La démonstration a duré 45 minutes

Bionic Laba Luyeye n’a pas aimé son vendredi. « Jouer un match d’une telle intensité après une journée de boulot, c’est dur », a soufflé le défenseur central de La Sarraz-Eclépens. Le chauffagiste a passé sa journée à bosser, s’arrêtant seulement après 17h, mission à finir avant le week-end oblige. A peine le temps de filer au Bois-Gentil pour le rendez-vous qu’il faut déjà être prêt pour l’échauffement, évidemment sans le plat de pâtes règlementaire quatre heures avant. « Je ne me voyais pas m’arrêter de bosser à 16h pour me faire cuire des spaghetti », sourit le toujours sympa « Bio ». A 20h pile, tout le FC La Sarraz-Eclépens était prêt sur le terrain, pas de souci, mais le pauvre Bionic et ses coéquipiers ont alors passé 45 minutes en enfer. Oui, La Sarraz-Eclépens a eu très chaud entre 20h et 20h45 vendredi soir.

La Sarraz dans le rôle du taureau

La faute à qui? A un impressionnant Team Vaud M21, dont la qualité de jeu a fait merveille. Ces jeunes-là s’entraînent six fois par semaine sous la direction de l’exigeant Ilija Borenovic et cela s’est vu au Bois-Gentil. Quelle qualité de jeu! Team Vaud, comme le LS, ne gaspille aucun ballon. Et quand on écrit « aucun », il faut prendre ce mot là pour ce qu’il est: une vérité sans exception. Avec un Luis Salgado très impressionnant sur le côté gauche, qui a joué en même temps latéral et ailier à l’image de ce que peut faire un Nicolas Gétaz en première équipe, Team Vaud a mis le feu dans la défense de La Sarraz en faisant circuler un ballon insaisissable pour les malheureux visiteurs, réduits au rôle de taureau dans une corrida.

La Sarraz a tenu grâce au mental et un peu de chance

On n’a même pas eu mal pour La Sarraz, en fait, car on a préféré se réjouir du spectacle présenté. Du jeu court, du jeu long, des transversales, du pressing et des occasions de but: Team Vaud a livré la mi-temps parfaite, sous le regard de Fabio Celestini. Les hommes de Jean-Philippe Karlen ont tenu comme ils ont pu, grâce à des sauvetages de dernière minute, grâce à un bon Eren Sahingöz dans les buts aussi, mais aussi grâce à un bel esprit de corps. La Sarraz-Eclépens a de vraies qualités mentales et c’est ce qui lui a permis de tenir ce vendredi: parce que sur le plan du jeu, il y avait trois classes d’écart en première période.

Cameron Puertas marque à la dernière seconde

Le score à la pause? 1-0 pour Team Vaud, un but inscrit à la… dernière seconde de jeu! La Sarraz, complètement asphyxié, a obtenu une touche dans le camp des jeunes, à la 44e. Plutôt que de récupérer, les Sarrazins sont allés la jouer rapidement, ce qui a exaspéré Jean-Philippe Karlen. « MARCHE! MAIS MARCHE! », a crié le coach à Steven Bernard, qui courait pour aller récupérer le ballon et jouer la touche. Evidemment, cela a fait sourire tout le monde, car Jean-Philippe Karlen, depuis la 5e minute, n’attendait qu’une chose: la mi-temps. Alors quand il a vu un de ses joueurs courir pour aller faire une touche, « Charly » a vu rouge. A raison: trente secondes plus tard, de l’autre côté, Cameron Puertas récupérait une merveille de ballon d’Ali Kabacalman, l’amortissait de la poitrine et trompait Eren Sahingöz d’une frappe croisée à ras de terre. Du bon travail et surtout un avantage amplement mérité pour Team Vaud à la pause.

Team Vaud a baissé le rythme en deuxième mi-temps

Heureusement, d’ailleurs, que ce match n’était pas disponible sur des sites de paris en ligne, parce que sinon, on aurait claqué toutes nos économies sur une victoire de Team Vaud à la pause. Et on aurait perdu. Parce que oui, d’une manière qui semblait incompréhensible à la pause, les jeunes Vaudois n’ont pas gagné ce match. Il y a plusieurs raisons à cela, la première étant une baisse de rythme assez compréhensible après 45 minutes aussi intenses. Team Vaud, cela a sauté aux yeux, n’est pas encore prêt à réaliser 90 minutes aussi pleines que les 45 de la première période. Voilà déjà une explication logique.

Jean-Philippe Karlen voulait jouer à douze

Ensuite? Il y avait une équipe en face, quand même, laquelle a été remobilisée par Jean-Philippe Karlen à la pause. Le technicien de La Sarraz-Eclépens sait parfaitement lire un match et, vendredi, il a aidé ses joueurs à trouver des solutions. L’une d’entre elles a été de mettre beaucoup plus d’agressivité, de jouer plus haut, de gêner la relance adverse. Et, surtout, le coach a effectué ses trois changements en même temps, à la 56e! Alors que son troisième joueur allait entrer et que seulement deux étaient sortis, M. Midhat Hajdarevic a demandé au troisième Sarrazin de se dépêcher de sortir, mais Jean-Philippe Karlen lui a dit que c’était bon comme ça. L’arbitre a alors dit: « Mais vous ne voulez faire que deux changements? » Ce à quoi « Charly » lui a répondu: « Non, j’en sors deux et j’en fais rentrer trois, c’est bon. On prend tellement le bouillon que j’ai le droit de faire comme ça! ». Ce qui a bien fait rire M. Hajdarevic et nous aussi, on avoue.

Mirsad Sakiri au bon endroit, au bon moment

Bref, La Sarraz a donc grillé ses trois jokers d’un coup à la 56e. Une prise de risques payante, puisque le changement de dispositif qui s’en est suivi a permis à Elmedin Hasanovic (passé défenseur central) et à ses coéquipiers de très largement relever la tête. Les visiteurs ont obtenu beaucoup plus de coups de pied arrêtés et se sont créés quelques situations offensives vraiment intéressantes. Et c’est sur un corner de la patte gauche d’Aleksandar Bozic que l’égalisation est venue, grâce à un peu de confusion et à un Mirsad Sakiri au bon endroit (65e, 1-1).

« Misko » Bozic très dangereux sur coup de pied arrêté

Dès lors, le match est devenu plus équilibré. Team Vaud a continué à bien jouer, mais pas de manière aussi impressionnante qu’en première période et La Sarraz n’était plus étouffé. Il y a eu des occasions de part et d’autre, un ou deux miracles d’Eren Sahingöz, et des visiteurs très dangereux sur corner ou coup-franc. La patte gauche de « Misko » Bozic a fait trembler l’arrière-garde vaudoise et Kevin Martin a eu beaucoup de boulot sur corner.

Kevin Martin dit non à Dylan Martini à la 80e

La plus grosse occasion pour La Sarraz est arrivée à la 80e, lorsqu’Alex De Groot s’est retrouvé au sol dans les seize mètres, sur un nouveau coup de pied arrêté. M. Hajdarevic a vu un ceinturage sur le milieu de terrain offensif sarrazin et montré le point de penalty. Dylan Martini, entré en jeu à la 56e, a alors pris le ballon, croisé son tir, mais Kevin Martin avait tout compris et choisi le bon côté. Dommage pour Martini, qui, un peu vexé d’être resté sur le banc au coup d’envoi ce vendredi après son bon match face à Schaffhouse en Coupe de Suisse, avait fait une très bonne entrée. L’ailier est souvent passé, il a bien défendu et il a mis une ou deux fois la misère à son latéral, mais il a manqué l’occasion d’être le héros de ce match, par la faute de Kevin Martin.

Un match nul qui se justifie

Le portier lausannois a donc sauvé un point pour son équipe, mais on a envie de dire que c’est mérité: si Team Vaud avait perdu ce match, cela aurait été beaucoup trop cruel pour ce que ces jeunes ont montré en première mi-temps. Le football peut être injuste? Oui, d’accord, et une défaite aurait eu valeur d’apprentissage, mais le partage des points est plus conforme à la réalité de ce match. Team Vaud a dominé la première période, la deuxième a été plus équilibrée et La Sarraz a raté le penalty de la victoire. Oui, le match nul se justifie.

Entraînement samedi matin pour les jeunes

Une chose est sûre, Bionic Laba Luyeye va profiter de son samedi pour récupérer un peu. On l’espère pour lui, en tout cas, et on va lui annoncer une bonne nouvelle: pendant qu’il se repose sur son canapé et peut se réjouir d’un week-end entier sans football, tous les joueurs du Team Vaud M21 avaient rendez-vous à 10h30. Au programme, décrassage pour ceux qui ont joué, entraînement plus intensif pour les autres. L’exigence, jusqu’au bout.

Les hommes du match

Ali Kabacalman a régalé à mi-terrain. Alors oui, il a perdu quelques ballons, mais on a envie de dire que c’est assez normal quand on essaie tout le temps de jouer et de trouver des angles de passes pour faire vivre le ballon vers l’avant. Comme à son habitude, il a montré une très grande aisance technique et il ajoute chaque semaine plus de jeu offensif à sa palette. Il y a encore quelques années, ou quelques mois, il prenait moins de risques, jouant souvent vers l’arrière. Là, à l’image de ce que peut faire un Musa Araz avec le LS, il cherche vite à se tourner et à mettre une impulsion offensive à son jeu. La concurrence est rude à son poste en première équipe, mais il est sur la bonne voie pour y retourner. Gros match aussi de Lucas Pos en défense centrale. Il n’est pas celui des jeunes qui fait le plus de bruit, mais il est solide, très dur sur l’homme et toujours bien placé. Vendredi, il a été très bon et cela n’est pas un hasard si Fabio Celestini l’a pris dans le groupe la semaine dernière à Lancy en Coupe de Suisse (tout comme Ali Kabacalman d’ailleurs).

Du côté de La Sarraz-Eclépens, Eren Sahingöz a sans doute ramené un point aux siens. Le jeune gardien lausannois appartient toujours au SLO, mais il a été prêté à La Sarraz pour y avoir du temps de jeu et pour y montrer ses qualités. Vendredi, il l’a fait, réussissant plusieurs arrêts de grande classe et montrant beaucoup de caractère. Il est trop tôt pour dire s’il va devenir un bon gardien de 1re ligue, mais disons que ce qu’il a montré ce vendredi va dans le bon sens. Valentin Dupuis a été très bon lui aussi, étant l’un des seuls Sarrazins à surnager en première période. Sa technique lui a permis de se sortir de situations compliquées et il s’est bien battu tout au long des 90 minutes. Cela a été plus compliqué lorsque son entraîneur lui a demandé de passer en pointe en fin de match, mais il a vraiment été convaincant dans son rôle de numéro 10 en première mi-temps.

Il a dit à Footvaud.ch

Ilija Borenovic, entraîneur du Team Vaud M21

Les quarante-cinq première minutes ont été belles à voir, oui. Mais même en deuxième mi-temps, on a eu des occasions, mais il nous a manqué ce réalisme dans les derniers mètres, devant le but ou dans l’avant-dernière passe. On a été bons jusqu’à 35 mètres des buts, disons. Maintenant, on doit encore travailler pour mettre le même rythme qu’en première mi-temps pendant 60 minutes, déjà. Si on arrive à faire ça, on aura encore plus de chances de gagner un match. Je suis confiant pour cette saison, elle devrait être moins compliquée que la dernière en termes de points.

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