Nicolas Marazzi, au service d’Azzurri 90

Un pied droit de feu, redouté par tous les défenseurs et gardiens de Super League, une mentalité exemplaire et un esprit de club très présent: Nicolas Marazzi, 32 ans, a décidé de mettre ses qualités au service des Azzurri 90 (1re ligue Classic) cet été. Laissé libre par le Lausanne-Sport, ce milieu de terrain très élégant pose un regard lucide sur ses prestations et celle de sa nouvelle équipe, qui se trouve à huit points d’une place de finaliste, l’objectif de la saison.

Classe sur le terrain et en-dehors, il nous a accordé une longue interview, dans laquelle il fait passer ses messages, mais n’oublie pas de dire tout le bien qu’il pense de son nouveau club. L’enseignement à tirer de ce premier tour moyen? Soigner les détails, pour être meilleur au printemps. Azzurri aura deux buts en 2014: participer au premier tour de la Coupe Suisse (il faudra battre Bavois au 2e tour qualificatif) et aller chercher les finales. Avec un grand Nicolas Marazzi?

Nicolas Marazzi, on va commencer par la question traditionnelle à ce moment de l’année: quel regard portez-vous sur le premier tour du FC Azzurri 90?

Le bilan est mitigé, bien sûr.

En termes de points, déjà…

Oui, c’est clair, on ne va pas se cacher. D’ailleurs, on ne l’a jamais fait. Dans la presse, sur votre site, partout, on a pu lire qu’on visait les finales. Donc, si à Noël on n’est pas dans l’objectif, bien sûr que le bilan est mitigé.

Mitigé, mais pas catastrophique. Vous n’êtes pas si loin des trois premières places… Huit points de retard, c’est un écart qu’il est envisageable de combler, non?

Elles sont encore atteignables, bien sûr. C’est possible d’y arriver, car toutes les équipes sont proches. Les équipes qui arrivent à faire des séries de victoire se rapprochent vite du haut. C’est dommage, on restait sur une bonne dynamique, avec les victoires à Yverdon et à Echallens, et on perd à la maison contre Bulle. Ca nous a cassé dans cet élan, juste avant Noël.

Comment expliquer ce premier tour moyen? A chaque fois qu’Azzurri semble aller mieux, une défaite étonnante arrive…

On a perdu trop de points à domicile, c’est de la folie. Tous les matches sont très serrés, et on se rate sur des détails, qui font basculer les parties en notre défaveur. Vraiment, je crois que c’est ça: le soin du détail, la petite chose qui fait qu’un match que vous pensez avoir en main bascule de l’autre côté.

C’est quoi un détail, en 1re ligue?

C’est le marquage sur un coup de pied arrêté, c’est une avant-dernière passe décisive, c’est un tout petit manque de concentration, c’est un milieu de terrain qui ne suit pas assez son joueur… C’est dans chaque partie du terrain.

Avec le recul, pensez-vous qu’il s’agit d’une erreur d’avoir parlé de disputer les finales dans les objectifs de la saison? L’autre néo-promu, le FC Bavois, ne parle que de maintien, éventuellement de la première moitié du classement, et il est un point devant vous…

Disons que j’aurais été plus modéré. Mais en même temps, c’est normal. Le président a vécu trois promotions de suite, il s’investit énormément, il y croit et il a raison d’y croire. Mais peut-être que de parler comme ça a mis un peu de pression sur tous les joueurs. Ca, c’est pour répondre à votre question, ce n’est pas pour trouver une excuse à ce premier tour mitigé.

Vous parliez de soigner les détails… Mais est-ce que finalement, ce n’est pas trop demander à une équipe qui découvre la 1re ligue? Vous même, vous découvrez cette ligue. Il faut bien s’y adapter, non?

Oui, je la découvre, même si j’ai joué un peu à l’époque en 1re ligue, avec Sion M21. Mais oui, clairement, la 1re ligue, c’est difficile, attention!

Même en venant de Super League?

Ca va un peu moins vite, c’est bien clair. Mais le niveau général est bon. Je n’ai pas été surpris, mais je le constate. Il y a des joueurs ici qui, en changeant un tout petit quelque chose, seraient en Super League.

Qui, par exemple?

Je ne vais pas parler des adversaires, mais, chez nous, Luca Scalisi pourrait encore y être, et facilement. Je ne connais pas tout son parcours dans le détail, mais peut-être qu’il a manqué un peu de chance à un moment donné. Et « Pitchou », Lyazid Brahimi, pourrait y arriver. Il n’a que deux-trois petits trucs à modifier, à mon avis. Et chez les jeunes, il y a du potentiel, c’est clair.

N’est-ce donc pas un peu rageant, finalement, de terminer ce premier tour à la 8e place?

Oui, un peu, c’est sûr. On a un gros potentiel, mais pour diverses raisons, on n’arrive pas à l’exploiter. On pourrait avoir 6 ou 8 points de plus et être tout près des places de finaliste. Dans le jeu, on avait bien commencé. Mais bizarrement, les deux matches gagnés à l’extérieur à la fin, à Yverdon et à Echallens, ont été les deux matches les moins convaincants sur le plan du jeu. Mais on été solidaires, et cette combativité a permis de gommer les erreurs dont je vous parlais, les fameux petits détails. On a le potentiel, c’est sûr. Mais on n’arrive pas à le démontrer en match.

Pourquoi?

Je ne sais pas. C’est étonnant. Nous avons des joueurs d’expérience, du talent… Je pense que le manque de stabilité a pu jouer un rôle.

A quel niveau?

On a quand même pas mal changé de « onze de base ». Il y en a qui ont commencé la saison, qui sont partis, d’autres qui sont arrivés…

Comme dans 80% des équipes de 1re ligue… Il n’y a pas de contrat, ou pas partout, et en tout cas pas les mêmes qu’en Super League ou en Challenge League…

Oui, c’est vrai. Je dois m’y habituer, je suis d’accord avec vous. Mais chaque joueur a une perception différente. La mienne, c’est que lorsqu’on s’engage dans un challenge, on va au bout.

Ce qui veut dire que vous allez rester à Azzurri au deuxième tour?

Oui.

D’un point de vue personnel, plus que collectif, comment jugez-vous vos premiers mois à Azzurri?

Ma prestation a été un peu à l’image de l’équipe, j’ai envie de dire. Je savais très bien que je n’allais pas me royaumer. Je n’allais pas vite en Super League, je ne vais pas être plus rapide en 1re ligue (sourire). Je sais que mon premier tour a été moyen, et je sais aussi que je peux faire beaucoup mieux. Après, j’ai quand même fait quelques différences, notamment sur balles arrêtées. J’ai offert quelques assists, mais je pense qu’on aurait pu inscrire entre 5 et 10 buts de plus, toujours sur coup de pied arrêté.

Comme contre Bavois: vous délivrez en tout cas cinq offrandes…

Oui, et on perd 3-2… C’est un exemple parmi d’autres. Je suis convaincu qu’on peut progresser là-dessus.

Votre pied droit magique, vous le travaillez à l’entraînement encore maintenant?

Oui, on fait toujours quelques coup-francs à la fin de l’entraînement. Mais en fait, je ne l’ai jamais vraiment travaillé plus que ça. A force de tirer des corners, des coup-francs, lors des matches amicaux pour commencer, puis en match officiel, c’est venu progressivement.

Le deuxième tour se prépare déjà aujourd’hui. Estimez-vous qu’Azzurri a besoin d’arrivées de joueurs confirmés pour être compétitif?

J’imagine qu’il y en aura, de toute façon. De nouveau, je considère que la stabilité est un élément important. Mais si de bons joueurs peuvent nous rejoindre, personne ne s’en plaindra.

Allez-vous vous impliquer dans d’éventuelles décisions? Pour convaincre certains joueurs du LS, par exemple?

Non, ce n’est pas mon rôle. Si on me demande un avis sur tel ou tel joueur, je peux imaginer le donner, mais pas plus. Je veux me concentrer sur le terrain, c’est clair à 100%.

Comment avez-vous vécu cette transition de joueur professionnel à joueur amateur? On imagine que c’est un changement assez important dans une vie…

Lorsque j’ai pris la décision d’arrêter le football professionnel il y a quelques mois, les choses étaient claires. Ma vie professionnelle et ma vie privée passent dorénavant avant le foot, même si celui-ci reste important.

Il y a eu l’épisode d’un grand journal alémanique, qui a publié quelques articles suggérant que des footballeurs, dont vous, préfériez pointer au chômage plutôt que d’aller en Challenge League…

Pffff…. Oui, ça m’a fait mal, surtout pour ma famille. J’ai même reçu un message facebook, d’une dame que je ne connais pas, et qui était très agressive…Déjà que la transition n’est pas le moment le plus facile à vivre, je me serais bien passé de cela. Il y avait des commentaires très durs sur le site du journal dont vous parlez. De nouveau, ça m’a surtout chagriné pour ma famille. Après, voilà, c’est passé.

Quelle est votre situation aujourd’hui?

Je suis au chômage et en recherche d’un emploi. Je fais des stages officiels, mais je n’ai pas trouvé de place fixe.

Quel regard portez-vous sur la saison du Lausanne-Sport?

C’est bizarre, ce qui se passe là-bas. Quand on voit le nombre de joueurs qui sont passés par La Pontaise cette saison… J’imagine que les dirigeants n’ont pas fait tout juste. Je suis d’un oeil ce qui se passe là-bas, j’ai encore deux ou trois contacts avec les joueurs, mais sans plus. Ca va être dur de se sauver, là, quand même…

Et concernant votre éviction? On ne peut pas dire que le LS fasse une meilleure saison sans vous qu’avec vous…

Apparemment, des joueurs comme Anthony Favre, Jocelyn Roux et moi n’entrions plus dans le système. Maintenant, est-ce que Fickentscher est meilleur que Favre? Kadusi meilleur que Roux? Mevlija meilleur que moi? On peut se poser la question, mais ne comptez pas sur moi pour vous donner la réponse (sourire). Apparemment, j’étais trop cher. Est-ce qu’ils coûtent moins cher que nous? Là aussi, je pose la question.

Votre président, Antonio D’Attoli, est très ambitieux. Il nous a déclaré, dans cet interview, vouloir aller jusqu’en Challenge League. Vous qui venez de plus haut, pensez-vous qu’un tel objectif est réalisable?

C’est difficile de répondre à ça… Pour l’instant, tout va bien, les promotions sont arrivées et c’est déjà remarquable. Il y a le problème des infrastructures, mais Azzurri a le temps d’y penser. Ce qui est sûr, c’est que la passion est là. Le président est derrière nous, il est à fond. Et ça, c’est un signal fort. Après, en tant que joueur, je ne vais pas m’avancer à parler de Challenge League, alors qu’on n’est même pas en position de disputer les finales de 1re ligue.

Pourquoi avoir choisi les Azzurri cet été? On imagine que vous aviez d’autres propositions, on se trompe?

J’étais en contact avec Le Mont. Mais aller jouer en 1re ligue Promotion ne cadrait pas vraiment avec ma « nouvelle vie ». Ma priorité est de trouver un travail. Si j’arrive en devant prendre congé d’entrée pour aller un mercredi à Brühl… Bref, j’ai privilégié la 1re ligue Classic. Et j’ai été tout de suite séduit par le discours du président, très ambitieux. Il y avait aussi la perspective de travailler avec Patrick Isabella, avec lequel j’avais joué et que j’apprécie beaucoup. Et il y a des joueurs avec lesquels j’ai grandi à Renens. Piero Arena, Luca Scalisi et moi venons du même quartier, on se connaissait bien. Et l’entraîneur de la II, Pietro Rinaldi, est un très bon ami. Pour toutes ces raisons, j’ai choisi Azzurri.

Avec le recul, êtes-vous content de votre choix?

Oui, très. J’aurais aimé plus de stabilité, je vous l’ai dit. Cela nous aurait permis de faire plus de points. Mais cela ne m’empêche pas d’être heureux ici. Vous savez, j’ai joué huit ans à Sion, quatre à Yverdon et cinq ans à Lausanne, je suis quelqu’un de fidèle.

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