Son visage est bien connu sur la Côte. Et pour cause : Jordi Peracaula y a dirigé des clubs tels qu’Échichens, Lonay et dernièrement, l’US Terre Sainte. Le Catalan a récemment été nommé à la tête du FC Gland. Footvaud est allé à la rencontre d’un homme qui respire le football et qui vit pour ses idées.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours en tant qu’entraîneur jusqu’à présent ? Quelles sont les expériences qui ont le plus marqué votre carrière ?
J’étais encore joueur en 2ème ligue quand j’ai pris une équipe de juniors E en 2007. Les choses se sont vite enchaînées avec des réussites comme gagner les finales cantonales vaudoises de Graines de foot avec les juniors D ou finir 4ème Suisse avec les C inter de Foot Région Morges. Mais c’est surtout le jeu produit par mes équipes qui a fait que je me retrouve en 2011 à la tête de la « Une » d’Echichens. En actifs, j’ai obtenu avec mes équipes 3 promotions. Ce que je retiens le plus de mes expériences est le développement de mes équipes. Vous savez, quand dans notre équipe, on optimise les interactions entre les joueurs, chacun s’améliore et l’équipe s’élève ensemble vers le haut. Quand ça arrive, c’est magique de constater, à la fin de la saison, que nous sommes meilleurs que la somme des individualités et que ces individualités ont connu une amélioration fulgurante. Cela, ça reste !
Pouvez-vous nous parler de votre temps passé à Lonay ? Quelles étaient vos principales réalisations avec cette équipe ?
J’ai repris le FC Lonay en 4ème ligue. C’était un choix du cœur car j’y ai passé la plus grande partie de mes juniors. En 6 ans dans le club en tant qu’entraîneur, nous avons fait 3 finales, obtenu 2 promotions et nous nous sommes maintenus en 2ème ligue pendant 2 années avant mon départ. Cela, je le dois aux joueurs, tous de la région, qui ont adhéré à 100% à ma philosophie, et au président de l’époque, Vincent Antonioli, qui m’a laissé 100% de liberté pour mettre en place mes idées. Que du bonheur ! J’ai vécu beaucoup de moments mémorables. Mais si je dois en garder un, c’est le but de la victoire lors du 1er match de finales de ma première année. Nous sommes à 10 contre 11. Il reste 2 minutes. Mon ailier complètement cuit physiquement, devient latéral car l’équipe souffre à 10 depuis plus de 35 minutes. Avec le cœur, il monte pour recevoir un ballon dans la moitié adverse en contre-attaque. Il fait une passe magique pour l’attaquant qui marque. Ce moment est indescriptible au niveau des émotions. Du cœur, du courage, du dépassement de soi, et pour finir, une émotion pour la vie.
Pourquoi votre aventure à Lonay s’est-elle terminée ? Quelles ont été les raisons de votre départ ?
Après 6 ans, je voulais voir autre chose. C’est le cœur brisé mais plein de fierté que j’ai quitté ce club et les joueurs.
Que retenez-vous de votre passage à l’USTS ? Quels étaient vos objectifs et comment les avez-vous atteints avec cette équipe ?
Dans ce club, il n’y avait pas d’objectifs clairs. Il est possible que le club ait rencontré des difficultés de gestion ou que l’objectif, bien que non explicite, ait été de gérer une transition vers une relégation. Ce que j’ai retenu, c’est que l’équipe peut être grandement influencée par son entourage. Je ne pensais pas à ce point. Mais c’est une super expérience car j’ai pu me mesurer à de nombreux coachs et équipes de haut niveau, et j’ai vraiment pris plaisir dans ces confrontations toujours serrées malgré les difficultés du club.
En quoi votre expérience à l’USTS a-t-elle influencé votre style de coaching et votre philosophie de jeu ?
Elle a renforcé ma philosophie. En arrivant là-bas, il y avait une culture trop ancrée du « je balance et je cours ». J’ai essayé d’adapter mes idées aux demandes du club pour ce jeu vertical à outrance. Ça ne marche pas sur le long terme. Les joueurs ne trouvent pas de plaisir et ne se développent pas suffisamment. Cela a été un frein dans la course pour le maintien, malgré un jeu de plus en plus efficace avec l’intégration d’idées plus « modernes ». Après mon départ, en position de non relégable, mes deux successeurs ont usé à l’extrême du « je balance et je cours ». Résultat : aucune victoire et la relégation. Donc ma vision du foot est renforcée.
Comment êtes-vous arrivé au FC Gland ?
Ils m’ont appelé au moment où j’apprenais que je ne pouvais pas aller au FC Sion chez les jeunes élites. Cette opportunité passée, Gland a une image très positive vu de l’extérieur et des infrastructures excellentes.
Quels sont vos objectifs principaux avec le FC Gland cette saison ? Comment envisagez-vous de les réaliser ?
Je ne peux pas parler d’objectif pour le moment. L’équipe a subi des changements importants par rapport aux dernières années et il faut évaluer les forces et les manques avant de se prononcer.
Comment voyez-vous votre évolution personnelle en tant qu’entraîneur dans les prochaines années ?
En mars, j’ai réussi l’examen d’entrée du diplôme A. Nous sommes seulement 12 en Suisse à l’avoir réussi et je suis le seul Vaudois. Malheureusement, il faut une équipe de jeunes élites ou une 2ème ligue inter minimum pour suivre la formation. Je devais aller au FC Sion pour entraîner les M17 élite, mais cela ne s’est pas fait en raison des règlements, car l’ASF demande déjà le diplôme A pour cette catégorie nationale. Durant les deux prochaines années, j’aimerais avoir l’opportunité de faire ce diplôme, donc il me faut une équipe au niveau pour y entrer.
Quels sont vos aspirations à long terme dans le monde du football ?
En plus de la réussite de cet examen, j’ai réussi deux diplômes de la Barça Coach Academy (8 mois de cours). Je bossais la nuit quand ma famille dormait. C’est donc la passion qui m’anime. Et c’est de cette passion dont j’ai besoin. Où elle me mènera ? Je ne sais pas, mais tant que je l’ai, je suis heureux et je veux continuer à la satisfaire en apprenant toujours plus.
Propos recueillis par Thibaut Pasche
Photos : Archives