Le Mont n’a eu aucune chance à Bâle

« La marche était trop haute… Mais ça ne doit pas faire oublier tout ce qu’on a fait de bien pour en arriver là. » Croisé quelques secondes après la fin de ce quart de finale tellement attendu, Serge Duperret n’avait plus envie de polémiquer, ni de parler du terrain, du renvoi du match ou d’inversion. Le terrain, justement, a parlé, et a donné son verdict. Il est sans appel: le FC Bâle a ventilé le FC Le Mont. Tout le monde croyait à l’exploit, pourtant. Tout le monde? Des dizaines de supporters avaient fait le déplacement, et n’envisageaient rien d’autre qu’une qualification. Le président et les joueurs du Mont, eux aussi, respectaient le FC Bâle, mais n’en faisaient pas une montagne. Et nous aussi, nous y croyions. Nous l’avions dit, et écrit (lire ici), et nous le maintenons: oui, le FC Le Mont a été à la hauteur de l’événement. Mais, comme toujours en Coupe, pour que le « petit » batte le « grand », il faut que David soit à 120% et Goliath à 80%. Or le FC Bâle était là, et bien là, même si Murat Yakin était privé au coup d’envoi, volontairement ou non, de plusieurs titulaires potentiels (Sommer, Serey Die, Delgado, Stocker, Schär, Diaz…).

« D’un côté, c’est flatteur. On aurait pu penser qu’ils allaient prendre ce match à la légère, avec un Parc Saint-Jacques moins rempli que d’habitude, face à un adversaire peu excitant, mais ça n’a pas été le cas. Ca me fait plaisir, ça montre qu’ils nous prenaient au sérieux », a expliqué Claude Gross. Reste que la leçon de football a été totale: 6-1. Et 2-0 après 8 minutes. Et ça, ça fait moins plaisir.

Le Mont n’est qu’une victime parmi d’autres

Au moins, Le Mont ne peut pas avoir de regrets. Pour cela, il aurait fallu qu’il ait eu une chance, qu’il y ait cru un moment, au moins, pendant le match. Mais cela n’a jamais été le cas. « Les gars sont déçus. Ils sont abattus. Mais on va se remettre au boulot », encourageait Claude Gross, pas exactement un homme à renoncer. Car la vie continue pour Le Mont, toujours leader de 1re ligue Promotion, et qui recevra Kriens le 1er mars. Mercredi soir au Parc Saint-Jacques, la tête n’était pourtant pas au championnat, mais bien à ce quart de finale de la Coupe. Les Montains avaient fait beaucoup de sacrifices pour être là, eux qui ont repris l’entraînement au tout début du mois de janvier. Un rêve transformé en cauchemar? Il y a de ça, mais ce groupe a suffisamment de caractère pour ne pas sombrer, même après une telle claque. D’autres équipes se sont déjà fait transpercer à Saint-Jacques, et d’autres suivront. Le Mont n’est qu’une victime de plus de l’ogre bâlois, impressionnant de maîtrise.

Bâle avait décidé de ne pas se faire peur

En fait, Bâle avait envie de plier l’affaire tout de suite et cela s’est vu. Murat Yakin et ses hommes n’avaient pas envie de mettre Le Mont en confiance et ils ont commencé très fort. Comme les Vaudois avaient décidé de jouer au football et de ne pas subir, ils ont évolué assez haut dans le terrain et Bâle en a profité. Comment? Par une passe lumineuse de Marco Streller en profondeur, laquelle a permis à Stephan Andrist d’aller dribbler Claudio Gentile, après 6 minutes à peine. « On était confiants, et on avait décidé de ne pas attendre », expliquait Emmanuel Domo. Tout était terminé après huit minutes, lorsque Marek Suchy, tout seul, marquait le 2-0 de la tête sur corner. « On est tellement mal entrés dans ce match… », regrettait Sid-Ahmed Bouziane.

Le Mont a fait ce qu’il voulait… de la 87e à la 90e

Après? Un long match pour les Montains, qui n’ont eu que peu d’occasions de se faire plaisir et de réjouir leurs nombreux supporters. Ridge Mobulu a réussi quelques jolis dribbles sur son côté droit, Sid-Ahmed Bouziane a vu deux de ses frappes sauvées par Germano Vailati et… c’est tout, jusqu’à la 87e minute. Car Le Mont a été la meilleure équipe sur le terrain de la 87e à la 90e. C’est peu? C’est tout ce qu’il pouvait espérer, surtout. Ridge Mobulu aurait pu inscrire le 6-1, mais Vailati sauvait. « Sidou » Bouziane s’est chargé de venger son copain Ridge en marquant lui-même ce 6-1. Pas de célébration, bien sûr. Le Mont n’était pas venu pour sauver l’honneur, il était venu pour gagner.

Au complet? Cela n’aurait rien changé. Ou pas grand-chose…

Mais sincèrement, mercredi soir, c’était mission impossible. Bien sûr qu’au complet, avec Fabio Rego oet Gilberto Reis (qui étaient tous deux présents à Saint-Jacques, le premier gravement blessé, l’autre suspendu), Le Mont aurait eu plus de chances. Mais franchement, comment imaginer un seul instant que le match aurait pu tourner autrement? Bien sûr, Alexandre Veuthey, la recrue censée remplacer Rego, n’était pas là, et Nicolas Gétaz, tout juste arrivé de Vaduz, n’était pas encore prêt. Mais la vérité est toute simple: en décembre, sur son terrain, Le Mont aurait eu plus de chances. Au début du mois de février, avec quatre semaines de préparation, à Saint-Jacques, Le Mont allait à l’abattoir. Claude Gross avait tenté de nous le faire comprendre, et nous ne l’avons pas écouté, naïfs et tellement désireux de croire à l’exploit que nous étions.

Le championnat, la priorité

Pourquoi le cacher? Le Mont nous a fait vibrer en finales de promotion de 1re ligue Classic l’an dernier, en gagnant ses quatre matches face à Granges et Baden, et lors du 1/8e de Coupe face à Young Boys, l’automne dernier. Nous défendons le football vaudois à travers toutes les ligues, et Le Mont n’a pas été la seule équipe à attirer notre attention, nos lecteurs le savent, mais il est celui qui l’a fait au plus haut niveau et cela, bien sûr, a une résonance particulière. Reste à confirmer. En allant chercher la promotion en Challenge League? Rien n’est impossible pour ce groupe. Enfin, quand même, certaines marches sont plus hautes que d’autres, et le Joggeli est une forteresse que même Chelsea et Manchester United n’ont pas su conquérir. Cela ne consolera pas le FC Le Mont, mais cela doit l’aider à relativiser l’ampleur de cette claque. C’est, finalement, une défaite comme une autre. Dans un contexte particulier, voilà tout.

Les hommes du match

Du côté du FC Bâle, impossible de ne pas mentionner Marco Streller. Avec un but et trois assists, il a fait très mal au Mont et à N’Diasse N’Diaye. Le capitaine des Montains n’est dominé par personne en 1re ligue Promotion, mais le duel face à Streller a tourné largement à l’avantage du Bâlois. L’étage au dessus, à l’image du match. Marek Suchy a été énorme, et pas uniquement parce que son nom de famille fait honneur au football vaudois. Le défenseur tchèque a mis de sérieux taquets à Ange Nsilu, et marqué le 2-0 de la tête. Impressionnant.

Pour Le Mont, on mentionnera la bonne partie d’Emmanuel Domo. Le Français de 34 ans a tenu le choc, que ce soit en défense centrale ou sur le côté gauche. Il a été plutôt bon. Mention bien également à Michele Morganella. Que ce soit comme latéral ou comme milieu de couloir, il a tenu sa place. Il n’a rien fait de décisif, mais a réalisé un match correct.

Les prochains rendez-vous

Bâle reçoit YB samedi 8 février à 19h45 à Saint-Jacques. Le Mont recommence le championnat le samedi 1er mars, à domicile face au FC Kriens (17h30).

Le plan-fixe

FC Le Mont-sur-Lausanne – FC Bâle 1-6 (0-3)
Buts: 6e Andrist 0-1; 8e Suchy 0-2; 45e Streller 0-3; 48e Frei 0-4; 69e D. Degen 0-5; 84e Andrist 0-6; 89e Bouziane 1-6.
Arbitre: M. Graf.
Bâle: Vailati; P. Degen, Ajeti, Suchy, Aliki (66e Safari); Xhaka (46e Serey Die), Elneney; D. Degen, Frei, Andrist; Streller (62e Delgado).
Entraîneur: Murat Yakin.
Le Mont: Gentile; Gudit, N’Diaye, Domo, Morganella (77e Baluzeyi); Mejri (63e Gasic), Gabriele, Bouziane; Mobulu, Nsilu, M’Futi (46e Gétaz).
Entraîneur: Claude Gross.
Notes: Stade Saint-Jacques, 6138 spectateurs.

Articles récents

Coupe vaudoise

Le Calice jusqu’à la lie

Malgré 45 premières minutes de très bonne facture, les Champagnoux se sont heurtés à un SLO en pleine bourre. Les Nord-vaudois n’auront jamais digéré l’inspiration

Coupe vaudoise

A 180 minutes du paradis

Les huit quart de finalistes de la BCV Cup s’affronteront ce soir pour une place en demi-finale. Tour d‘horizon des 4 affiches qui s’annoncent d’ores