On ne sait pas comment le chauffeur du FC Bavois a fait pour retrouver le Nord-vaudois samedi soir. Vu le boucan qu’il y avait dans le véhicule après la victoire à Baden (0-1, lire ici), avec Marco Grosso et Aziz Demiri complètement déchaînés au micro, on a eu très peur de rater deux sorties d’autoroute, voire de prendre une bretelle à contre sens et d’arriver à Wettingen. Chaque occupant du car a eu droit à un petit couplet personnalisé de la part des deux hommes, que ce soit le mythique soigneur Fatton ou les joueurs eux-mêmes. Parmi les morceaux choisis, citons les découpages en règle de Nezir Kurtic (« Il joue en smoking, jamais fatigué »), de Muamer Zeneli (« Le fils du président »), de Qendrim Makshana (« Quand il est arrivé, il s’est embrouillé avec tout le monde, même les Peupliers autour du stade »), et pour le reste, on invoquera le secret professionnel, mais disons qu’on a bien rigolé.
Au milieu de ce vacarme et de ce volcan d’émotions, on a réussi à faire monter Nicola Zari à l’étage (oui, le FC Bavois se déplace en car à deux étages) pour une interview en tête à tête. A 31 ans, le milieu de terrain du FCB a vécu samedi sa cinquième promotion (trois avec Baulmes, deux avec Bavois).
Nicola, à quel niveau placez-vous cette promotion-là, parmi toutes celles que vous avez vécues?
Oh, c’est une question compliquée, ça. Franchement, ces moments-là, il ne sert à rien de les classer. C’est à chaque fois différent, ce sont des émotions… je ne sais pas comment dire, en fait. C’est difficile d’en sortir une plus qu’une autre.
Allez, faites l’effort. Gardez-en une.
Bon, celle de 1re ligue en Challenge League avec Baulmes. J’étais un gamin, j’avais 19 ans, c’est le club de mon village. Et puis, c’était la Challenge League quand même, donc cela a une saveur particulière si je dois vraiment les classer. Mais bon, on vit une aventure quand même très similaire ici. Le président Jean-Michel Viquerat déteste quand je dis cela, mais ce qu’on vit ici à Bavois ressemble beaucoup à ce qu’on a vécu à Baulmes.
Votre président n’aime pas la comparaison?
Non, mais il sait très bien que je ne parle pas de gestion. Je parle de tout le reste, le côté familial, l’ascension à travers les ligues, l’esprit d’équipe. Ce qui s’est passé cette saison encore à Bavois, c’est génial. On est vraiment des potes, on a du plaisir à se retrouver. On n’est pas juste des coéquipiers qui viennent à l’entraînement et repartent juste après. On a créé quelque chose de fort. C’est la base de notre succès.
Il y a cet esprit d’équipe, mais il y a aussi de sacrés joueurs de football, non?
Alors ça, vous pouvez y aller! Vous avez raison: l’esprit d’équipe, c’est une chose, mais pour gagner, il faut des joueurs de ballon. Si vous regardez bien, on est forts dans toutes les lignes.
Au point d’envisager une promotion? Vous y pensiez plus tôt dans la saison?
Bien sûr. Franchement, quand vous voyez l’équipe qu’on a, vous êtes obligé d’y croire. Nous, on a toujours su qu’on y arriverait.
Même après Signal Bernex et Naters, ces deux ignobles défaites?
Mais oui, sincèrement! Notre chance, c’est que tout le monde a perdu des points autour. On était toujours là, jusqu’à ce match à Azzurri (2-2). Depuis là, on avait notre destin en mains. On n’a jamais douté.
A titre personnel, vous avez vécu une fin de saison plutôt frustrante. Avec vos diverses blessures, vous avez suivi ces finales depuis le banc, entrant en fin de match au mieux…
Oui, c’est toujours compliqué. Je ne peux pas cacher que c’est difficile de regarder les coéquipiers. J’ai connu un deuxième tour bizarre, entre blessures et suspensions… Je n’ai jamais pu me mettre dans le rythme. Et juste avant les finales, je prends un ballon sur la cheville, elle gonfle instantanément… et j’ai dû me contenter de fins de matches, comme vous l’avez dit. Oui, c’est frustrant, mais c’est le football et ça n’enlève pas une seule seconde la joie d’être monté.
Nicola, vous pourriez jouer plus haut, mais vous aviez fait le choix de la 1re ligue pour être un peu plus tranquille…
Et là, je vous vois venir de très loin pour votre prochaine question (rires).
Alors vous la pose: allez-vous jouer en Promotion League la saison prochaine?
Cette question-là, on va beaucoup me la poser… et surtout, je vais me la poser!
Vous n’avez pas encore décidé?
Non, je dois être très franc. La Promotion League, ce sont des efforts, beaucoup d’efforts.
Mais quels efforts, au fait? Votre président Jean-Michel Viquerat a dit que vous alliez rester à trois entraînements. Seuls les trajets le week-end changeront, non?
Les trajets, déjà, c’est une chose. Mais ensuite, il faudra bien qu’on augmente le sérieux et l’intensité des entraînements, pour espérer régater. Il y a un vrai saut et je suis convaincu que Bavois ne va pas aller en Promotion League pour ne faire que défendre. Là, en 1re ligue, on est au niveau, il n’y a pas de souci. Mais quand on aura Bâle M21 en face, il faudra avoir préparé ce match et ça, ça passe par beaucoup plus d’implication. Sinon, on ne fait que défendre, on finit par perdre quand même et on passe une saison galère. Cela, personne ne le veut. Donc c’est clair, il faudra faire des efforts.
Et vous n’êtes pas prêt à les faire?
Ce n’est pas ce que j’ai dit. Pour l’instant, je suis un joueur de Bavois et il n’est pas prévu que je parte. Après, je ne vais pas fermer les yeux, ne me poser aucune question et dire: j’y vais. J’ai l’âge que j’ai, il y a le boulot, la famille… Je vais me décider ces tout prochains jours.