À 25 ans, Laura Droz a déjà vu du pays. Quatre pour être exact, elle qui a sillonné l’Europe pour tutoyer les sommets. De retour à YS Féminin, le club de ses débuts, depuis cet été, la portière fribourgeoise aspire à relancer une carrière pleine de promesses.
La vie d’une gardienne est rarement un long fleuve tranquille. Particulièrement lorsque, comme Laura Droz, on déborde d’envie de découvrir de nouveaux horizons. De son baptême du feu chez les adultes en 2016 à aujourd’hui, la gardienne a un vécu qui parle de lui-même. Passée par Bâle, l’AS Nancy, Genève Servette, Turbine Potsdam et dernièrement le Standard de Liège, la Fribourgeoise a, chemin faisant, en plus d’avoir engrangé une sacrée expérience, garni son armoire à trophées.
Championne de Suisse avec les Grenat en 2023, équipe en compagnie de laquelle elle a en plus eu l’honneur de disputer une rencontre de Ligue des Champions, celle qui a commencé à taper le ballon en tant que latérale a également remporté le titre de championne d’Allemagne de D2 avec Potsdam en 2024. Un vrai palmarès donc, et quelques belles lignes à inscrire sur son curriculum vitae.
Seulement, derrière la vitrine reluisante de ces jolis titres, la réalité de l’ancienne « Rouche » (ndlr: surnom prêté aux joueuses du Standard de Liége) a été toute autre durant les dernières saisons.
Entre concurrences parfois malsaines, promesses non tenues de la part de certains dirigeants et blessures malvenues à répétition, la Payernoise d’origine a davantage vécu une longue traversée du désert qu’un véritable conte de fées. « En fin de saison passée, j’étais vraiment au plus bas mentalement. Pour être honnête, j’ai même songé sérieusement à complètement arrêter le football, confie-t-elle. Les dernières années ont été très difficiles pour moi sur le plan mental. À tel point que j’avais perdu tout plaisir de jouer et d’être sur le terrain. »

Retour aux sources
Partout où elle a posé ses valises, Laura Droz a été confrontée aux difficultés de la vie d’une footballeuse ayant pour objectif d’en faire son métier et de s’imposer au haut niveau. Préoccupations liées à l’aspect financier, incompréhension d’être reléguée sur le banc de touche, difficultés à s’adapter à une toute autre vision du football et aux durs mois de convalescence post-blessures, loin des standards médicaux helvétiques, la néo-yverdonnoise en a vu des vertes et des pas mûres.
« Depuis toute petite j’avais été habituée à la manière de travailler suisse qui est très rigoureuse et structurée. Dans les autres pays, c’est complètement autre chose, même si en termes d’infrastructures, les nations européennes ont tendance à être un peu en avance sur la Suisse. En Allemagne, par exemple, on me demandait de jouer systématiquement long, tandis qu’en Belgique, j’avais l’impression d’évoluer avec des poulets sans tête. Ça peut parfois être déroutant », relate-t-elle.
Ce vécu, bien que sinueux, a forgé son caractère et surtout, l’a confortée dans l’idée que revenir en Suisse, pays qui l’a vu naître et éclore en LNA à tout juste 16 ans, était pour elle la meilleure option à l’heure actuelle. « J’ai vraiment ressenti ce besoin de me rapprocher de ma famille, de mes amis, de revenir un peu plus proche de ce que j’ai pu expérimenter avant de jouer à l’étranger. J’ai envie de connaître à nouveau les sensations qui m’ont fait aimer le foot et me rappeler ce pourquoi j’ai commencé. »
Quatre candidates, une seule élue
À quelques heures de la reprise du championnat de LNB, celle qui portera le numéro 30 dans les cages du club de la Cité thermale a eu l’occasion de disputer ses premières minutes sous ces couleurs qu’elle a déjà portées, à l’occasion du match de préparation face à Guin, remporté 9-0 par les siennes mercredi dernier.
Après de longs mois sans jouer suite à une blessure à un genou, sa priorité était avant tout de reprendre des sensations, pour regagner petit à petit en confiance. « C’était important pour moi de pouvoir refouler la pelouse en match, d’être aux côtés des filles, même si j’en connais déjà quelques-unes », sourit-elle, elle qui retrouvera entre autres au Stade Municipal Ilona Guede, capitaine d’YSF, qu’elle a côtoyé notamment à Genève et en équipe nationale juniors, mais aussi une certaine Maëva Clémaron, autre recrue estivale de taille dans le Nord vaudois.

Venue renforcer un poste qui, même si déjà bien fourni (ndlr: Sarah Chatton, Gilliane Roch et Logane Vandesaevel sont également contingentées avec YSF), n’a pas offert toutes les garanties souhaitées par l’entraîneur yverdonnois Arnaud Vialatte durant la saison écoulée, Laura Droz s’attend à avoir du pain sur la planche pour retrouver sa place en tant que numéro 1, elle qui avait été lancée dans le grand bain par Frédéric Mauron en Super League face à Zurich il y a neuf ans de cela. Un autre temps.
« Nous sommes quatre, et je crois que nous sommes toutes très conscientes qu’au final une seule va jouer. Il n’y a de garantie aujourd’hui pour aucune d’entre nous. Mais cela va être bénéfique pour l’équipe, car ça va nous forcer à nous dépasser pour faire nos preuves », estime-t-elle.
Assurément de quoi rapprocher un peu plus Yverdon Sport Féminin de ses objectifs ambitieux mais légitimes, de retrouver l’élite du football suisse au printemps prochain. Et pour Laura Droz, de montrer, enfin, de quoi elle est vraiment capable.
Texte et photos: Lucas Panchaud
Photo de couverture: Christian Antonio (Libsvisuals)