Dans la douleur, le FC Renens a finalement réussi à sauver sa place en 2ème ligue au terme d’une saison 2023/2024 en dents de scie. Les entraîneurs William Luckhaupt, au club depuis un peu plus de 2 ans et Toumi Trabelsi ont décidé, le maintien acquis, de se retirer. Leur successeur, Ricardo Marques, évoque le passé, le présent et le futur d’un club en plein remaniement.
Le choix de Ricardo Marques sonnait véritablement comme une évidence aux yeux du comité du FC Renens, lorsqu’est venu le moment de nommer un nouveau visage à la tête de la première équipe. Le technicien de 39 ans n’est effectivement pas un inconnu.
En effet, depuis son arrivée du Portugal en 2014, l’ex-milieu de terrain a un peu bourlingué. Porto Lausanne, Prilly-Sports, US Portugaise et, bien sûr, Renens, autant de clubs que de tuniques qu’a revêtues le nouvel homme fort du Censuy durant sa carrière sur le sol vaudois. « Quand j’ai débarqué, je ne connaissais absolument personne ici. C’est par bouche-à-oreille qu’une connaissance de l’époque m’a conseillé d’aller tenter ma chance à Porto. Voilà comment tout a commencé. » glisse Ricardo Marques.
En points d’orgue, deux participations aux finales de promotion de 2ème ligue. La première avec Prilly, en 2016, la seconde, en 2018, avec Renens. « C’était incroyable de voir l’engouement autour de ces matchs. Je n’avais jamais vu le Censuy comme ça, c’était plein à craquer », se remémore l’ancien numéro 6, qui avait été convaincu à l’époque par un certain Edin Becirovic, rencontré à la Fleur-de-Lys, de rejoindre les rangs Renanais.
« Ce que je retiens avant tout, c’est que l’objectif promotion n’a pas été atteint »
Sa carrière de joueur, Ricardo Marques l’avait déjà quelque peu mise entre parenthèses, depuis quelques temps: « J’ai rejoint le FC Venoge il y a environ deux ans. Au début j’ai eu pas mal de temps de jeu, mais par la suite, avec les entraînements ici à Renens, les trajets, les matchs, c’est devenu plus difficile pour moi et j’ai perdu ma place », explique-t-il.
Un emploi du temps qu’il a fini par dédier quasi exclusivement au « FCR », où occupait le rôle d’entraîneur de la deuxième équipe, jusqu’à cet été. Son bilan ? Un podium en 2022/2023, suivi d’une participation aux finales de promotion ce printemps, soldée par un échec.
« Ce que je retiens avant tout c’est que l’objectif qu’on m’a fixé initialement, qui était d’amener cette équipe en troisième ligue, n’a pas été atteint », concède le technicien, à la fois réaliste et dur avec lui-même. Et de poursuivre « bien sûr il y a eu des circonstances. La première année, on a raté les finales pour une histoire de retraits d’équipes (ndlr: l’ACVF avait décidé de retirer tous les points engrangés par les équipes du groupe 8 contre les équipes qui avaient du se retirer, soit Turc Lausanne II et Azzurri 90 LS II, ce qui avait fortement pénalisé Renens II). Bien sûr, on n’y pouvait rien et ca a été dur à encaisser, mais en y regardant de plus près on aurait aussi pu faire plus de points ailleurs et ne pas subir cela. »
L’entraîneur de 39 ans va même plus loin, n’hésitant pas à endosser la responsabilité de la récente déception lors des finales, vieille d’à peine quelques semaines: « Je pense que j’ai été trop confiant après la victoire inaugurale face à Nord Gros de Vaud (ndlr: succès 2-1). Pour moi, on devait aborder ce deuxième match en voulant regarder Concordia II les yeux dans les yeux. Mais Guillaume Meylan nous a fait mal, très mal. Avec le recul, on aurait dû simplement essayer de bien défendre et ne pas perdre. » Le reste appartient désormais à l’histoire. Et le prochain défi qui attend Ricardo Marques est de taille.
Un projet sur 5 ans
Car si la deuxième garniture du Censuy a plutôt réussi un parcours honorable lors des deux saisons écoulées, sa « Une », elle, traîne son spleen depuis quelques mois déjà. Après une très jolie 4ème place en 2022/2023, les Renanais n’ont été que l’ombre d’eux-mêmes ce deuxième tour, affichant le maigre total de 8 points marqués en 13 matches de championnat depuis la trêve hivernale.
Une tendance que Ricardo Marques compte bien inverser, même s’il est bien conscient que la tâche sera loin d’être aisée : « Il va déjà falloir recréer un groupe solide, avec des valeurs communes. Les nouveaux joueurs devront être conscients qu’en arrivant à Renens, rien ne sera facile. Il faudra mouiller le maillot, travailler à l’entraînement et être prêts aussi à l’éventualité qu’on ne gagne pas tous nos matchs d’entrée de jeu ».
Un projet sur 5 ans accepté par la direction renanaise et qui a pour mot d’ordre la rigueur. « Pour moi c’est la base de tout. Je veux pouvoir compter sur des des joueurs qui ont la même mentalité que moi et qui respectent le maillot et leurs coéquipiers. Je préfère miser sur la personnalité plutôt que sur des éléments talentueux, mais qui pensent que tout leur est dû », martèle le nouvel homme fort du Censuy, qui pourra compter sur la présence une année supplémentaire de Kemo Mujcinovic cadre important de l’équipe et surtout, celle de Dragan Jankovic, capitaine et meilleur buteur des « Rouge ». « C’est important que nous puissions construire autour d’une base solide, avec un joueur expérimenté à chaque ligne. Dragan et Kemo sont les exemples parfaits de ce que je recherche, je suis heureux qu’ils restent », ajoute Ricardo Marques.
Objectif maintien
Si le contingent est encore loin d’être bouclé, l’objectif de la saison à venir est, lui, plutôt clair. « On sait qu’on ne va pas jouer le haut du tableau tout de suite, on doit rester réalistes, surtout après l’année qu’on vient de vivre. On doit essayer de se sauver le plus rapidement possible, tout en gardant à l’esprit qu’on ne va pas nous faire de cadeaux », admet celui qui a fait du FC Renens son club de coeur.
Un club dans lequel Ricardo Marques va chercher à démontrer, aux yeux du football vaudois et à lui même, que Renens peut militer à la place qui devrait être la sienne : « Un club comme Renens devrait être en 1ère ligue. On doit se servir des exemples de clubs comme Concordia, qui ont gravi les échelons avec très peu de moyens. Pour ma part, en tant qu’entraîneur, j’ai encore tout à prouver », termine Ricardo Marques, qui sera épaulé par Paulo Das Dores, ancien assistant de David Santos à l’US Portugaise.
Sous le soleil de plomb qui régnait en ce chaud samedi de juillet, un employé du club, courageux au demeurant, terminait de hisser les banderoles sur les grillages entourant le terrain synthétique du Censuy. Sur celles-ci, apparait en lettres capitales « Ici c’est Renens ». Comme un symbole du renouveau qui s’opère peut-être, dans ce club de l’Ouest lausannois qui ne demande qu’à revivre les heures de son glorieux passé.
Rédacteur: Lucas Panchaud
Photographe: Lucas Panchaud