«Quand on est au top, on est inarrêtables»

Wil n’a pas résisté au FC Le Mont. Le leader de Challenge League a explosé au Châtaignier en 1/32e de finales de la Coupe suisse, grâce notamment à un triplé d’Ange Nsilu, le buteur attitré de la formation de Claude Gross. Avec Michele Morganella sur sa gauche et Ridge Mobulu sur sa droite, le natif de Kinshasa (Congo) s’est régalé, offrant une qualification amplement méritée à son équipe. Entretien avec un buteur élégant, qui se sent bien en Suisse et qui, a 27 ans, a de grandes ambitions avec Le Mont.

Ange Nsilu, vous voilà déjà bien en forme! 

Oui, je ne peux pas dire le contraire après ce match (sourire). J’avais un peu moins de réussite sur les deux premières parties de championnat, je n’avais pas encore marqué. Là, c’est bon, et ça donne confiance pour la suite.

Un hat-trick de la tête, vous l’aviez déjà fait?

Non, c’est une première! On a vraiment bien entamé ce match. Les consignes de Claude Gross étaient claires: aller les chercher haut, ne surtout pas subir. C’était la bonne chose à faire. On a marqué d’entrée, ça nous a mis en confiance et on a pris le dessus.

De quoi vous donner confiance également pour le championnat, non?

Oui, c’est clair. Comme je vous l’ai dit, pour moi c’était important de marquer. Et pour l’équipe, c’est sûr que de voir qu’on peut réaliser ce genre de prestations, ça aide. Mais pour être honnête, on le savait déjà. On peut battre n’importe qui quand on est bien.

C’est vrai que vu de l’extérieur, Le Mont est armé partout. En fait, si on vous dit que cette équipe n’a pas de point fort particulier, vous êtes d’accordOu disons qu’elle n’a que des points forts, plutôt.

C’est exactement ça. On a un grand gardien, et derrière on est très solides. Au milieu, on est jeunes, avec une marge de progression importante. Ahmed Mejri vient de nous rejoindre. Il a de grandes qualités, mais je sais qu’il peut encore faire plus. Et ce jour-là… Après, devant, sur les côtés, ça va très vite. Et puis, il y a Sid-Ahmed Bouziane, bien sûr. Oui, on est complets, et ce qui me rend très optimiste pour la suite, c’est que nous ne sommes pas encore complètement réglés, notamment sur les coups de pied arrêtés. On doit encore les travailler, ce sera une arme de plus à disposition.

On sent une grande confiance dans ce groupe…

Oui, parce que ce club a des ambitions, et nous aussi. Vous savez, moi, faire une saison au milieu du championnat, en ne jouant rien, cela ne m’intéresse pas. Si je viens m’entraîner tous les jours, c’est pour progresser et finir en haut du classement.

Justement, avez-vous hésité à rester au Mont cet été? Vous êtes néo-promus, mais on imagine bien que l’objectif n’est pas le maintien…

Les choses sont claires et je n’ai pas peur de le dire. Avant de resigner pour cette saison, j’ai parlé avec le président, Serge Duperret. Je lui ai dit que si je restais, c’était pour monter en Challenge League. J’ai aussi émis le souhait que l’on garde 90% de l’effectif. C’était une priorité. Et j’ai tout de suite compris qu’on avait les mêmes envies. J’ai vraiment un bon contact avec lui, qui me permet de lui parler franchement. Et on a tout de suite été sur la même longueur d’ondes, donc aucun problème. Je suis au Mont et j’y suis bien.

Vous voyez-vous retourner en France? Si vous aviez une belle offre, par exemple?

J’ai surtout envie de monter avec Le Mont, d’aller le plus haut possible. Franchement, pour l’instant, je ne pense qu’à cela.

Et la vie en Suisse vous plaît?

Oh oui, c’est sympa ici. Ma femme habite avec moi maintenant, on va essayer de lui trouver un travail. On habite Echallens, à dix minutes du Mont, c’est tranquille.

On insiste un peu, et la question peut vous sembler bizarre, mais on la tente quand même… Quel niveau pensez-vous avoir, si l’on parle de football français? 

Je pense que je pourrais jouer pour une bonne Ligue 2. Mais je pense même que je peux jouer plus haut. Avec les entraînements de haut niveau, tu prends le rythme, et tu progresses beaucoup plus vite. Je suis convaincu que j’aurais le niveau pour m’imposer, mais le football, c’est d’abord une question d’opportunités. Si elle vient un jour, que je suis heureux, et que Le Mont est heureux aussi, on y pensera. Mais là, ce n’est pas du tout le sujet de discussion.

Revenons donc à cette saison de 1re ligue Promotion avec Le Mont. Vous êtes-vous fixé un objectif de buts?

Non, je veux toujours en marquer le plus possible, tout simplement. Mais je ne suis pas un attaquant égoïste, je veux surtout que l’équipe gagne. Mais comme c’est mon boulot de marquer, je pense que cela va de pair.

Vous avez été formé au Havre, dont le centre de formation est réputé pour sortir énormément de joueurs de très bon niveau. Y a-t-il une raison particulière? On ne va pas tous les citer, mais des dizaines de professionnels ont été formés au HAC.

Pour moi, c’est le meilleur centre français, tout simplement. On y travaille beaucoup, mais je peux vous garantir qu’il y a un énorme travail au niveau de la scolarité. C’est le top.

Avez-vous eu une chance de passer professionnel au Havre?

En fait, j’étais stagiaire pro au Havre, et j’ai fait une super saison avec la réserve. Le coach de la première voulait m’intégrer au contingent et après, c’est toujours la même histoire: il part et le nouveau ne croit pas en moi, ou pas suffisamment. Du coup, j’aurais dû refaire une saison avec la réserve, en CFA, mais je me sentais prêt à effectuer le passage en actifs. Rester en CFA équivalait à régresser, donc je suis parti.

Et un agent vous place en Suisse, au Mont, alors en 2e ligue inter, vous aviez 22 ans…

Exactement. Je voulais absolument jouer pour une première équipe, j’en avais marre de jouer dans une réserve, comme je vous l’ai expliqué. Je me suis dit qu’il s’agissait d’une belle opportunité. Je suis arrivé, et on est montés tout de suite en 1re ligue. En me plaçant ici, mon agent m’avait dit qu’il s’agirait d’un tremplin pour aller plus haut et c’est exactement ce qu’il s’est passé.

Là, en effet, vous marquez 25 buts en 31 matches, et vous partez aux Etats-Unis, à Washington DC United.

Oui, j’ai signé un contrat de deux ans. J’ai de grands souvenirs là-bas, comme ce match face au Real Madrid devant 80’000 spectateurs. Il y avait Cristiano Ronaldo, Kaka… Mais après une année, j’ai parlé avec Loïc Favre, par lequel j’avais eu l’opportunité d’aller là-bas, et j’ai décidé de rentrer en Europe.

Pourquoi? 

Pour des raisons privées, surtout. Ma mère était malade, et j’avais le mal du pays. Et bon, le football, c’est en Europe qu’il se joue (sourires). J’étais rentré en France, et Serge Duperret l’a appris. Le Mont avait fait un premier tour assez médiocre et il avait besoin de moi. Il m’a appelé, et je suis revenu. Il fallait que je me remette en forme. Je suis arrivé à la trêve hivernale, avec N’diasse N’diaye. On a fait un gros deuxième tour, mais on n’est pas montés. Et l’année d’après, il y a eu ce match à Malley, ce cauchemar…

N’avez-vous pas été découragés à ce moment-là? Vous êtes un attaquant professionnel, et vous deviez rejouer une saison dans ce qui devenait la quatrième division du football suisse…

Oui, à ce moment-là, j’ai pensé à partir, c’est vrai. Mais on a pas mal parlé avec le président. Disons qu’il a su trouver les mots pour que je reste (sourire). Et finalement, je ne regrette pas ce choix. Pas du tout, même.

Et mercredi soir, au Châtaigner, vous accueillez Köniz, une équipe qui vous ressemble un peu, un promu ambitieux…

Oui, on nous en a beaucoup parlé il y a quelques semaines, parce qu’on était susceptibles de les rencontrer en finales de promotion. Mais ce n’est pas très important. Franchement, on ne se focalise pas sur l’adversaire. En fait, je pense que notre principal ennemi, c’est nous-mêmes. Parce que quand on est au top, on est inarrêtables.

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