Depuis sa promotion il y a bientôt deux ans, le Stade Payerne vit des jours heureux en 2e ligue inter. Les raisons? Un projet qui a trouvé ses adeptes et un effectif solidaire, constitué en majeure partie de joueurs du coin s’arrachant pour le maillot rayé rouge et blanc. À la pointe de ce groupe dirigé par Cédric Mora, un homme a su attirer le feu des projecteurs. Avec 13 buts au compteur depuis le début du présent championnat, Baptiste Bersier (20 ans) n’est pas étranger au succès rencontré par son équipe, il en est même un des principaux artisans. Arrivé au Stade Municipal à la suite de cette promotion, le buteur fribourgeois a d’abord su se faire une place au soleil, trouvant par cinq fois le chemin des filets lors de son premier exercice, avant d’exploser avec la réussite qu’on lui connaît actuellement.
Interview d’un joueur humble et pragmatique, et d’un garçon décontracté, intelligent et éminemment sympathique. Un «bon jeune» selon les dires de son coach.
Baptiste, aujourd’hui, à 20 ans, vous faites le bonheur du Stade Payerne. Mais on a entendu que vous n’étiez pas un vrai Vaudois… Vous confirmez?
Vous avez complètement raison! Je viens de Cugy, dans le canton de Fribourg. C’est donc naturellement que j’ai commencé mes juniors là-bas, jusqu’à l’âge de 10 ans, environ. Après ça, j’ai eu l’occasion de faire les sélections avec Fribourg, en M-12, M-13, M-14, etc… Jusqu’à mon départ pour Romont, en 2e ligue inter. J’y ai passé six mois, puis l’équipe a été reléguée en 2e ligue. Je ne voulais vraiment pas descendre d’un échelon, et c’est ainsi que je suis arrivé au Stade Payerne, il y a presque deux ans. Dans le canton de Vaud, donc.
La 2e ligue inter, c’est ce dont vous aviez besoin pour continuer votre progression?
Oui, absolument. C’est la raison pour laquelle j’ai quitté Romont. Je tenais particulièrement à poursuivre ma progression à ce niveau-là. J’étais bien conscient que je n’avais pas encore l’envergure nécessaire pour aller plus haut mais que, en 2e ligue inter, j’avais ma place.
Le choix du Stade Payerne dans tout ça, il s’est fait naturellement?
On peut dire ça. À la base, il faut dire que le projet me plaisait. Mais, ce qui a fait la différence, c’est au niveau des déplacements. Je cherchais une équipe proche de chez moi et je connaissais bien la ville pour y avoir fait mon école plus jeune.
Aucun regret, alors!
Non, aucun. On est vraiment une super bande de potes. La politique du club est de jouer avec des jeunes du coin, et ça se ressent. L’ambiance entre nous est géniale. Et, comme vous pouvez le voir, sportivement, ça va plutôt pas mal non plus, avec notre 4e place actuelle.
Dans un championnat très homogène, en plus…
Totalement! À part peut-être Béroche qui est décroché… On voit que la plupart des matches sont très accrochés, souvent départagés par un seul but d’écart. On le répète trop souvent, mais la différence se fait réellement sur de petits détails. Un but d’un côté ou d’un autre, un coup du sort…
On doit on conclure que cette 4e place, c’est aussi de la chance?
Non, je ne dirais pas ça, même si on a peut-être parfois pu en profiter. Le fait est qu’on possède énormément de caractère. On ne lâche jamais rien et c’est un gros plus dans ce genre de matches indécis. On sait rester concentré du début à la fin. Je pense qu’on doit aussi nos bons résultats à ces qualités.
Par rapport à vos ambitions: où est-ce que vous souhaiterez aller? Et combien de temps vous donnez-vous pour réussir?
C’est un peu direct comme question, non? (rires) Encore une fois, ça va faire vraiment cliché, mais je ne regarde pas si loin, je prends match après match. On se fixe toujours des objectifs à court terme. Pour l’instant, c’est la fin de saison avec Payerne. Je suis concentré à 100% là-dessus, on va essayer de figurer le mieux possible au classement et la suite, on verra bien. Rien n’est décidé encore pour le moment.
On imagine quand même que vous avez été approché, on se trompe?
Des rumeurs circulent en permanence, mais je ne souhaite pas parler de ça pour le moment. À l’heure actuelle, ma place est au Stade Payerne.
La perspective de faire du football un métier, elle existe?
Vous savez, ce serait le rêve de beaucoup de footballeurs. La réalité, c’est que ce sport est beaucoup trop arbitraire pour prévoir de faire carrière dedans. Je prends souvent l’exemple de Stéphane Henchoz. Le gars chauffait le banc à Bulle, jusqu’au jour où un entraîneur l’a découvert, a décidé de le prendre sous son aile et… vous connaissez la suite.
J’ai toujours accordé une grande importance aux études, car je sais que tout miser sur le football, c’est insensé. Ça doit rester un plaisir avant tout, c’est le plus important, et c’est la raison pour laquelle j’y joue.
Mais imaginons quelques secondes. Vous vous en croiriez capable?
C’est impossible à dire. Comme je vous l’ai dit, il faut avoir de la chance, être au bon endroit au bon moment…
Vous nous parliez d’études, dans quel domaine?
Je suis à l’université, en lettres et en sport, à Berne. Ça me plaît vraiment.
Pour en revenir à cette fin de saison, il vous reste une dizaine de matches. Votre entraîneur nous confiait que vous ne puisiez pas votre motivation dans la perspective de la première place. C’est vrai?
Tout à fait! On est bien conscient de la réalité et de nos 12 points de retard sur La Sarraz-Eclépens. On ne risque pas de les rattraper comme ça. Mais on cherche à progresser, encore et toujours. On a pu définitivement arrêter de regarder derrière nous après la victoire face à Thierrens. Maintenant, on voit que Bulle n’est pas loin devant, à quatre points. Notre objectif, il est là, et on sait qu’on en a les moyens. Et puis, de toute façon, on a déjà réalisé une très belle saison.
Et on n’oublie pas que vous venez de 2e ligue…
Justement. Lorsque je suis arrivé, le mot d’ordre était le maintien: on avait terminé 8e. Alors cette saison, on voulait faire mieux que cette huitième place: nous voilà 4e! Quand je vous dis qu’on fait une bonne saison, c’est vraiment le cas.
La suite logique, c’est la promotion. Une motivation supplémentaire de rester?
Effectivement, c’est une belle motivation. Je n’irais pas jusqu’à parler de promotion, mais on pourrait éventuellement venir tutoyer les premières places, c’est vrai, et ce serait dans la continuité des choses.
Au niveau personnel, 13 buts et la place de troisième meilleur buteur romand de 2e ligue inter, ça vous fait quelque chose?
C’est un joli nombre, il faut l’avouer. J’en avais inscrit cinq la saison dernière, je tenais à faire encore un peu mieux cette année. Ça aussi on le répète trop souvent, mais tous ces buts ne sont que le résultat d’une équipe qui tourne bien, de tout un groupe qui travaille pour que je puisse marquer. Tout seul, je ne ferais rien, mais alors vraiment rien.
Il s’agit de quelque chose auquel vous accordez de l’importance?
Évidemment, en tant qu’attaquant, ça fait toujours plaisir de mettre des goals. Après, je vous le dis très honnêtement, que ce soit moi ou un autre qui mette le ballon au fond, ça n’a strictement aucune importance. Tant que l’équipe gagne et que tout s’y passe bien, ça me va.
D’ailleurs, vous l’avez toujours eu dans le sang, ce sens du but?
Alors, justement, je dois une fière chandelle à Cédric Mora sur ce coup-là (rires). J’ai commencé mes juniors en attaque, je cherchais déjà à marquer à cette époque. Puis, à Fribourg, en sélections, on m’a dit que je n’avais aucun avenir devant, que j’étais destiné à être un latéral ou un milieu de couloir. Alors j’ai joué latéral et milieu de couloir… Et ce jusqu’à mon passage à Romont. C’est qu’une fois que je suis arrivé au Stade Payerne que les cartes ont été redistribuées et que Cédric m’a remis à ma place d’origine, en pointe!
Le foot, vous en êtes malade à quel point?
Mon entourage se plaint souvent que je ne suive pas suffisamment, selon eux, ce qu’il se passe à haut niveau. En fait, je m’intéresse à d’autres sports, dont le hockey sur glace, en particulier, avec Fribourg-Gottéron. Par rapport au football, je m’intéresse surtout au niveau régional et, en grande partie, à ce qu’il se fait autour de chez moi. Au fil du temps, on se fait des contacts, des amis ici et là, puis on commence à suivre leurs résultats, à aller voir ce qu’ils font de plus près… C’est ce qui me plaît, et ça a été mon cas avec certains joueurs de Bulle ou de Portalban, notamment, avec qui je m’entends très bien.
Dommage, on s’entendait bien jusque-là, mais on préfère toujours les Vaudois…
Oui, navré (rires)! Mon cœur appartient à Fribourg-Gottéron et à personne d’autre.
Sinon, une équipe qui vous plaît particulièrement à ce niveau, justement?
Pas nécessairement, non. Mais, en 1re ligue, par exemple, je suis beaucoup les clubs fribourgeois, Guin et Fribourg, donc, en plus de Bulle et de Portalban en 2e inter.
Pour conclure, en dehors du football, qu’est-ce qui vous passionne?
En fait, j’adore le sport. Ce n’est pas pour rien que je suis des études dans ce domaine. Sinon… (il réfléchit longuement) j’aime bien la lecture et me balader dans la nature. Oui, voilà, la nature, c’est quelque chose qui me plaît bien.
Une interview réalisée par Florian Vaney