« Je veux être le Président de tous les footballeuses et footballeurs de toutes les ligues »

Candidat à la présidence de l’ASF, Jean-François Collet, 50 ans et ancien Président du FC Lausanne-Sport, s’est confié sans langue de bois et avec honnêteté sur le football suisse et sa volonté d’amener un vent nouveau au sein de l’association. Découverte.

Bonjour Jeff Collet, merci de nous accueillir dans vos locaux de Grand Chelem Management. Vous êtes candidat à la présidence de l’ASF, pouvez-vous nous expliquer ce que vous désirez apporter?

J’aimerais être le Président de tous les footballeuses et footballeurs de toutes les ligues, moderniser et professionnaliser l’ASF. J’ai un vrai programme avec plusieurs idées concrètes qui devraient améliorer la situation des clubs aussi bien au niveau du football amateur que professionnel. En premier lieu, j’aimerais alléger les charges des formations vis-à-vis de l’ASF. Par exemple, lorsqu’un club inscrit ou réinscrit un joueur auprès de l’ASF, cette dernière facture une taxe de 27 francs. De mon point de vue cela va à l’encontre de l’objectif principal de l’ASF qui est la promotion du football en Suisse. Je veux donc supprimer cette taxe.

Si on abolit ces frais, cela ferait un manque à gagner de 2,5 millions de francs à l’ASF. Comment comptez-vous compenser cette perte?

L’association a un budget de fonctionnement de plus de 60 millions, des économies sont envisageables et il est surtout possible d’augmenter les revenus générés par l’ASF pour couvrir cette perte.

Il paraît que vous voulez mettre en place une centrale d’achats pour aider les clubs. Pouvez-vous nous expliquer en détail?

Oui, aujourd’hui un club amateur doit se débrouiller seul pour acquérir le matériel technique nécessaire à la vie du club. Il doit aller acheter ces produits au prix fort sans bénéficier de rabais de gros. Si l’ASF crée une centrale d’achat, elle pourra négocier des rabais conséquents qui bénéficieront directement au club. Cela peut paraître dérisoire à certain, mais en tant qu’ancien président d’un club de Challenge League et de Super League, je sais que chaque franc compte. L’ASF doit davantage soutenir les formations dans leur vie de tous les jours.

L’évolution de la numérisation est aussi au cœur de vos préoccupations.

Oui, c’est exact. L’ASF a développé un magnifique outil qui s’appelle Club Corner. Il faut cependant continuer son développement pour alléger les tâches administratives des clubs et de l’ASF.

Le sponsoring est un thème fréquent que vous évoquez pour votre candidature, pouvez-vous nous en dire plus?

C’est un domaine que je connais parfaitement du fait que je le pratique depuis plus de vingt ans. La gestion du sponsoring de l’ASF doit être optimisée pour augmenter substantiellement ses revenus et indirectement ceux des clubs. Il faut absolument professionnaliser ce secteur et offrir de nouveaux produits. L’ASF devrait davantage soutenir la Première Ligue et de la Ligue Amateur dans le cadre de leur commercialisation. Ces trois entités devraient travailler de concert afin d’offrir des produits attractifs aux sponsors. Il est important de rappeler que 98% des footballeurs sont amateurs!

[blockquote style= »1″]« La Coupe de Suisse actuelle ne fait plus suffisamment rêver »[/blockquote]

Le modus de la Coupe de Suisse n’est pas à votre goût. Comment voyez-vous cette compétition qui a perdu de sa saveur au fil des décennies?

Elle est déficitaire pour l’ASF et ce n’est pas acceptable. De plus, les primes offertes aux clubs professionnels étant insuffisantes, leur motivation se limite essentiellement à l’obtention d’une place en Europa League. La Coupe de Suisse actuelle ne fait plus suffisamment rêver. Il faut revoir de façon globale son concept et l’ouvrir davantage au football amateur. Je propose de créer la « Vraie Coupe de Suisse ». Quasiment toutes les formations devraient participer. à cette fête du football. Il y a trop peu de joueurs dans les ligues inférieures qui peuvent se dire « moi, j’ai joué la Coupe de Suisse ».

Très bonne idée, mais ça représente 1440 clubs!

Nous pourrions accueillir 1205 équipes. La Coupe de Suisse qui se déroulerait sur 12 tours avec une entrée des clubs dans la compétition en fonction de la ligue dans laquelle ils évoluent. Dès les premiers tours, les participants bénéficieraient de primes versées par l’ASF qui représenteraient des sommes intéressantes aussi bien pour les clubs amateurs que professionnels. De plus les clubs qui le désirent se feraient remettre gratuitement un jeu de maillot pour les rencontres de Coupe de Suisse. Ils pourraient ensuite le conserver pour le reste de la saison.

Ces derniers mois l’actualité était tournée du côté de Samaranch avec l’éviction du président Resul Sahingöz du Stade-Lausanne. Quel regard portez-vous sur cette affaire?

La gestion de la Promotion League est compliquée. Elle évolue vers une ligue semi-professionnelle voir professionnelle. Il va falloir réfléchir à une solution qui intègre les nouvelles spécificités de cette compétition notamment au niveau des octrois de licences pour les clubs.

L’argent est de plus en plus présent dans les ligues inférieures, comment pensez-vous gérer ce « problème »?

C’est un non-sens. Je peux comprendre que l’on indemnise certains joueurs, mais pas plus. C’est dommage, car la saveur n’est plus la même dans le foot amateur avec l’arrivée de nombreux joueurs qui n’ont aucune attache avec l’environnement direct du club pour lequel ils évoluent. Cette situation a un effet négatif quant à l’intérêt que le public porte à ces équipes. De plus cela limite l’accès des jeunes joueurs formés localement aux premières équipes des clubs. Ce problème est particulièrement sensible dans les régions se situant à proximité des frontières de notre pays.

Jean-Francois Collet, du temps de sa présidence au Lausanne Sport (DR)

La violence sur les terrains devient banale. Comment comptez-vous endiguer cette problématique?

Seules, les instances footballistiques ne peuvent pas régler ce problème qui les dépasse. Il faut œuvrer de concert avec les responsables politiques, la police et la justice. On a souvent tendance à faire porter le chapeau au monde du football alors que le problème est sociétal. C’est le sport roi et la passion qu’il engendre est parfois difficile à gérer. Quand j’étais Président du « LS », nous avons travaillé main dans la main avec la Ville et le Canton. Nous avons dû nous montrer sévère avec certains fans, mais au final nous n’avons pas eu à faire face à de gros problèmes.
La résolution de la problématique de la violence dans le foot amateur ne passe pas par l’interdiction des clubs communautaires. J’ai eu la chance de jouer à Italia Morges lorsque j’étais jeune. C’était une belle histoire, une fantastique ambiance. Le foot est un magnifique outil d’intégration mais il faut être strict en cas de dérapages.
La problématique des faux passeports est également au centre des débats. Des joueurs suspendus, ou interdits de terrain évoluent sous un autre nom sans que personne ne s’en aperçoive. C’est grave, il y a vraiment un travail de fonds qui doit être entrepris. Cependant je tiens à rappeler que les associations cantonales ne sont pas la police et que leurs moyens d’interventions sont une fois de plus limités.

[blockquote style= »1″]« J’aimerais organiser des journées dédiées aux bénévoles »[/blockquote]

La relève helvétique se porte bien avec de bons résultats dans les différentes catégories. Pensez-vous apporter votre pierre à l’édifice dans ce domaine?

Il y a toujours de quoi améliorer et optimiser avec un thème que nous avons déjà abordé: la limitation des moyens du football suisse. Avec plus de revenus, nous pourrions davantage reverser d’argent aux clubs amateurs et professionnels qui forment nos jeunes joueurs. Il en va de la compétitivité du football suisse dans le futur. Il faut également rendre un grand hommage à tous les bénévoles qui s’investissent dans nos clubs. Sans eux, ces derniers ne pourraient pas fonctionner. J’aimerais organiser des journées dédiées aux bénévoles de manière à valoriser leur travail, les remercier et les motiver à continuer leur engagement en faveur du football suisse. Il faudrait davantage intégrer les entraîneurs des équipes nationales dans la formation des coaches du foot amateur et convier ces travailleurs de l’ombre à des événements des équipes nationales.

Avec Dominique Blanc, autre candidat, vous représentez le canton de Vaud pour notre plus grand bonheur. Est-ce que vous allez défendre les « couleurs » romandes?

Je ne suis pas le candidat des vaudois ou des Romands ni celui du football professionnel. Je veux défendre les intérêts du football suisse dans son ensemble. Il n’y a pas de révolution à faire, mais l’ASF doit absolument se moderniser et se professionnaliser. Il faut optimiser les structures et les budgets de fonctionnement et générer de nouveaux revenus de manière à pouvoir reverser un maximum d’argent aux associations régionales et aux clubs. L’argent du football doit revenir au football.

[blockquote style= »1″]« Je crois en mes chances d’être élu »[/blockquote]

Vous avez failli être trois représentants vaudois en « finale », mais Philippe Hertig a échoué de peu face à Kurt Zuppinger.

Oui et c’est le parfait exemple qui démontre que l’origine linguistique ne doit pas être un élément primordial pour désigner le nouveau président de l’ASF. Il semblerait que trois clubs vaudois aient voté contre Philippe, bien qu’il soit lausannois d’origine. A mon sens il est important que les délégués qui vont voter se concentrent uniquement sur les compétences et l’expérience des candidats et non sur la région d’où ils proviennent ou la ligue qu’ils représentent. Le meilleur Président doit être élu sur des critères concrets et non sur du copinage. Il en va de l’avenir du football suisse.

Selon vous, quelles sont vos chances d’être élu?

J’en ai, mais je vais avoir besoin de soutien. Si on se montre pragmatique, ce n’est pas gagné d’avance du fait que la SFL (NDLR: Dont il est vice-président) a le droit à 28 votes, la Première Ligue à 26 (NDLR : Candidat désigné Kurt Zuppinger) et la Ligue Amateur (NDLR: Dominique Blanc) 47, donc théoriquement, Dominique a le plus de chances. Cependant, j’ai déjà rencontré plusieurs délégués qui ont été sensibles à mon programme et à ce que je pourrai amener au football suisse grâce à ma longue expérience dans la gestion de projets sportifs d’envergures. Si les votants s’appuient sur mes compétences, mon expérience et sur le programme que je propose, mes chances d’être élus sont élevées.  J’amène de nouvelles idées. Bref, on verra bien le 18 mai, mais personnellement j’y crois.

L’élection qui se jouera entre trois candidats Jeff Collet, Kurt Zuppinger et Dominique Blanc, aura lieu le samedi 18 mai.

A lire ou relire: L’interview de Dominique Blanc

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