Michel Borloz va fêter son millième match

« Comment je peux définir cet événement? C’est extraordinaire, tout simplement. C’est vraiment le bon mot, je pense. Atteindre mille matches, je ne suis pas sûr que cela soit encore possible à l’avenir. Michel Borloz a commencé en 1987, il a donc vingt-six ans de carrière. Aujourd’hui, une carrière, chez nous, c’est plutôt cinq ans! Son dévouement et son abnégation sont exemplaires. Sur 1000 matches, je n’ai pas le souvenir qu’il ait souvent demandé un déplacement ou déclaré forfait. Bravo à lui. » Michel Despland n’étant pas forcément un homme de compliments, on peut supposer que ceux-ci, adressés à un de ses arbitres les plus emblématiques, sont sincères! Le chef des arbitres vaudois le sait bien: revêtir sa tenue à 1000 reprises depuis 1987, ce n’est pas tout à fait normal, et cela mérite bien d’être salué.

Suchy est allé réveiller un joueur pour débuter le match…

Comment Michel Borloz sait-il qu’il arrivera dimanche, à Bercher, à son millième match? L’ACVF ne tenant pas de comptabilité officielle, c’est bien lui-même qui s’en est chargé. « Regardez ce carnet, j’ai noté chaque partie! La première? Suchy contre la vallée de Joux, en mars 1987. Pour commencer une partie, il faut être neuf, au minimum. Les joueurs de Suchy étaient huit, à 10h, heure du coup d’envoi. Ils sont allés vite en réveiller un, qui a accepté de venir pour le début du match, que j’ai donc pu siffler à 10h20. Deux minutes après, le joueur sorti du lit est venu vers moi pour me dire qu’il était blessé et qu’il sortait! » Le règlement était respecté, rien à dire, et la partie a pu aller à son terme. Le score final? « 0-11, ou 0-12 »! Un premier match qui marque, donc, comme les 999 autres: « Je n’ai pas de meilleur souvenir en particulier. A chaque fois que je sors du match et que les deux équipes me disent que j’ai fait un bon match, cela me suffit. Ah oui, quand même, un moment marquant a été le Wankdorf! J’y suis allé comme assistant pour un match de M17 entre Young Boys et Grasshoppers. Nous avons été le dernier trio vaudois à nous rendre au Wankdorf. Là, oui, j’étais fier. » Sur les 1000 matches disputés, Michel Borloz compte bien sûr les matches comme assistant: « C’est aussi un rôle d’arbitre! ».

Le dernier trio vaudois au Wankdorf

Pour ce match aussi, comme sans doute pour tous, Michel Borloz a son anecdote: « Comme arbitre-assistant, on nous répète de nous concentrer sur le match et de ne pas nous retourner, ce qui est normal. J’entends un type crier derrière moi, en Suisse allemand. Je ne me retourne pas. Le type crie encore, deux fois, trois fois… Je fais semblant de rien. Au bout d’un moment, il vient me choper par le bras! Je me retourne, prêt à me défendre. En fait, c’était l’entraîneur de Grasshoppers qui essayait de faire un changement depuis cinq minutes! » Michel Borloz est comme ça, un vrai passionné de football, qui a commencé en juniors à Grandson, en 1967, avant de rejoindre le FC Champagne en 1978. Honnête joueur de 3e ligue, à Grandson, puis de 4e ligue, à Champagne, il évoluait comme latéral, ou milieu de couloir. « Je prenais de temps en temps des cartons, mais principalement pour réclamations! », explique-t-il en souriant aujourd’hui. Alors que sa carrière déclinait gentiment, il a décidé de prendre le sifflet. Premier match en mars 1987, donc, sans interruption jusqu’à aujourd’hui, toujours fidèle à ce FC Champagne, un club qu’il aime: « Ici, tout est fait pour qu’on se sente bien. Les arbitres sont considérés. Nous sommes invités à l’assemblée générale et au repas de soutien. Ici, on fait vraiment partie du club et je ne sais que ce n’est pas partout le cas. »

« J’ai plutôt un caractère tolérant »

« A l’époque, j’ai eu fait six matches en sept jours », rigole-t-il, en se repenchant sur so cahier. Il est vrai que sa carrière d’arbitre a commencé relativement tard et que mille divisé par vingt-six donne… 38 matches par année, sans interruption depuis 1987! Et combien de cartons? « Je ne sais pas, je ne les note pas! Mais je ne suis pas un arbitre très cartonneur, j’ai plutôt un caractère tolérant! Je privilégie toujours le dialogue, j’aime discuter avec les joueurs. »

Est-ce encore possible aujourd’hui? « Oui, mais c’est vrai que ça a un peu changé. Je n’ai été menacé qu’une fois, mais c’est une fois de trop. Le langage a énormément changé. Au début, on me traitait de corbeau, où on me disait d’aller m’acheter des lunettes. Aujourd’hui… Et même en juniors, attention! Bon, là, c’est clair qu’une des tâches principales est de gérer les parents. Oui, la motivation s’estompe un peu, ce qui est normal, je pense. Mais attention, j’ai toujours le même plaisir! Après, j’ai 59 ans, forcément que physiquement c’est un peu plus dur. Parce qu’attention, en 4e ligue ça peut aller vite parfois! Il ne faut pas croire que c’est du pousse-ballon. J’ai dit que les comportements avaient évolué négativement, c’est vrai, mais les joueurs sont meilleurs. A l’époque, les divisions inférieures étaient moins bonnes qu’aujourd’hui, j’en suis convaincu. »

Schumacher, Kok, Lei-Ravello, Chapuisat…

Tout au long de sa carrière, Michel Borloz a eu l’occasion de diriger quelques stars. Michael Schumacher (« C’était un 8 novembre, à Saint-Sulpice, lorsqu’il jouait avec Chêne-Aubonne », se rappelle-t-il, sans même avoir besoin d’ouvrir son mythique carnet), Robert Kok, Robert Lei-Ravelllo, Stéphane Chapuisat, mais aussi des vedettes plus locales, comme Paolo Paduano, Rémy Perrin, Michel Junod, Raymond Péguiron… Michel Borloz, homme de contact, pourrait tous les citer.

Les mollets blancs du Vaudois

L’arbitrage lui a, en outre, permis de découvrir la Suisse romande. « J’aimais aller en Valais, on était toujours bien reçu. Bien sûr, on se faisait un peu taquiner. Je me rappelle de matches où on le public se moquait de la blancheur de mes mollets, en me disant que c’était normal, parce que dans le Canton de Vaud, je ne voyais jamais le soleil! C’était sympa, sans aucune agressivité. » A l’image du football que Michel Borloz aime, et qu’il ne se voit pas quitter, lui qui officie aujourd’hui en 4e, 5e ligue, ainsi que pour les juniors. « Est-ce que je vais arrêter cette année? Peut-être… Je ne voulais pas partir avant les mille matches, cela aurait été dommage. Continuer comme inspecteur? Pourquoi pas. J’ai envie de rester autour des terrains ». En vrai serviteur du football.

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