Au terme d’une saison intense, ponctuée par le maintien du FC Lonay en 2e ligue, Elliot Kempf, le dernier rempart lonaysan, a décidé de tirer sa révérence. Une page se tourne pour celui qui aura consacré plus de vingt ans au football des talus, toujours animé par la passion du jeu et l’attachement à son club de cœur.
« Mon objectif était de finir la saison en maintenant l’équipe en 2e ligue, et d’arrêter si c’était le cas. Je n’aurais pas pu arrêter le foot en laissant le club sur une relégation en 3e ligue. »
L’histoire commence en 2002. Elliot n’a alors que cinq ans lorsqu’il rejoint le FC Lonay, club dans lequel il effectuera toutes ses classes juniores. « J’ai joué avec Lonay jusqu’en junior D, puis en sélection pour Foot Région Morges, jusqu’en B, avant de revenir à Lonay à l’âge de 16 ans, en 4e ligue. J’y ai joué pendant deux saisons, où j’ai pu découvrir le football des adultes et tous les à-côtés qui vont avec. »
Même si les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, ces années restent marquantes. « Ce furent des années pas forcément géniales d’un point de vue sportif (même si nous avons joué des finales de promotion), car j’avais peu de temps de jeu, mais terriblement enrichissantes sur le plan de la camaraderie. » La suite se joue sous d’autres couleurs : il rejoint le FC Assens en 2e ligue, appelé par son mentor Jordi Peracaula (actuel entraîneur du Pully football I). « J’y ai évolué pendant quatre saisons avec un groupe génial et un niveau de jeu que je n’avais encore jamais expérimenté. On a tout connu : une descente, une remontée… et malheureusement une nouvelle descente. » Malgré les hauts et les bas, il garde des souvenirs positifs et marquants de cette époque : « Je n’en retiens que de bons souvenirs, que ce soit dans la victoire ou la défaite. »
Puis vient l’appel du cœur. En 2020, le président du FC Lonay, Vincent Antonioli, lui propose de revenir participer à un nouveau projet ambitieux. Elliot, sans hésiter, accepte. L’équipe est alors portée par une dynamique positive et une ambition collective. « Nous avons réalisé une saison où nous étions intouchables, avec seulement une seule défaite. C’était la saison « COVID », où nous n’avons joué qu’un seul tour, et nous sommes montés sans devoir disputer les finales. La meilleure saison sportive de ma carrière, je pense. »
Le FC Lonay, c’est plus qu’un club pour Elliot. C’est une famille. « Le club de mon village d’enfance : un club familial, tourné vers la formation, dont les dirigeant·e·s donnent 100 % pour le bien des membres. » Il confie avoir été touché cette saison de retrouver sur le bord du terrain son tout premier entraîneur, toujours aussi investi : « C’était un plaisir de venir jouer cette saison et de voir que mon premier entraîneur junior, Christian Carrard, est toujours là, 23 ans plus tard. »
Malgré les plaisirs du jeu, cette dernière saison n’a, sportivement, pas été la meilleure pour l’équipe fanion du club de la Côte. « Elle ne s’est pas déroulée de la manière la plus détendue… d’un point de vue sportif », admet celui qui a disputé onze rencontres sous le maillot de la « une » durant cet exercice. En effet, le club a lutté pour le maintien, et c’est seulement à trois journées de la fin qu’une victoire contre Ecublens a offert le soulagement tant attendu. Pourtant, dans l’esprit d’Elliot, la décision était déjà prise : « Cela faisait une à deux saisons que l’idée d’arrêter trottait dans ma tête, et cet hiver, j’ai eu le déclic. » Ce déclic, il le décrit simplement : « Durant la trêve hivernale, j’ai constaté que je n’avais pas envie de reprendre le football. J’ai senti ce manque d’envie qui était omniprésent, ce qui m’a conduit à prendre cette décision. »
Son dernier match, lui, restera gravé. Non pas pour sa performance sur le terrain, mais pour l’émotion partagée avec les siens. « J’ai eu la chance d’avoir une fête organisée par mes potes et ma famille au bord du terrain : fumigènes, bâches et chants en mon honneur… C’était génial ! » Un moment où l’intensité des sentiments a pris le dessus sur la concentration : « Autant dire que je n’étais pas hyper concentré sur le match… et ça s’est peut-être un peu vu. » Ce jour-là, il boucle la boucle là où tout a commencé, entouré de ceux qui ont jalonné son parcours.

Et maintenant ? L’avenir s’annonce plus libre. « Prendre du temps pour mes proches, ma famille, mes potes… et moi. Profiter d’avoir du temps les soirs de semaine et les week-ends. » Elliot entend bien continuer à vivre sa passion du sport, mais autrement : « Étant fan de sport en général, ça me permettra également de pratiquer d’autres activités sportives et d’aller voir et supporter d’autres équipes. » Il sourit à l’idée de décrocher totalement : « Je pense qu’il est très probable que je traîne à Faclay 2-3 week-ends, par exemple pour aller voir la deuxième équipe qui est montée en 3e ligue. »
Et après cette belle carrière, difficile de désigner son meilleur souvenir. « Je n’ai pas réussi à les départager entre notre victoire aux finales de Graines de foot en junior D et la montée en finales de 3ème ligue avec le FC Assens en 2018. » Des moments où la magie du collectif a pris le dessus.
Elliot Kempf s’en va sur la pointe des crampons, fidèle à ses valeurs et à son club. Son parcours dans le « foot des talus », comme il aime l’appeler, aura été à son image : sincère, généreux et ancré dans le plaisir du jeu.
Texte : Jérôme Marendaz