La dernière séance

Voilà 8 printemps que Sébastien Guex a repris les commandes du FC Rances. 8 années de joies, de désillusions, d’échecs, de succès. Sous sa houlette, le club Nord-vaudois a pris une nouvelle dimension. 8 ans d’amour sincère qui se terminera à la fin de cette saison.

Il est environ 18h en ce mardi, lorsqu’on arrive au Goran’s Park pour retrouver Sébastien Guex. Sur le terrain, « son » terrain, l’entraînement du jour est déjà quasiment prêt. L’entraîneur Rancignolet dépose une dernière assiette sur l’herbe humide avant de s’avancer pour nous serrer la main. « On est quand même bien ici, non? » glisse-t’il en souriant, le regard tourné vers le ciel capricieux du Nord-vaudois qui laisse échapper quelques rayons dans la fraîcheur de ce début de soirée.

Par monts et par vaux

Ce pré, sur lequel il se sent comme chez lui, Sébastien Guex en a fait, au fil des années qui ont accompagné son passage sur le banc du « FCR », une place forte de 3ème ligue. Mais cela n’a de loin pas toujours été le cas. « Lorsque je suis arrivé en plein milieu de la saison 2015-2016, 12 joueurs venaient de quitter le club. La plupart de ceux qui sont restés ne me connaissaient pas. On a repris quelques vétérans qui ne voulaient pas laisser tomber et deux ou trois joueurs de la deuxième équipe pour compléter l’effectif », se remémore le technicien de 54 ans. Parmi ces joueurs, pour ne citer qu’eux, Boris Dreher et David Bochud, encore présents aujourd’hui.

Sa première saison se soldera par une participation aux finales de promotion, lors desquelles ses hommes échoueront une première fois. Ambitieux, pourtant, celui qui est originaire du Pied du Jura et a grandi à La Chaux, l’est resté, menant plusieurs fois Rances aux portes de la montée entre 2017 et 2022. « J’ai beaucoup appris durant ces années. J’ai dû faire certains choix, arrêter d’être peut-être trop gentil dans la gestion d’équipe. J’ai parfois eu de la réussite dans le coaching, et d’autres, aujourd’hui encore, je me dis que je suis passé complètement à côté », raconte Sébastien Guex, qui vivait alors sa toute première expérience en tant qu’entraîneur d’une équipe d’actifs.

Songe d’un après-midi de juin

Il est environ 17h20, le dimanche 19 juin 2022, lorsque le Goran’s Park explose littéralement. Rances vient tout juste d’être promu, à la faveur d’une victoire d’anthologie face à son voisin et ennemi de toujours, le FC Champvent II. Un souvenir qui restera gravé à l’encre indélébile dans le coeur et dans la mémoire de Sébastien Guex: « C’était quelque chose de très fort, une sorte d’accomplissement, d’aboutissement. J’ai aussi eu le sentiment d’avoir beaucoup mieux géré ces finales avec l’expérience. Les joueurs étaient un peu au fond du bac après le match nul qu’on avait fait à Racing. Mais dans ma tête, je savais qu’on avait encore notre finale contre Champvent et j’étais très optimiste ».

Lorsque les trois coups de sifflet finaux ont retenti, Sébastien Guex se souvient d’une pensée toute particulière : « Tu te dis, après toutes ces années d’entraînement sous la pluie, sous la neige, de conflits à gérer avec les joueurs, que tout cela a finalement pris un sens. C’est pour ça que tu fais ça, pour vivre ce genre de moments. Ceux qui étaient présents ce jour-là m’en parlent encore aujourd’hui. »

Le FC Rances surfe actuellement sur la vague du succès, avec 4 victoires lors de ses 4 dernières sorties.

Une identité forte

Presque 24 mois après ces instants magiques, Rances est sur le point d’assurer son maintien en troisième ligue pour la deuxième année consécutive. « J’ai enfin compris pourquoi les gens disent que la deuxième année est toujours plus difficile que la première », reconnaît Sébastien Guex, avant de compléter : « Après la promotion, nous étions encore très euphoriques, on ne se posait pas trop de questions. Les matchs s’enchaînaient et les points venaient au fur et à mesure. Cette année, la réalité nous a un peu rattrapés en début de saison ». Pourtant, sa troupe, à la faveur d’un second tour d’excellente facture, est encore dans les temps de passage pour égaler, voire même surpasser sa performance de l’exercice 2022/2023.

Cette troupe, justement, il l’a façonnée à son image, lançant dans le grand bain des jeunes talentueux du village, comme Théo Guignard, Valentin Cottens, capitaine de cette première équipe, Damien Seiler et Alan Guex, son fils, qui réalise une superbe saison avec pour l’heure 8 buts à son actif. « On a vécu des moments exceptionnels avec Alan, car je pense que très peu d’entraîneurs pourraient entraîner leur fils sur du long terme comme cela », relève Sébastien Guex, qui admet : « Même s’il a du caractère, là où c’est plus facile à gérer pour moi, c’est que c’est quelqu’un qui se donne toujours à fond. Je pense même qu’inconsciemment, je l’ai quelquefois un peu pénalisé par peur de léser des autres joueurs. »

Sur le chemin, Sébastien Guex a également su s’entourer de gens loyaux, compétents, à l’image de Sergio Vanetta, aujourd’hui entraîneur de la « deux » mais aussi et surtout de Laurent Seiler, lui qui était un ami de longue date avant de devenir bien plus que son bras droit dans le vestiaire rancignolet. « C’est grâce à Laurent que je suis devenu entraîneur ici. Nous étions chez lui lorsque j’ai proposé spontanément de rejoindre le club. C’est vraiment quelqu’un sur qui j’ai toujours pu compter, de par sa bienveillance. Il a toujours été de très bon conseil. »

Dylan Porchet, ici face au FC Orbe en mai 2023, reprendra le poste occupé par Sébastien Guex dès la saison prochaine.

Un oeil qui rit, un oeil qui pleure

Après 8 saisons, Sébastien Guex a donc décidé de laisser sa place sur le banc du FC Rances. Un choix mûrement réfléchi, qu’il assume avec une sérenité décontractée. « J’ai tout de suite été conscient qu’il fallait du changement. Il faut aussi laisser l’opportunité à cette équipe d’évoluer, de connaître une autre manière de coacher, de voir le football. J’ai pleine confiance en Jimmy Cuérel, qui est déjà là, et en Dylan Porchet, qui arrive peu à peu sur la fin de sa carrière de joueur. C’est une chance d’avoir quelqu’un comme lui qui est prêt à reprendre et à s’investir pour l’équipe. », assure Sébastien Guex.

Pourtant, le coeur du Rancignolet d’adoption balance encore, à quelques heures de son ultime match à la tête des siens: « C’est clair qu’il y a ce sentiment un peu partagé, comme on dit: un oeil qui rit, un oeil qui pleure. Mais comme toutes les pages, il faut la tourner et je suis vraiment convaincu que c’est le bon choix. Même si ma femme Carole et ma fille Julie, qui sont tout le temps là, sont déçues que j’arrête, je sens que le moment est venu. »

Sébastien Guex dirigera donc une dernière fois « son » FC Rances, lors du match face au FC Prangins Sports IB. Durant 8 ans, « le fote » aura pu compter le technicien Nord-vaudois parmi ses figures emblématiques. Un homme charismatique, chaleureux, humain, qui aura marqué par sa sincérité et par son dévouement.

Avec lui, celui qu’on surnomme « Le Guerrier du cru » emportera 1000 images. Des images que 1000 superlatifs ne sauraient cristalliser et 1000 histoires qu’on ne saurait conter. 1000 tranches de vie, 1000 séquences d’un film haut en couleurs qui est sur le point de se terminer.

Et le rideau sur l’écran du chef-d’oeuvre écrit par Sébastien Guex, finira par tomber, en beauté.

Rédacteur et photographe : Lucas Panchaud

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