Quelle équipe! Quel match! Le FC Le Mont ne s’est pas contenté d’éliminer Young Boys, samedi au Châtaignier, en 1/8 de la Coupe Suisse: il l’a ventilé. Que les choses soient claires: Le Mont a entièrement mérité sa qualification, jouant mieux que son adversaire et montrant tout simplement plus de qualités. Young Boys peut trouver toutes les excuses, que ce soit le terrain ou les occasions manquées: la vérité est que la meilleure équipe a gagné et s’est logiquement qualifiée pour les quarts de finale.
L’état d’esprit formidable du Mont
Le Mont, qui restait sur sept victoires consécutives, a donc remporté la huitième avec la manière. Pour battre YB 4-1, il fallait réaliser le match parfait et Le Mont l’a fait. Devant 2000 spectateurs, la démonstration a été totale et rendez-vous est déjà pris pour le 4 décembre et les quarts de finale. Et ce qui est très fort avec ce groupe de joueurs, c’est qu’aucun ne veut voir cette victoire comme une foi en soi, à l’image d’Emmanuel Domo, formidable guerrier: « On ne veut pas s’arrêter là, je vous le confirme. Vous savez, dans le football, il y a ceux qui pensent à le faire et ceux qui le font. Nous, on le fait. » On peut parler des heures des qualités du Mont, de ce que Claude Gross a amené à ce groupe, et continue d’amener, de ses individualités. Mais sa principale qualité, la raison première de ses succès tient en une expression: sa formidable envie de gagner.
Le FC Le Mont a un état d’esprit formidable, qui l’a amené à fêter une promotion mémorable la saison dernière et le pousse à refuser la défaite avec une force morale qui a de quoi impressionner. Cette équipe-là, composée à moitié de joueurs pouvant encore largement jouer à plus haut niveau (Bouziane, N’diaye, Morganella, Domo, Nsilu, M’Futi, Gentile, Reis, Rego…) et à moitié de jeunes talents (Mobulu, Gabriele, Mejri, Kilinc, Gasic, Gudit, Diaby, Simic, Da Silva, Djallo…) est très bien équilibrée et fortement talentueuse.
Steve Von Bergen pris à partie par un supporter
Samedi, YB a eu sa chance, bien sûr, mais a volé en éclats. De quoi irriter ses supporters, dont l’un s’est permis d’aborder Steve von Bergen avec une certaine violence verbale devant les vestiaires, reprochant au défenseur de l’équipe nationale et à ses coéquipiers de ne pas s’être assez battus. Plutôt que de s’enfermer dans le vestiaire, Von Bergen a répondu au fan frustré, les yeux dans les yeux, en allemand bien sûr. De retour au calme, le Neuchâtelois s’en est expliqué: « On peut dire plein de choses sur ce match. Que l’on n’a pas été bons, que l’on a eu du déchet. Mais pas que l’on ne s’est pas battus. On est tombés sur une bonne équipe. On a eu nos chances, mais on a raté nos occasions. Et on n’a pas été surpris par Le Mont, on savait qu’ils étaient dangereux. Ils ont marqué le 1-0 grâce à un geste de grande classe de Bouziane, un joueur dont on savait qu’il fallait se méfier. »
Le 1-0 magnifique de Sid-Ahmed Bouziane
Il est vrai que « Sidou » a sorti le match que l’on attendait de lui, samedi. Avec un but magnifique d’entrée et deux assists, Bouziane a réalisé une prestation de grande qualité. Le 1-0, notamment, a montré que son coup de patte pouvait être génial. Gilberto Reis centrait depuis la droite pour Nsilu, dont le contrôle et la petite remise en retrait pour Bouziane étaient parfaits. Et le meneur de jeu montain frappait alors, du droit, dans la lucarne de Wölfli! Un but spontané, du « mauvais pied » de Bouziane, absolument splendide. « Je l’ai prise comme elle venait », souriait l’un des deux principaux héros du jour, qui refusait de se mettre en avant. « Il s’agit d’un vrai succès d’équipe. Franchement, on a tous été à la hauteur, derrière, au milieu et devant. » Et dans les buts. Car Claudio Gentile, lui aussi, a réalisé un match à la hauteur de son immense talent.
Claudio Gentile permet au Mont de mener à la pause
L’ancien gardien d’YS, de Xamax et de l’OM notamment, a été impérial. En sortant un penalty de Moreno Costanzo juste avant la mi-temps, et en s’imposant en deuxième période dans les airs, il a joué un rôle prépondérant dans la victoire des siens. Une grande équipe n’existe pas sans grand gardien. Et Gentile a été très grand, samedi, comme il l’est depuis son arrivée au Mont. « Le penalty? J’ai choisi un côté, bon, j’ai eu de la réussite, tant mieux. C’est vrai que c’était un moment critique, juste avant la mi-temps », réagissait Gentile, qui ne croyait pas qu’YB ait pris Le Mont de haut. « Non, je ne crois pas. Uli Forte est venu nous voir plusieurs fois personnellement, ce qui m’a étonné et un peu flatté, et montre bien qu’il prenait ce match au sérieux. Et les joueurs aussi, j’en suis convaincu. »
Car YB a pressé fort, après le 1-0 de Bouziane. Alexander Gerndt a égalisé, en face à face avec Gentile, avant qu’Emmanuel Domo (corner de Bouziane) ne puisse inscrire le 2-1, à la 37e. Les Bernois ont alors obtenu un penalty un peu généreux (contact entre Reis et Zarate, qui en a beaucoup rajouté), mais Gentile s’est chargé de garder une longueur d’avance pour son équipe à la pause. A 2-1, Le Mont pouvait envisager la deuxième période différemment qu’à 2-2, c’est une certitude.
Claude Gross a poussé ses joueurs à attaquer en deuxième période
« Ce que je leur ai dit à la pause? Qu’il fallait aller marquer le 3-1. Si on défendait et si on subissait, c’était le meilleur moyen de les aider à revenir. Je leur ai demandé de continuer à presser », expliquait Claude Gross. « Franchement, on sentait qu’on était à leur hauteur, qu’il fallait enchaîner sur le même rythme », confirmait Claudio Gentile. Et, effectivement, Le Mont n’allait pas reculer et Bouziane pouvait servir une véritable offrande à Ange Nsilu. Le pied gauche magique de Bouziane trouvait le Havrais, seul face à Wölfli. Un petit ballon taclé et le tour était joué: 3-1! Et après? « Après, c’est comme face à Wil au premier tour: il fallait marquer le 4-1 pour être tranquille. Et il est arrivé. » Le football avec Claude Gross, c’est facile. Mais YB a eu quelques belles occasions, tout de même, entre la 60e et la 85e. Afum, notamment, aurait pu inscrire le 3-2 deux fois, mais Gentile s’interposait à chaque reprise. Et c’est bien Ridge Mobulu, en contre, qui allait tromper Wölfli pour le 4-1 final.
Le Mont s’est mieux adapté à l’état du terrain
YB avait alors beau jeu de se plaindre de l’état du terrain, une excuse que Claude Gross balayait: « Le terrain n’était pas bon, c’est vrai. Mais c’est nous qui avons essayé de faire du jeu! Eux, ils ont joué long, et nous nous sommes beaucoup mieux adaptés aux circonstances. » Un avis partagé par Steve Von Bergen: « Bien sûr que l’état du terrain nous a gêné. On a l’habitude de poser le jeu, de jouer depuis derrière. Là, ce n’était pas possible. Eux, ils ont sûrement plus l’habitude de jouer là-dessus. Bon, voilà, il suffit de voir la pelouse pour comprendre pourquoi on a perdu autant de ballons. » Emmanuel Domo estimait lui qu’YB s’était trompé de stratégie: « Ils se sont dits que l’état du terrain allait les obliger à jouer long, ce qui était une erreur. Nous, on a joué, et plutôt bien. Eux, ils ont mis des longs ballons devant. Et dans l’impact, on sait répondre présent. » Il est vrai qu’avec N’diasse N’diaye et lui-même, Le Mont ne manque pas d’arguments physiques et s’est régalé dans les duels.
Serge Duperret veut un quart de finale à domicile
Place donc aux quarts de finale. Un souhait pour Serge Duperret? « J’aimerais que l’on reçoive. » C’est tout? « C’est tout. » Et pour Claudio Gentile? « Peu importe. C’est la Coupe, c’est beau. On veut revivre de belles émotions ». Il sera servi de toute façon. Ce qui est sûr, et c’est le plus réjouissant, c’est que Le Mont a montré un superbe visage. Ceux qui ont découvert cette équipe ultra-offensive reviendront la voir, c’est une certitude. Serge Duperret et Claude Gross voulaient profiter de ce match pour montrer une partie du bon travail accompli au Châtaignier. Pari réussi. Et c’est (presque) aussi important qu’une qualification en quarts de finale.
Les hommes du match
On pourrait citer les quatorze joueurs du Mont, mais il faut bien en choisir deux. Le meilleur homme sur le terrain a sans aucun doute été Sid-Ahmed Bouziane. Techniquement, il est plus doué que n’importe quel joueur de Young Boys, ce n’est pas une surprise. Son pied gauche est un régal, tout comme sa vision du jeu. Exceptionnel. On mentionnera également Ange N’silu. Il avait fort à faire face à Dusan Veskovac et Steve Von Bergen, mais il a été admirable. Il s’est battu, au sol et dans les airs, et a inscrit le très important 3-1. Il n’a pas gagné tous ses duels, ce qui est logique face à de tels clients, mais il a pu conserver le ballon et orienter le jeu. Mais on est frustrés de ne pas nommer les autres artisans de ce succès. Tous ont été énormes, que ce soit Gentile dans les buts ou les dix autres joueurs de champ. Impossible de les nommer tous, mais ils méritent chacun les applaudissements reçus en fin de match.
Les prochains rendez-vous
Pas le temps de fêter pour Le Mont: le championnat de 1re ligue Promotion est la priorité, et le SC Kriens arrive ce mercredi, 13 novembre, à 19h30 au Mont. YB reçoit le LS en Super League, le 23 novembre.
Le plan-fixe
FC Le Mont-sur-Lausanne – BSC Young Boys 4-1 (2-1)
Buts: 14e Bouziane 1-0; 31e Gerndt 1-1; 37e Domo 2-1; 52e Nsilu 3-1; 86e Mobulu 4-1.
Arbitre: M. San.
Le Mont: Gentile; Reis, N’diaye, Rego, Domo; Gabriele, Mejri (73e Kilinc), Bouziane (89e Gasic); Mobulu, Nsilu, Morganella (76e M’Futi).
Entraîneur: Claude Gross.
YB: Wölfli; Hadergjonaj, Veskovac, Von Bergen, Rochat; Costanzo (64e Kubo), Gajic; Zarate, Frey (67e Afum), Steffen (64e Nuzzolo); Gerndt.
Entraîneur: Uli Forte.
Notes: Le Châtaignier, 2000 spectateurs. 43e Claudio Gentile détourne un penalty de Moreno Costanzo.
