Nicolas Jaccard: «Ce titre, je veux aller le chercher»

Le FC Grandson-Tuileries, leader du groupe 2 de 2e ligue, n’a pas bougé cet hiver. Aucun départ et seulement quelques jeunes, venus des A, au rayon des arrivées. L’hiver a été calme et cela ne risque pas de changer d’ici le début du championnat. Alors, on a décidé de se tourner vers une valeur sûre, l’emblématique gardien Nicolas Jaccard. Formé au FCGT, qu’il n’a quitté que trois ans pour le FC Champagne (2e ligue inter), le « Jaguar » incarne à merveille l’état d’esprit du club nord-vaudois, amateur à 100% mais ambitieux.
 
Nicolas, aucun mouvement à Grandson cet hiver! Le leader n’a pas jugé bon de se renforcer?
Non, mais ça me semble normal, pour tout vous dire. On est premiers, l’ambiance dans l’équipe est au top. Qui voudrait partir?
Renato Provenzano, par exemple, votre très jeune et très fort numéro 10…
Il est bien ici, je vous assure. Peut-être qu’il ira voir ailleurs dans quelques temps, mais je ne suis pas surpris que tout le monde ait décidé de rester cet hiver. Ce sont plutôt les joueurs des autres équipes qui tapent à la porte, parce qu’ils voient qu’à Grandson, cette saison, ça marche.
Ça marche jusqu’à quel point?
Que voulez-vous dire?
Vous êtes leader à la trêve, d’accord. Vous vous voyez aller au bout?
Je vais tout d’abord répondre en mon nom personnel: je veux aller chercher le titre, c’est clair. Gagner des championnats, ça n’arrive pas toutes les années. Franchement, sur un palmarès régional, si j’ose dire, ça a de l’importance.
Aller chercher le titre, c’est-à-dire remporter les deux groupes? Etre champion vaudois?
Ça risque d’être un peu compliqué avec LUC-Dorigny dans l’autre groupe. Je pense qu’on va leur laisser ça. Non, moi, ce que je veux, c’est gagner le groupe 2. Je n’ai pas peur de le dire, c’est mon objectif personnel.
Vous avez déjà remporté des championnats, non?
Oui, deux fois en 3e ligue, avec Grandson bien sûr. En 2001 et en 2010. Et je suis monté avec la II de 4e en 3e ligue, en 2003, mais nous n’avions pas fini champion de groupe.
Bon, vous nous parlez de cet objectif personnel. Vos coéquipiers ne sont pas d’accord avec vous?
Ah si, mais peut-être qu’ils n’osent pas vraiment le dire. Moi, je n’hésite pas: ce titre, je veux aller le chercher. Après, l’objectif du club, il n’a pas changé, c’est de penser à l’avenir.
Ça ne veut rien dire, ça…
Mais si, c’est important pour un club comme le nôtre. On veut faire jouer ceux qui sont là, préparer les saisons suivantes. On anticipe toujours. L’équipe n’est pas vieillissante, c’est vrai, mais on doit toujours penser à demain. Ce qui n’empêche pas d’être ambitieux aujourd’hui.
Monter en 2e ligue inter, cela serait trop tôt pour le club?
Pas forcément… Une montée, c’est toujours bon à prendre. Après, je ne suis pas fou. Avec l’effectif que l’on a, on ne tiendrait pas longtemps. Il faudrait se renforcer. Vous savez, je suis très lucide sur notre premier tour.
C’est-à-dire?
Je pense sincèrement que si on était dans l’autre groupe, on ne serait pas dans les trois premiers. Je me rappelle que l’année passée, dans le groupe du LUC, d’Echichens et de Genolier-Begnins, on a pris zéro point contre ces équipes-là. 0 point en six matches, hein!
Donc?
Donc le groupe 1 est meilleur que le 2. Franchement, il ne faut pas se le cacher. Enfin, pour être précis, les équipes de tête sont meilleures.
Quand même, si on vous avait dit en juin que vous seriez à cette place…
Bon, si vous m’aviez dit qu’on serait premiers avec trois points d’avance et qu’on n’aurait perdu qu’un match, je ne l’aurais pas cru. Je ne serais pas allé aussi loin, sans doute. Mais après, je ne suis pas surpris de nos performances. On a de la qualité. Quand on est tous là, on est une bonne équipe et cela, on le savait déjà l’année dernière. Vous savez, on a battu tout le monde au moins une fois en 2e ligue.
Ah oui?
Le LUC, Genolier-Begnins, on les a déjà battus. Même Payerne, on les a tapés! Pas l’année où ils montent, mais quand même. On savait qu’on pouvait battre tout le monde quand on est tous là.
Qu’est-ce qui a changé, alors? On voyait toujours Grandson terminer entre la 7e et la 11e place et là, tout d’un coup, vous voilà leaders!
En fait, on n’enchaînait jamais. On n’avait jamais de séries positives, ou alors de deux ou trois matches seulement. L’été dernier, il y a eu une vraie prise de conscience.
Venue de Carlos Rangel?
Oui, il a parlé, mais ce sont les joueurs qui détiennent la clé. On a parlé entre nous, on s’est dit qu’on devait tous être là, beaucoup plus impliqués. Cette prise de conscience collective, on l’a exprimée par des mots et on l’a mise en pratique. C’est venu de nous, les joueurs.
Concrètement?
Plus de présence aux entraînements. Plus de rythme, plus de rigueur. Et je tiens à souligner aussi l’apport de Goran Grubesic, qui est désormais « team-manager ». Vous savez, Carlos Rangel, cela fait dix ans qu’il entraîne l’équipe. Peut-être qu’il en a marre de mettre en place les entraînements, qu’il a moins le feu quand il faut venir en hiver sous la pluie préparer des schémas et poser des plots sur le terrain. Goran, lui, il est frais. Et les deux ensemble, ça fonctionne à merveille.
On sent en effet que votre état d’esprit a changé.
Exactement. Maintenant, on rentre sur le terrain pour la gagne lors de chaque match.
Ce n’était pas le cas avant?
Pas toujours. Des fois, on se disait: « Eux, ils sont bons. On reste à cinq derrière, on sort pas ». Aujourd’hui, c’est fini. On est conquérants. Ça, je le sens.
Vous allez jouer huit matches à l’extérieur au deuxième tour. Un désavantage?
Bof… Non, je ne pense pas que cela va changer grand-chose. Le seul match qu’on a perdu, c’était à l’extérieur, c’est vrai. C’était à 10h du matin à Benfica… On va voir le prochain match à 10h à Prilly. Mais non, je le répète, je ne pense qu’on soit moins forts à l’extérieur qu’à la maison.
Vous êtes l’un des meilleurs gardiens de 2e ligue depuis des années et vous avez joué trois ans en 2e ligue inter à Champagne. N’avez-vous pas de regrets concernant votre carrière? Avec votre carrure et vos qualités, on vous imaginait volontiers en 1re ligue…
Je n’ai aucun regret. Aucun.
Vraiment?
Pas un seul, je vous assure. J’ai eu le bonheur de jouer pour mon équipe de coeur, avec tous mes copains. Je ne demandais rien d’autre. J’ai été le gardien du FC Grandson-Tuileries durant toutes ces années et c’est tout ce dont je rêvais. Je n’ai pas perdu mon temps à Grandson. Pas du tout.
On connaît des gardiens de 1re ligue qui n’ont pas vos qualités…
C’est gentil, même si je ne suis pas d’accord. Mais vous savez, eux, ils se sont investis depuis leur plus jeune âge. Ils ont le rythme, ils ont fait quatre entraînements par semaine toute leur vie. Moi, ça a toujours été deux. Et ça me va bien ainsi (rires).
En fait, vous n’êtes parti de Grandson qu’une fois…
Pour Champagne, en 2e ligue inter, en 2004. Une bonne expérience. Au début, j’étais titulaire avec « Tonton » Tharin et ensuite, quand Yverdon Sport a remplacé cette équipe par ses M21, j’alternais avec Lorenzo Picariello, un jeune qui venait de Servette. Mais sinon, vous avez raison, je suis au FCGT depuis 1988!
Et vous êtes né en…
1981! Et oui, je vais avoir 35 ans.
Et vous vous sentez encore bien dans le vestiaire? On sait que vous êtes assez chambreur…
J’adore les petits jeunes! En effet, je ne me prive pas pour les allumer un peu, toujours avec gentillesse. Franchement, je ne vois pas de problème de générations, en tout cas pas à Grandson. Des fois, je les remets un peu en place, mais rien de bien grave.
Bon, si vous montez en 2e ligue inter, vous restez alors?
Ouf… Là, je ne sais pas. Question compliquée.
Pardon?
Franchement, m’investir comme je le fais cette année, avec les trois entraînements toujours à fond, je ne sais pas si je le referai une année. Je préfère être sincère.
Vous avez un boulot assez physique, c’est vrai…
Je suis charpentier. Et c’est vrai que je vous avoue qu’à 35 ans, après avoir passé neuf heures sur les toits ou à l’atelier, ça devient assez compliqué de courir avec les jeunes à l’entraînement. Mais bon, on ne va pas voir aussi loin, on a un super deuxième tour qui nous attend. Je ne pense qu’à ça!

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