Luca Scalisi, un senior en or

L’ancien joueur du Lausanne-Sports, qui a fortement contribué à sa remontée dans l’élite (titre en 2e ligue inter, première ligue et promotion ligue avant de rejoindre Azzurri 90 LS), nous a accordé une interview à cœur ouvert. Retrouvaille avec un joueur de qualité, mais surtout un homme qui sait choisir ses priorités. Le tout, dans les rires et la bonne humeur.

Tu as quitté la première ligue d’Azzuri LS 90 pour rejoindre la catégorie des Seniors depuis 1 saison et demie. Tu n’as pourtant que 31 ans et plusieurs opportunités sérieuses, pourquoi ce choix ?

C’est avant tout un choix de famille. J’ai deux enfants dont le plus grand va sur ses six ans, il commençait à me faire comprendre que « papa est toujours au foot », et je souhaitais consacrer plus de temps à ma compagne et nos deux enfants. J’aurai pu continuer encore 5 ou 6 ans mais c’est un choix qui me convient vraiment.

Et tu as rejoint les seniors du FC Cheseaux, quel était ta motivation ?

C’est un copain d’enfance qui a créé l’équipe… Il entraînait une 3e ligue et désirait lever le pied, je voulais aussi calmer la cadence. Il m’a proposé de les rejoindre et ça correspondait à mon désir. J’ai vu ça comme un signe. En plus, il y a mon frère dans l’équipe. Un choix pour ma famille qui me rapproche de mon frère.

Ta famille justement, parlons-en…

Ça fait treize ans que je suis avec Letizia, j’ai de la chance parce qu’elle m’a toujours soutenue dans mes choix. Je suis heureux de pouvoir partager tout ça avec elle. Je suis même convaincu qu’elle m’aurait suivi, si j’étais parti en Italie. On a fondé une famille ensemble, je suis comblé de bonheur, c’est ça ma plus belle équipe !

Luca Scalisi et sa famille

 

Ça fait treize ans que je suis avec Letizia, On a fondé une famille qui nous rempli de bonheur, c’est ça ma plus belle équipe !

 

Tu as un lien particulier avec ton frère ?

(Sourire) oui, mon frère c’est mon frère ! On est très proche. C’est un exemple pour moi et pour toute la famille. Je n’avais jamais eu l’occasion de jouer avec, là, du coup, c’est top !

A Cheseaux, tu joues plutôt milieu défensif, mais tu marques beaucoup de but, 48 buts la saison passée, et déjà une quinzaine cette saison, c’est absolument énorme, tes attaquants ne sont pas jaloux ?

(Rires) je marque mais je fais aussi beaucoup de passes, (rires) j’inscris pas mal de buts, quelques-uns sur coup de pied arrêté, après je ne regarde pas les stats, c’est avant tout pour le plaisir. J’ai aucune obsession à ça, c’est surtout s’amuser et que l’équipe gagne.

Chez les seniors, après un match, l’équipe qui reçoit propose un repas, ça doit te changer de la 1er ligue…. ?

Oui, alors c’est quelque chose que je découvre et j’adore cet esprit. On joue totalement le jeu, on reste à chaque fois pour le repas et c’est vraiment un super moment à partager avec l’autre équipe. Les matchs se jouent principalement le jeudi, ce qui ne bloque pas ton week-end. C’est top !

L’équipe séniors du FC Cheseaux. Mauricio Scalisi, le frère de Luca, est le capitaine de cet effectif (4e en haut, depuis la droite)

 

Lorsque je jouais au LS, on m’a proposé de faire un essai à la Fiorentina, le club m’a mis des bâtons dans les roues et j’ai été privé de cette expérience.

 

 Mon petit doigt m’a informé que tu aurais pu rejoindre la Fiorentina, lorsque tu jouais au Lausanne Sport, pourquoi cela ne s’est pas fait ?

(Rires) C’était un contact que j’avais eu lorsque je jouais au LS, on m’a proposé de faire un essai chez eux. C’était une période où je flambais beaucoup avec Lausanne, et le club m’a mis des bâtons dans les roues, et j’ai été privé de cette expérience.

Tu es resté 4 ans à Azzurri LS 90, et malgré une défense qui bougeait autour de toi, tu es resté fidèle et solide à ton poste.Tu as pourtant reçu de nombreuses propositions, on a l’impression qu’il existe vraiment un lien d’amour avec ce club, est-ce le cas ?

Oui, c’est mon club de cœur, j’y ai commencé ma formation lorsque j’étais tout petit, puis je suivais les résultats tout au long de ma carrière bien que je jouais ailleurs, et quand le club a été repris par Antonio D’Attoli, il a bien évolué, il m’a contacté quand ils sont monté en 2e inter et ça m’intéressait vraiment de les rejoindre et pouvoir les aider à monter en première ligue. Ce qu’on a réussi dès la première année. J’ai fait ensuite 3 saisons avec eux ou l’on a terminé à chaque fois 4e….

Cette ascension en promotion League, c’est finalement ce qui te manque avec Azzurri ?

Oui, disons que participer aux finales aurait déjà été génial, chaque année y a eu beaucoup de chamboulements dans l’équipe, surtout à la mi-saison. Je reste persuadé que c’est pour ça qu’on n’a jamais pu trouver la stabilité pour décrocher les finales.

Luca Scalisi, en plein tacle face à un joueur de Bavois, en 2014 (Photo d’archive: Muriel Antille)

Tu as des regrets quand tu regardes ta carrière ?

Non, franchement je n’ai pas de regret, j’ai vécu des très belles années. J’ai eu la chance de jouer avec de supers joueurs. J’ai fait de belles promotions aussi. La seule chose qui revient parfois à mon esprit, c’est la fois où j’ai eu l’opportunité de signer en Série B en Italie, c’était dans la même période que l’histoire avec la Fiorentina , mais peu de temps après. On m’a fait comprendre que c’était risqué, que je pouvais très bien me retrouver là-bas et ne plus jouer, que je risquais d’être prêté à droite, à gauche. Ce n’est pas vraiment un regret, mais je me demande ce qui se serait passé. Peut-être que j’aurais eu un tout autre parcours !?  Mais sinon, je suis heureux de tous mes choix. C’est moi qui a choisi d’arrêter ma carrière « professionnelle », j’avais encore un an de contrat avec le Lausanne-Sport, mais je souhaitais assurer le futur et démarrer mon business. (Luca Scalisi gère trois kiosques depuis 2011 : Kiosque du Léman-Centre à Crissier, celui de St-François à Lausanne et le kiosque du Centre Métropole à Renens).

 

Tu peux te retrouver dans un club qui ne te fait pas jouer, qui te prête dans les divisions inférieures, faut être conscient de ça. Peut-être que tu seras là-bas et que personne ne parlera de toi.

 

Quand tu dis qu’on t’a découragé, de qui parles-tu ?

Des dirigeants du Lausanne-Sport, mais principalement de mon entraîneur, Gérard Castella, qui m’a clairement dit : « aujourd’hui t’es titulaire, la presse parle de toi, t’es en Ligue B, on joue le titre, et tu es convoqué avec l’équipe de Suisse » (ndlr : Luca Scalisi était convoqué avec l’équipe de Suisse des M20). En plus, je jouais avec une belle équipe, il y avait Comisetti, Isabella, Chapuisat, mais mon entraîneur était convaincant : « Tu peux te retrouver dans un club qui ne te fait pas jouer, qui te prête dans les divisions inférieures, faut être conscient de ça. Peut-être que tu seras là-bas et que personne ne parlera de toi. » C’est vrai que ça m’a fait réfléchir et il fallait prendre une décision, alors j’ai pris en compte son avis.

Est-ce que la catégorie des seniors remet les compteurs à zéro et permet de retrouver le plaisir qu’on avait, en juniors, au moment de les quitter?

Oui exactement, il y a une remise à zéro des compteurs, c’est même l’occasion des retrouvailles, on a chacun une carrière, ou pas, et les seniors nous permettent de nous retrouver, de rejouer avec des amis d’enfance. J’ai beaucoup de fierté de pouvoir jouer à nouveau avec eux.

Ton poste reste défensif alors que justement tu marques à chaque match, même en première ligue (défenseur central) tu as une moyenne de 10 buts par saison ! Avoue-le, tu as toujours été un attaquant séquestré aux tâches défensives ?

(Rires) J’ai appris le football avec cet aspect défensif, mais c’est vrai que j’ai souvent eu de la réussite. J’avoue que j’ai énormément de plaisir à marquer. J’ai toujours inscrits de nombreux buts, dans toutes les catégories où j’ai joué, mais toujours en respectant les consignes de mon poste et de l’entraîneur.

Luca Scalisi, célébrant l’un de ses nombreux buts sous le maillot du FC Azzurri 90 LS

Cette nouvelle équipe en seniors a brillé dès sa première saison, vous vous entraînez ?

Oui, parfois on s’entraîne le lundi, mais c’est surtout des matchs le jeudi, on a fait une première saison remarquable, on a tout gagné en championnat et en coupe, on a atteint la finale. On s’est incliné 2-1 face à Bavois, qui a d’ailleurs aussi une très belle équipe avec notamment Marco Malgioglio.

Il existe donc du foot après le foot ?

(Rires) Exactement, rejoindre les seniors ce n’est pas arrêter avec le beau football, il y a toujours cet esprit de compétition, je trouve même le niveau intéressant. Depuis deux ans, l’âge d’admission est descendu à 30 ans (ndlr : jusque-là 32 ans), ce qui donne une moyenne d’âge très intéressante. Il y a de plus en plus de jeunes joueurs qui appartiennent à cette division. On joue pour se faire plaisir, mais toujours avec cet esprit de compétition. D’ailleurs, concernant le niveau, vous nous teniez en échec jeudi dernier, ça a été difficile (ndlr : Luca fait référence au match disputé face aux Seniors du FC Cugy – mouvement du centre- victoire 2 à 1 bien que mené au score 1 à 0).

Concernant ce match, c’est encore toi qui a été placer ta tête, pour le but de la victoire en fin de match !?

(Rires) oui un beau centre au deuxième, il est bon votre gardien d’ailleurs, mais là, sur ma reprise de la tête, il ne pouvait pas faire grand chose (rires). Du coup, on reste invaincu et premier devant St-Prex, c’est top !

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