Michael Matthey, l’âme et le coeur de Pied du Jura

Dire que le numéro 10 du « FCPJ » est un joueur expérimenté serait un euphémisme. Malgré les années qui passent, Michael Matthey demeure immuable. Influent, à la fois sur et en dehors du terrain, il endosse son rôle pleinement. Leader discret mais indispensable, il est de ceux qui se mettent rarement en lumière. Pour Footvaud, il revient sur ses déceptions, mais surtout ses joies, autant d’émotions que de souvenirs vécus sous la tunique de son club de cœur, qui fêtera ses 20 ans d’existence en 2024.

Une histoire commune

« Il n’y en a pas beaucoup qui ont fait 20 ans dans un club ! » plaisante Michael Matthey lorsqu’on évoque sa longévité au sein de « son » Pied du Jura. Difficile de le contredire. Cette ancienneté est d’autant plus remarquée, que son destin et celui du club du haut du district de Morges sont étroitement liés. Michael Matthey était déjà sur le terrain lors des premiers matchs du club, né de la fusion du FC Colombier-Pampigny et du FC Apples-Ballens. On était alors en 2004, et le FC Pied du Jura faisait alors ses premières armes en 3ème ligue. « Depuis le début, j’ai toujours connu la première équipe » se remémore-t-il. Puissant, adroit face au but, c’est naturellement que le résident de Bière a commencé sa carrière en attaque. Très vite, il s’est forgé une place en tant que rouage essentiel du dispositif « jaune et bleu ». Des qualités qui l’emmèneront même brièvement du côté du FC Bavois, où il avait à l’époque tapé dans l’œil du Président Viquerat. « J’ai fait toute la préparation avec eux, mais je me suis blessé au genou juste avant de reprendre le championnat. Je n’ai pas joué une seule minute et je suis revenu six mois après. Mes coéquipiers ne se privent jamais de me le rappeler. » s’amuse-t-il.

Si les premières saisons du FC Pied du Jura se suivent et se ressemblent pour la plupart, les années 2010 verront le club des « Planches » prendre une nouvelle dimension dans le football vaudois.

La belle époque

La première ligne du palmarès de Michaël Matthey fut écrite à l’issue de la saison 2011/2012, année de la première promotion du FC Pied du Jura en 2ème ligue. « On avait vraiment une superbe génération, avec des joueurs incroyables. Samy Laubscher, Adrien Fuchs. D’autres nous ont rejoints par la suite, comme Michael Martinez et Nicolas Montangero, la liste est tellement longue. Mais ce qui nous caractérisait, c’était surtout cette mentalité et cette combativité hors du commun. Nos adversaires savaient qu’en jouant contre nous, ils allaient devoir cravacher durant 90 minutes. C’est ça l’esprit de Pied du Jura. »

Michael Matthey, (à gauche) et Samy Laubscher lors des finales de promotion 2019 face à Yverdon Sports II.

Dans la foulée de cette promotion, Pied du Jura allait écrire les plus belles pages de sa jeune histoire. Tout d’abord, en glanant une très honorable 6ème place lors de l’exercice 2013-2014. Un rang dû en partie à Michael Matthey, qui aura marqué cette saison de son empreinte en totalisant 11 réussites. Mais c’est bien la saison 2014-2015 qui restera dans les annales. Les hommes de Bruno Chappuis et Pierre-Alain Girard, duo d’entraîneurs de l’époque, parviennent à se hisser  au 4ème rang de leur groupe. Affichant un total record de 46 points, 3 petits points derrière « le grand » du district et ennemi juré, le FC Forward Morges, excusez du peu. « Je me souviens de ces derbys contre Forward. À L’aller, on fait match nul chez eux et au retour on gagne 2-1 chez nous. Sans parler de la qualification en Coupe où on va gagner à Pully à la reprise. Ce sont vraiment des souvenirs qui resteront. »

Non contents de jouer les trouble-fêtes en championnat, les équipiers de Simon Fuchs réussissent l’exploit d’atteindre la finale de la Coupe Vaudoise dans la foulée. Avec, malheureusement, une issue moins réjouissante. « Bien sûr c’était un moment unique, inoubliable. Ca me fait encore d’autant mal aujourd’hui de ne pas avoir réussi à la gagner. » Reconnaît Michaël Matthey. Cette défaite face à l’US Terre Sainte II (ndlr : 4-1) résonne encore dans sa mémoire, presque une décennie après.

Simon Fuchs (au centre) et les siens ont connu une saison 2014-2015 historique pour le club.
(crédit photo : archives Footvaud)

Preuve, s’il en fallait une, que la participation presque historique en Coupe de Suisse en 2015-2016 (même si Apples-Ballens avait déjà connu cette joie dans les années 90) n’effacera jamais vraiment les regrets qu’a encore le FCPJ d’être passé à côté de « sa » finale.  

Atterrissage

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Bon nombre d’« anciens » ont quitté le cadre des actifs, à l’image de Nicolas Fuchs, Julien Bauer et Benjamin Pittet, et sont aujourd’hui membres du comité ou joueurs des Seniors 30+. Mais « Micka » n’est pas encore tout à fait prêt à raccrocher les crampons : « C’est très bien qu’ils aient pris ce rôle, car le club a besoin de gens comme eux, mais moi, ça ne m’intéresse pas vraiment. J’ai encore l’envie de jouer et d’aider l’équipe sur le terrain. Même si j’ai presque 39 ans, me sens encore bien physiquement. »

Un investissement à toute épreuve qui ne fait pas que des heureux : « Je suis l’un des plus présents à l’entraînement, en plus des matches le week-end, forcément c’est un gros sacrifice sur ma vie de famille. » reconnaît volontiers le père de deux filles, âgées de 16 et 10 ans. Avant de poursuivre « Ma femme a toujours accepté la place qu’occupait le foot dans ma vie, malgré le fait que ça me prenne beaucoup de temps. Elle n’a pas toujours été d’accord avec tout, mais elle m’a toujours soutenu et je dois lui en être reconnaissant. »

Si le FC Pied du Jura a naturellement changé de visage au fil des ans, son infatigable numéro 10 a également changé de poste. « On a commencé à manquer de défenseurs. J’ai déjà joué un peu partout alors je me suis naturellement porté volontaire pour reculer en défense centrale. » Quid de ce numéro, d’ailleurs, qui le suit partout depuis ses débuts ? « C’est le numéro que portait mon père à l’époque. Il me disait toujours que je devais porter le 10, depuis, c’est resté ainsi. » Un chiffre « porte-bonheur » qui passe rarement inaperçu sur les pelouses: « les adversaires me demandent souvent si avec un numéro pareil, je ne devrais pas jouer un peu plus haut dans le terrain » sourit-il.

Le présent et futur

La réalité du contingent de Jean-Marc Dupuis, revenu à la tête de la première équipe durant l’intersaison est aujourd’hui toute autre. Totalisant seulement 7 petites unités après un premier tour raté, Gilles Perrinjaquet et les siens sont désormais plus que jamais mêlés à la lutte pour le maintien dans le groupe 1 de 3ème ligue.

Une situation qui n’est pas vraiment au goût de Michael Matthey : « Il nous a manqué une génération de joueurs pour assurer une certaine transition avec l’effectif actuel. La mentalité a changé, les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus la même grinta qu’à l’époque. Même si l’effectif a de la qualité, on est dans un engrenage où on continue d’avoir de la poisse. » Constate-t-il, le ton teinté de nostalgie. « Même si ce n’est pas toujours évident, j’essaie de les pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes et à retrouver cet esprit combatif qui caractérise si bien le FC Pied du Jura. On n’a vraiment pas le droit de descendre l’année des 20 ans. »

Son destin, le FC Pied du Jura l’a encore au bout de ses pieds. En retrouvant ce petit supplément d’âme qui leur a tant fait défaut, Michael Matthey et les siens ont, dans le cœur et dans les tripes, la qualité pour faire en sorte de rendre la fête d’anniversaire de leur blason un peu plus joyeuse encore.

Les hommes du duo Dupuis-Mottier ont toutes les cartes en main pour se maintenir.

Rédacteur : Lucas Panchaud

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