Mustafa Sejmenovic se sent bien au FC Bienne

Mustafa Sejmenovic a quitté Yverdon Sport sur une promotion, il y a exactement une année. Ce vrai guerrier de Challenge League n’aura connu que trois clubs dans sa carrière: YS durant l’immense majorité de celle-ci, Baulmes en prêt six mois, et, donc, le FC Bienne depuis une année. Ses performances et son autorité naturelle ont fait de lui l’un des hommes forts de l’équipe de Philippe Perret, qui l’avait connu à Yverdon et savait tout ce que ce défenseur de 27 ans pouvait lui apporter. Très calme, très élégant, Mustafa Sejmenovic est également un buteur redoutable de la tête sur coup de pied arrêté. S’il n’en a marqué "que" deux cette année, il espère bien améliorer son total cette saison.

Tellement convaincus de son importance, les dirigeants biennois se sont empressés de lui proposer une prolongation de contrat cet hiver. "Mus" l’a acceptée est est désormais lié au FC Bienne jusqu’en juin 2015. Il aura alors 29 ans, le meilleur âge pour un défenseur. Découvrira-t-il enfin la Super League, lui qui, encore un peu jeune, avait été prêté à Baulmes lorsqu’YS était monté, en 2005-2006? Pas impossible, mais il ne partira pas n’importe où, n’importe comment. Sur le terrain comme en dehors, Mustafa Sejmenovic fait les choses en ordre. Interview.

Mustafa, on imagine que vous êtes heureux de votre première saison sous les couleurs du FC Bienne?

Oui, tout va bien, et je suis heureux d’avoir prolongé cet hiver. Je me suis vite retrouvé parmi les cadres de l’équipe. J’ai joué 34 matches comme titulaire cette saison, et le nouvel entraîneur Hans-Peter Zaugg m’a confirmé qu’il comptait sur moi dans le même rôle. On a perdu quelques joueurs, mais on se renforce bien. Nico Siegrist arrive de Lucerne. Idéalement, il nous faudrait encore un ou deux attaquants, car on perd Doudin et Coly, ce qui n’est pas rien.

Avez-vous eu des touches avec d’autres clubs?

Non, parce que les choses étaient claires. J’ai prolongé bien avant que les rumeurs commencent à se propager. La période des transferts débute en mai, mais mon nom n’avait pas lieu de sortir, puisque les choses étaient déjà réglées avec Bienne.

Pour votre première saison, vous n’avez pas connu la Gurzelen, ayant été exilé toute l’année à la Maladière. Un peu compliqué à gérer?

Oui, ce n’est pas évident. Nos supporters et nous, nous nous réjouissons de retrouver la Gurzelen. Le nouveau stade sera prêt dans quelques années, mais, comme il est en construction, nous avons le droit de jouer à la Gurzelen. On est très contents, on va retrouver nos 1200 à 1500 spectateurs.

Quelle sera l’ambition du FC Bienne cette année? Faire mieux que la sixième place de la saison dernière?

Oui, mais l’objectif premier est d’éviter la relégation. Avec dix équipes, il n’y a pas de ventre mou, tu peux être vite en bas. Donc, déjà se mettre à l’abri, et ensuite faire le mieux possible.

Et à titre personnel?

Continuer comme cela. Et marquer encore plus (sourire)!

On vous sait très proche de Bosna Yverdon. Quel rapport avez-vous avec cette équipe?

J’en suis le coach, tout simplement, en collaboration avec Isudin Talovic. Je donne un coup de main pour les entraînements, de manière tout à fait officielle et transparente avec le FC Bienne. Cela ne pose aucun problème, les entraînements avec Bosna ont lieu deux soirs par semaine, c’est parfaitement compatible avec les exigences d’un club professionnel. Bosna, c’est un club spécial pour moi, c’est sûr. J’y connais tout le monde depuis la création.

Etre entraîneur après votre carrière, c’est quelque chose qui vous tente?

Oui, je me vois assez bien entraîner des jeunes. Les M14, par exemple, cela me plairait assez bien. Je m’imagine bien en formateur.

Avant cela, vous imaginez-vous jouer à Bosna un jour?

Pas tout de suite, mais je me vois bien jouer dans les ligues régionales plus tard, oui. J’aimerais bien jouer ces derbys de 1re ligue, par exemple. Là, après 250 matches de Challenge League, je ne dirais pas que c’est de la routine, mais j’ai fait le tour (sourires). J’ai dix ans de deuxième division suisse derrière moi, quand même!

Justement, on voit des joueurs pas forcément plus doués que vous qui sont allés en Super League, sont redescendus, y sont retournés… Que vous a-t-il manqué pour découvrir le plus haut niveau?

Difficile à dire… Peut-être que je n’ai pas pris assez de risques? A 21 ans ou 22 ans, j’aurais pu partir d’Yverdon, aller à Winterthour ou à Vaduz. J’ai eu quelques touches en Super League. Là, j’aurais peut-être pu évoluer différemment, mais j’étais bien à Yverdon. Pourquoi changer? Je n’ai pas pris de risques, mais c’est peut-être ce qui fait que je suis encore là aujourd’hui.

Est-ce qu’on ose dire que cette carrière est à l’image de votre jeu? Vous êtes un défenseur sobre, élégant, mais pas du genre à monter balle au pied ou à prendre des risques inutiles. Etes-vous d’accord avec cette description? 

Oui, elle ne me semble pas fausse.

On parle beaucoup ces jours d’Izet Hajrovic, qui a choisi l’équipe nationale de Bosnie plutôt que la Suisse. Quelle est votre opinion à ce sujet, vous qui êtes binational et avez justement joué, en jeunes, pour les deux sélections?

C’est compliqué… En fait, ma première réaction, c’est que chacun a sa propre situation. Je me refuse à faire des généralités à ce sujet. Après, il faut bien comprendre que nous sommes des professionnels, il s’agit également d’un choix de carrière. Quelle sélection va me permettre de me mettre en valeur? Moi, clairement, j’ai deux pays, la Suisse et la Bosnie. J’ai joué avec la Suisse M20, parce qu’ils m’ont appelé, et j’ai défendu ce maillot avec plaisir et fierté. Ensuite, la Suisse M20 ne m’a plus appelé, et la Bosnie M21 m’a convoqué. Je n’ai pas eu à choisir, ça s’est fait naturellement. Franchement, je ne sais pas où est la vérité. Ou plutôt si, elle est chez chacun.

Les critiques concernant Hajrovic, mais aussi Abrashi, proviennent également du fait qu’ils ont profité de la formation suisse, avant d’aller jouer pour d’autres sélections…

Oui, cet argument-là, je l’ai entendu. D’accord, ils ont eu une bonne formation, mais ils ont mouillé le maillot aussi! Les sélections suisses, ils les ont jouées, parce qu’ils ont été choisis, et ils ont tout donné sur le terrain, il ne faut pas l’oublier. Et franchement, la Suisse n’est pas perdante, si on regarde la situation dans son ensemble. Dzemaili et Shaqiri, les meilleurs, jouent pour la Suisse. C’est comme en France, Benzema n’a pas hésité. Pour moi, c’est clair: les meilleurs jouent pour les meilleures sélections.

Mais il n’y a pas que les plans de carrière, quand même! L’amour du maillot, c’est important pour les supporters, mais aussi pour les joueurs, non?

Oui, mais de nouveau, là, on entre dans la sphère privée. Je peux parler de la mienne: j’aime les deux drapeaux. J’aime la Suisse, et j’aime la Bosnie, c’est important de ne pas oublier ses racines. J’y retourne un été sur deux, j’ai ma famille là-bas. De nouveau, il n’y a pas de réponse toute faite, que des situations personnelles.

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