«L’esprit d’équipe a toujours été un facteur déterminant pour moi»

Le football nord-vaudois perd une de ses figures. Damien Zeni, qui a annoncé son arrêt de la compétition en actifs, est en effet un de ces joueurs à part dans le petit monde du football vaudois. Très fair-play (a-t-il seulement pris un carton dans sa carrière?), n’ayant connu que deux clubs (Rances, son village, et Donneloye pour une expérience plus haut) et prêt à s’investir en dehors du terrain, il est celui sur qui tout le monde compte au FC Rances lorsque les choses tournent mal. D’un caractère plutôt discret et peu expansif, il n’est pas un leader de parole, mais bien un leader par l’exemple. Pas le genre à aboyer sur tout le monde, mais plutôt celui à ne jamais baisser les bras. Son équipe est menée de trois buts? Il y a de fortes chances que ce soit lui qui marque le 3-1, puis le 3-2, avant de laisser les autres briller.

Damien Zeni est un vrai grand joueur de football régional, lui qui aura connu la 5e ligue (Rances), avant de partir à Donneloye (3e ligue), où il fêtera une promotion en 2e ligue. Après quelques années, l’appel de la "maison" était trop fort et il reviendra à Rances, où le club oscillera entre 3e et 4e ligue. Il a donc décidé, à 33 ans, de prendre sa retraite. Celle-ci a été célébrée dans la discrétion, à son image. Pas question de le porter en triomphe, surtout après une saison aussi difficile, ponctuée d’une relégation en 4e ligue. Il le mériterait, pourtant, pour tout ce qu’il a réalisé sous le maillot du FC Rances. Mais il n’aimerait pas ça, sans doute, préférant, comme tous les grands, que l’on parle de lui le moins possible. Pas de chance, on a souhaité l’interviewer.

Damien Zeni, vous avez décidé d’arrêter le football des actifs, mais rassurez-nous, vous allez continuer à jouer au football!

Oui, je continue, je vous remercie de vous en inquiéter (sourire). Je vais désormais porter le maillot des Seniors de Rances-Arnex, le FC Treize-Coteaux. A 33 ans, c’est le moment… Enfin, si j’ai le niveau! Ils m’ont dit que je devrai passer un test d’entrée, on va voir (sourire)

Allez-vous rester à disposition de la première équipe du FC Rances? On connaît des joueurs qui disent prendre leur retraite et se retrouvent un match sur deux avec leur ancienne équipe pour "dépanner"…

Non, les choses sont claires, il faut tourner la page. Déjà cette année, j’ai senti qu’il était plus compliqué de venir aux entraînements. Et sans entraînement, pas de match. Non, vraiment, le football d’actifs, c’est terminé pour moi.

Une page se tourne au FC Rances…

Oui, bien sûr que je suis un peu triste, mais c’est la vie. Je sentais que j’avais un peu moins de motivation… Franchement, c’est le moment. Alors oui, je ne suis pas content de partir sur cette relégation. On aurait pu se sauver, je vous promets, mais on a manqué de sérieux au moment-clé. Le FC Rances a les défauts de ses qualités, c’est comme ça. On a une ambiance géniale, la buvette vit de grands moments et j’adore l’atmosphère qu’il y a ici. Mais parfois, on n’est pas assez conscients des enjeux. Et le groupe 3 était assez relevé cette année, il faut bien le dire aussi. Allez, on ne va pas parler de ça, si?

On va parler de vous, déjà… Vous êtes un enfant de ce village, où vous avez débuté en actifs. Déjà comme attaquant?

Oui, mais j’ai vraiment joué partout! En juniors, j’étais libéro. Et lorsque je suis arrivé en 5e ligue, j’ai joué attaquant. J’ai mis vingt buts en un tour pour mes débuts dans le monde des adultes! J’ai fini la saison à 30 ou 40… Et là, forcément, ça a commencé à parler un peu. J’ai choisi de vivre un petit défi sportif et d’aller à Donneloye, qui était en 3e ligue.

Vous débarquez donc dans la peau d’un jeune attaquant ambitieux…

Oui, et on joue le premier match amical, Jean-François Mazzieri me place comme attaquant. Jusque-là, tout va bien. Enfin, je croyais! Suite à ce match, il a en effet décidé que je serais parfait comme… latéral! Je ne devais pas l’avoir tellement convaincu (rires). Bon, la vitesse n’a jamais été mon point fort, je n’étais pas exactement le genre de joueur qui allait déborder à outrance, mais j’étais donc repositionné latéral.

S’ensuivront quelques belles années…

Ah oui! Je suis resté six ans à Donneloye, et j’y ai vécu la promotion en 2e ligue, un moment génial. Quand Raphaël Comisetti est arrivé, il me voyait plutôt dans l’axe, en 10 ou en 6. Je me suis adapté. Maintenant, je peux dire que j’ai joué partout.

Vous décidez de revenir ensuite à Rances. Mais après Donneloye, n’auriez-vous pas aimé continuer en 2e ligue, voire même aller plus haut? 

Non, je pense que je n’aurais pas pu jouer plus haut que la 2e ligue. Et puis, à ce moment-là, le football n’était clairement plus une priorité, même si j’y ai toujours attaché beaucoup d’importance. Pourquoi ne pas être allé en 2e ligue ailleurs qu’à Donneloye? Parce que nulle part je n’aurais pu retrouver une ambiance comme là-bas, à ce niveau. L’esprit d’équipe, la buvette, l’ambiance, cela a toujours été un facteur déterminant pour moi. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas pousser des coups de gueule, attention! Il y en a eu, bien sûr, mais toujours dans le bon état d’esprit.

Ce FC Rances, comment le voyez-vous?

Comme je vous le disais au début, c’est le club de village par excellence. C’est vraiment comme cela que je le ressens. Avec ses défauts et ses qualités, une nouvelle fois. Mais que de bons moments passés ici… C’est ça le football que j’aime.

Quels sont vos meilleurs souvenirs durant cette carrière composée de deux clubs?

Les promotions, sans aucun doute. La première, avec Donneloye, était un moment spécial. Et les deux avec Rances, aussi, bien sûr.

On imagine qu’une autre fierté, c’est celle d’avoir contribué à développer le FC Rances hors du terrain, non?

Oui, c’est sûr. J’ai fait partie de la Fondation Obvest, pour "objectif vestiaires". On est venus travailler tous les samedis matins, on s’est énormément impliqués. Et tout ça, dans un état d’esprit extraordinaire. Oui, ça, franchement, je ne pense pas que ce soit possible dans tous les clubs.

Quels sont les meilleurs joueurs que vous ayez côtoyé?

Raphaël Comisetti, lorsqu’il était entraîneur-joueur à Donneloye. Il était incroyable. Il pouvait s’arracher la jambe et continuer à jouer. Cela avait un impact énorme sur nous, les autres joueurs. Si t’avais une petite contracture à la cuisse, tu continuais à courir, croyez-moi! J’ai eu la chance de le connaître. Un autre très bon joueur, toujours à Donneloye, a été Martial Freymond, un milieu défensif qui a aussi joué à Echallens. Et à Rances, j’ai eu la chance de côtoyer Cyril Cottens. Il y en a d’autres, mais ces trois-là me viennent spontanément à l’esprit.

Que peut-on souhaiter au FC Rances?

Que la prochaine promotion dure un peu plus longtemps (rires)!

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