circulation du ballon. À la baguette, Mario Pessoa a touché un nombre incalculable de ballons. Le Portugais s’est régalé dans l’entre-jeu, profitant de tous les espaces pour s’envoler et créer le surnombre devant.

Et quand, devant, avec un peu d’espace, se trouve Lamine Soumahoro, autant dire que ses opposants ont meilleur temps de tendre la jambe, fermer les yeux et espérer que les frappes de l’Ivorien finissent dans les étoiles. Ce qui a, fort heureusement pour le FC Gland, assez souvent été le cas aujourd’hui.

Saint-Prex a trop voulu soigner la finition

Le buteur a été exemplaire pendant une période, s’impliquant au maximum dans le jeu d’Amical, allant chercher des ballons bas dans le terrain, redoublant les passes avec ses partenaires, affrontant lorsqu’il le fallait et remportant absolument tous ses duels. C’est assez simple, les spectateurs du Vieux-Moulin n’ont vu, quasiment, que lui entre 15h et 15h45. Il s’est démené pour que son équipe parvienne à marquer et fasse, enfin, la différence, car elle en avait largement les moyens. Cette différence, elle s’est finalement faite, mais tard, très tard, et à une seule reprise.

Et, pour se faire, Saint-Prex s’en est, à nouveau, remis à Lamine Soumahoro. Un duel gagné par un impressionnant contrôle de la poitrine, un relais avec Talel Chedly qui avait parfaitement compris ce qu’il se passait, et une frappe dans le petit filet (33e, 1-0). Imparable! Et cela a, probablement, également été le plus gros défaut d’Amical et de son buteur aujourd’hui. Deux buts, aussi hideux puissent-ils être, valent toujours mieux qu’un chef d’œuvre. Et des occasions pour enfiler ces deux «croûtes», Saint-Prex, à commencer par son numéro 10, en a eu plus qu’assez.

De la domination, un jeu attractif et puis… plus rien

Et c’est là, après presque 45 minutes où rien ne semblait en mesure de les atteindre, que les locaux ont craqué. Il y a eu cette égalisation de Marco Pereira, puis… plus rien. Les contrôles ne passaient plus, les passes en profondeur étaient systématiquement données à contre-temps, les lignes ne se trouvaient plus et l’envie qui animait les esprits saint-préyards avant la pause avait tout simplement disparu, pour une raison aussi mystérieuse que subite. La reprise du championnat après une longue saison de 3e ligue et un court été? Les changements au sein de l’équipe avec l’arrivée d’un nouvel entraîneur?  La chaleur qui a pesé sur les organismes après une heure d’effort sous un soleil de plomb? On l’ignore, mais en un quart d’heure, en-dehors du terrain, Amical Saint-Prex s’est effondré.

Gland a souffert, mais a fait parler ses qualités

On ne souhaite vraiment froisser personne du côté de Gland en écrivant cela ainsi, d’autant plus que les joueurs de Jamel Kaissi ont fait leur match, et c’est important de le mentionner. Certes,  ceux-ci ont eu un peu de peine à entrer dans la partie et ont, même, gardé la tête sous l’eau une bonne partie de la première période. On serait, toutefois, presque tenté de dire que le passage était obligé pour cette jeune équipe, fortement remaniée durant l’été avec l’arrivée de pas moins de huit juniors A, qui vont devoir faire leurs preuves en 2e ligue. Et, bien plus que des certitudes dans le jeu, qu’il ne ferait aucun sens d’attendre de cette formation juvénile à ce moment-là de la saison, la troupe de Jamel Kaissi a montré des qualités qui lui seront sûrement bien plus utiles pour progresser, continuer son apprentissage et tenter de se maintenir, voire même de viser un peu plus haut.

Par son abnégation, sa détermination et son abattage, le FC Gland a montré qu’il était capable de soulever des montagnes. Et, aujourd’hui, il a obtenu une victoire, au courage, qu’on ne va certainement pas lui enlever.

Le coup de tête de Tarik Barnoussi à la 85e qui vaut de l’or

Car oui, Gland a bien fini par passer l’épaule, profitant des soucis qui régnaient chez l’adversaire. Ce n’était ni au terme d’un suspense insoutenable, ni au bout de l’affrontement le plus épique de la saison, mais quelle importance? C’est le genre de match de début de saison, contre le voisin, qu’il faut gagner par tous les moyens, ne serait-ce que pour engranger un peu de confiance ou voir le nom de son équipe faire un bond au classement. Cela, les visiteurs l’avaient compris mieux que personne, eux qui étaient en quête de leurs premiers points de l’exercice après deux défaites, face à Grandson-Tuileries et Pied du Jura. A commencer par Tarik Barnoussi.

Le Français n’était pas titulaire au départ? Peu importe, lorsqu’il est entré en jeu, il a tout donné pour faire pencher la balance du côté des siens, et, à la fin, c’est lui qui est venu se jeter, placer son coup de tête à la réception du centre de Jérémy Cela et tromper Vincent Caspescha (85e, 1-2). Saint-Prex a bien essayé de répondre, mais n’était tout simplement pas assez présent dans cette seconde période pour vraiment avoir de quoi rétorquer.

Jamel Kaissi: «Je leur avais dit qu’il faudrait passer par un but de raccroc»

Au bord du terrain, à l’issue du match, on ne trouvait pas beaucoup plus heureux que Jamel Kaissi, qui n’est pas prêt d’arrêter de croire en ses jeunes: «Le pire, c’est que je le leur ai dit avant le match, que notre première victoire passerait par du courage, une lutte acharnée et un but de raccroc dans les dernières minutes. Je les avais averti que si on voulait faire des points, il faudrait en passer par là, être prêt à combattre. C’est ce qu’on travaille tous les jours à l’entraînement, semaine après semaine, mois après mois, alors, forcément, lorsque ça paie, on est satisfaits. C’est une victoire qui va nous faire beaucoup de bien, nous permettre de nous lancer et d’emmagasiner un peu de confiance. Il n’y a que du positif là-dedans. Vous savez, Gland reste un club formateur. Cet été, ils sont huit à être montés des Juniors A Inter à la première équipe, dont quatre qui étaient sur le terrain au début de la partie. Ce n’est pas évident, c’est un travail de longue haleine, mais c’est le genre de victoire qui fait beaucoup de bien au groupe».

Fc Genolier vs Fc Gland 3-0
Jamel Kaissi

Mario Chedly: «Le problème se situe dans les têtes»

Du côté de Saint-Prex, le temps n’est pas, pour autant, à tirer la sonnette d’alarme. Amical ne jouait que son deuxième match de la saison, après un bon match nul à Grandson (2-2), et, on le répète, sa première mi-temps aujourd’hui était tout à fait convaincante. Pendant 45 minutes, on a vu une très bonne équipe de 2e ligue. Sa seconde période? Les hommes de Mario Chedly devront vite, très vite, l’oublier pour repartir sur ce qu’ils savent si bien faire: jouer au foot! «Le problème, à mon sens, il se situe dans les têtes, expliquait finalement le Français. Les joueurs doivent prendre conscience qu’ils ont du potentiel, et que, s’ils prennent les devant, ils s’enlèvent énormément de soucis de l’esprit. J’ai l’impression qu’ils se mettent tous beaucoup trop de pression sur les épaules, alors que, à ce niveau-là, ça ne fait pas de sens. Le groupe vit bien, progresse bien, s’entend bien, maintenant, il va falloir être capable de gommer ce genre de problèmes pour la suite».

Un compte-rendu de Florian Vaney

Articles récents

Coupe vaudoise

Le Calice jusqu’à la lie

Malgré 45 premières minutes de très bonne facture, les Champagnoux se sont heurtés à un SLO en pleine bourre. Les Nord-vaudois n’auront jamais digéré l’inspiration

Coupe vaudoise

A 180 minutes du paradis

Les huit quart de finalistes de la BCV Cup s’affronteront ce soir pour une place en demi-finale. Tour d‘horizon des 4 affiches qui s’annoncent d’ores